Seisach' Metal Night (The Great Old Ones) le 21/10/2023, Salle Simone Veil, SAUVETERRE DE GUYENNE (33)
The Great Old Ones
Samedi 21 octobre 2023Salle : Salle Simone Veil
SAUVETERRE DE GUYENNE (33)
Sauveterre en Guyenne c’est une bourgade faite de pierre et d’histoire(s), flanquée dans les coteaux vallonnés qui, eux, sont juchés de petits bois d’où s’échappent à la nuit tombée toute sorte d’ongulés et canidés sauvages. En cette fin du mois d’octobre, on trouve aux alentours de nombreux panneaux et banderoles parsemant les vignes et les fossés, revendiquant le maintien de l’EHPAD au coeur du village de 1852 âmes. Même si la cause est plus que noble et nécessaire, ce n’est pas pour cette raison que je me suis coltiné 16h de route aller-retour dans le weekend. L’attraction intéressante se trouvait à la Salle Simone Veil pour la quatrième édition de la Seisach’ Metal Night. Au programme ? Breakdust, Acod, Necrowretch et l’avant première du ciné-concert de The Great Old Ones ; ce a quoi s’ajoutait une conférence ayant pour thème l’univers de Lovecraft éclairée par les lumières de Benjamin Guerry, chanteur de TGOO et Arthur Desprat, ainsi qu’un concert du multi instrumentiste Qlay.
Je vais commencer par la conclusion : Oui, la SMN #4 valait le déplacement.
Parti tôt le matin, ce sont des conditions climatiques tempétueuses qui m’accompagneront tout le long de ce voyage de 8 heures pour finalement arriver en terre cathare sous un déluge de pluie glacée. Ambiance parfaite. Il est presque 16 heures et pourtant, pourtant, on croit entendre, à qui prête l’oreille (ou qui a une imagination exacerbée) sonner le glas de la fin du monde. Un rapide tour du patelin duquel une grande partie des volets mal attachés claquent sèchement et je m’engouffre dans le sous sol de la médiathèque pour la conférence donnée par B. Guerry et A. Desprat sur le thème de l'univers de H.P. Lovecraft et sa résonnance dans la musique, la bande dessinée et les jeux de rôles. . Je passe donc une heure lové dans cet ancien sous sol réhabilité accompagné d’une quarantaine de passionnés et curieux, à écouter deux grands passionnés de H.P. Lovecraft nous abreuver de leur savoir ; les deux spécialistes faisant en sorte de s’adresser aux plus pointilleux des amateurs comme aux plus néophytes en la matière. Entre rire et érudition, question sincèrement profonde et bavardage, l’heure passe extrêmement vite et ce notamment grâce à la proximité des conférenciers qui a rendu ce conciliabule très intime et chaleureux.
De l’intimité et de la chaleur seront aussi au programme du concert acoustique du multi instrumentiste Qlay nous faisant montre de ses talents vocaux, drapant chacune de ses paroles d’une noirceur éthérée. Trois petits quarts-d’heure pour apprécier le calme et la profondeur de notre psyché, sublimée par les longues plaintes d’un violoncelle ou les arpèges d’une guitare acoustique.
Je prends donc la direction de la salle Simone Veil pour le restant de la soirée, siégeant à quelques centaines de mètres de là. Les camtars bariolés et dédicacés rodant aux alentours à la recherche d’un spot pour la nuit annoncent la venue d’un public en adéquation avec des genres définis par, entre autres, de grosses saturations. Les immatriculations, diverses, nous en apprendront sur les origines variées de ces derniers. On vient donc de loin pour la SMN. En sus des foodtrucks et bar à dispositions, on y découvre de nombreux artisans d’Art, vinyls shop, bijoutiers, stand de merch sans oublier une performance plastique se préparant pour une œuvre en direct et une émissions radio en live. C’est une véritable fourmilière qui s’active et s’affaire et le premier des sentiments que l’on puisse avoir lorsque nous franchissons le seuil est que l’on participe ici à évènement bel et bien vivant, faisant preuve d’un réel dynamisme.
