Arkan - Salam
Chronique CD album (59:49)

- Style
melodeath atmosphérique oriental - Label(s)
Season of Mist - Sortie
2011 - Lieu d'enregistrement Fredman studios
J’avais vraiment beaucoup aimé Hilal, l’album précédent d’Arkan. Au sein de la petite famille du metal qui sent bon le sable chaud, le groupe avait réussi à se trouver une place au soleil, quelque part entre Nile et Orphaned Land (plus proche des israéliens que des profanateurs de sépultures américains quand même). Mariant avec justesse, à propos et bonheur la violence aveugle des tempêtes de sable et les couleurs chamarrées de cartes postales sentant la pierre chaude, le jasmin et le miel, Arkan louvoyait à son aise en terres conquises. Une vraie petite pépite. Bref, je me trouvai fort dépourvu quand Salam fut venu. En effet, lors des toutes premières écoutes, je dus aller crier famine, chez la blasteuse ma voisine, tant Arkan semblait avoir mis de l’eau dans son Boulâouane. Non mais c’est quoi cette composante death toute menue, ce chant féminin omniprésent, cette délicatesse de chaque instant? J’avais quitté la bande à Foued sur un équilibre délicat mais maîtrisé entre deux mondes, forgeant son style au sein d'un espace certes restreint mais inoccupé... Et patatras, je les retrouve tout emberlificotés dans la toile d’Orphaned Land, sans doute après s’être pris les babouches dans le tapis. Se pourrait-il que, les paillettes de la tournée commune aidant, le groupe ait été aspiré par le souffle de la rutilante caravane de la Kobi family?
Allez, ne ruminons pas inconsidérément cette première impression mitigée due à un léger changement de cap pas tout à fait en phase avec nos attentes, et laissons le cours d’écoutes répétées nous porter conseil…
En effet, le temps passant et les a priori disparaissant, l’évidente séduction de ce 2nd volet des aventures d’Arkan fit son effet, et les doutes s’estompèrent. C’est que, même si le groupe s’est objectivement Orphaned Landisé, on reconnaitra quand même que 1) ils ne sont pas des milliers dans ce créneau 2) Arkan garde un mordant death metal dont Florent est le garant (même si son rôle et celui de Sarah semblent quasiment avoir été inversés entre les 2 albums) 3) on a connu des groupes moins inspirés dans les traces desquels marcher. Certes la mise en avant très nette du chant féminin et l’omniprésence de pistes exotiques interprétées par des cordes et percussions « folkloriques » participent à un adoucissement certain de la musique du groupe, mais ce melodeath atmosphérique et épicé est tout aussi jouissif que le death oriental couillu précédemment servi. Pour apprécier Salam, il faudra juste ne pas être trop rétif au metal « Beauty and the Beast », voire au « Female Fronted Metal », car c’est en partie à une réécriture proche-orientale de ce registre que s’est attelé le groupe.
N’empêche, la recette marche formidablement bien. En effet Arkan souffle intelligemment le brûlant et le sombre, l’exotique et le mélancolique, le puissant et le fragile. Certaines rythmiques chaloupées invitent à l’indolence, à l’écoute paresseuse de mélodies au déhanché tout oriental. Les guitares parent leurs mélodies d’arabesques et de tortillons décoratifs qui sonnent vrai et invoquent des paysages de terres battues par les vents, le soleil et les sables. Les mélopées de Sarah bercent et transportent, les interludes acoustiques injectent en continu des odeurs piquantes et douces, le tout en un long rêve coloré et homogène.
Mais tentons de garder la tête froide malgré la chaleur ambiante. Bien qu’on puisse accorder à l’album une constance dans le ton et les couleurs, on remarque qu’Arkan tire ses meilleures cartouches sur la première moitié de l’album, notamment lors du superbe enchaînement « Inner Slaves » (fragile, beau et puissant à la fois) / « Deus Vult » (sur lequel Kobi se fend d’un featuring de luxe) / « Blind Devotion » (où Sarah brille sur un refrain enchanteur), puis sur « Beyond Sacred Rules » où c’est alors Florent qui brille – bien que l’excellent final remette Sarah en selle au milieu de chouettes guitares hispanisantes. La seconde moitié connait moins d’instants de pure magie, multiplie les interludes à effet diluant, et propose un « Call From Within » aux captivantes rondeurs rythmiques orientales mais aux trop forts relents soft pop.
Vous l’aurez donc compris: bien qu’aimant sincèrement cet album et l’écoutant régulièrement avec plaisir, je ne peux complètement empêcher ces remontées amères qui regrettent un adoucissement un peu trop marqué, ainsi qu'un rapprochement trop net avec Orphaned Land (que par ailleurs j’adore). Bien embêté je suis moi, tiens, au moment de noter Salam. La petite voix qui se plonge avec délectation dans cet orient mystérieux et métallique