Ce sont les Bordelais de Breakdust qui ouvriront le bal avec leur quart de siècle au compteur. Ils proposent un set bien huilé, à l’image de leur death old school trashy qui fleure bon la mécanique, la crasse et l’huile moteur. Voyez le genre ? Le public s’éveillera assez tôt aux chants gracieux des riffs bien gras et technique. La velléité du frontman à motiver la fosse pour un circle pit ne sera malheureusement pas couronnée de succès mais aura tout de même comme effet de dynamiser les troupes.
Le deuxième méfait de la soirée sera signé des Marseillais d’Acod. Personnellement peu fan, je me laisse tout de même aller à leur efficacité scénique, en partie due à leur assurance. Les roublards n’en sont plus à leurs premières scènes et ça se ressent. Le décorum n’est pas seul éléments à capter l’attention. On peut ici parler de présence scénique sans être dans l’exagération. Le frontman, posté entre deux tridents d’acier, déroule sa hargne sans vergogne, suivi par le reste du quintet.
Bonne claque donc, mais ce n’est rien comparé au retour de mandale qui arrive derrière et auquel je ne m’attendais pas spécialement.
Les quatre de Necrowretch, d’entrée de jeu, nous allument un brasier sans nom. L’intimité de la salle jouera sur l’aspect et le rendu suffocant de leur set ; set qui n’aura pas grand-chose à voir avec leur prestation au Hellfest 2022 que j’avais trouvé sans excès de saveur. Comme quoi, ce n’est pas forcément dans les plus grands festivals que l’on voit les meilleurs concerts. Pas de décor, mais il n’y en a absolument pas besoin. La musique, et la lumière rouge permanente, suffisent à nous faire frôler la crise d’angoisse. Le quatuor nous fera l’énorme plaisir de nous faire découvrir plusieurs pistes de Swords of Dajjal, prévu pour février 2024. Vlad, le frontman ne cessera de faire une gestuelle d’égorgement à l’intention du public ce qui serait à mettre en résonance avec le (très bel) artwork dudit album. Dans tous les cas, l’avant goût donné ce soir par le groupe laisse entrevoir une très très belle sortie.
La soirée se finira sur les très attendus The Great Old Ones pour leur ciné-concert en avant première ayant pour thème… Cthulhu, bien évidemment. Un problème technique (oui, l’électronique, parfois, ça crame) fera démarrer le set avec une heure de retard sur l’horaire prévu. Le temps donc de profiter des différents stands présents sur le site et tailler la bavette avec de parfaits inconnus. Le public fera preuve d’un très grand calme durant cette heure et seuls quelques cris appelant à démarrer le set s’échapperont du brouhaha ambiant.
Les cinq musiciens prennent finalement place, au extrémités des côtés cour et jardin afin de laisser la plus grande place possible à la diffusion du film de Branney et Leman, The Call of Cthulhu. Sorti en 2005, le moyen métrage revisite l’expressionnisme allemand des années vingt à l’aide de la technologie du début du XXIeme siècle. L’immersion est totale et le public silencieux, captivé par ses moines musiciens dissimulés sous leur capuches qui font naître de leur instruments de nombreuses émotions. L’ensemble est absolument vertigineux.
Le film en lui même est une œuvre d’Art à part entière. Certes, il faut aimer l’expressionnisme allemand (M le Maudit, Nosferatu, ça vous parle?), mais l’aspect lugubre, frontal, horrifique ne doit pas laisser beaucoup de métalleux insensible.
TGOO, après le « The End » affiché et de nombreux applaudissements, finira son set par « Of dementia » issu de Cosmicism. Changement d’ambiance visuelle donc, mais le titre est toujours aussi plaisant.
La soirée se termine donc une fois les douze coups de minuit bien passés, mais le public repart avec le sourire. Et il y a de quoi. Éclectique sans pour autant se disperser, pointue mais conviviale, la Seisach Metal Night quatrième du nom est une belle réussite qui annonce de prochaine éditions bien attrayante. La SMN s’ajoute à la longue liste des événements et festivals sur lesquels il faut garder un œil.
3 COMMENTAIRES
Seisachtheion le 10/12/2023 à 17:16:14
Mille fois merci Vinc' pour ce très joli report !!!
cglaume le 10/12/2023 à 17:57:05
En effet, super report 🤘
Xuaterc le 10/12/2023 à 19:36:26
Super report', merci.
Je n'étais pas au top de ma forme, mais c'était une super soirée
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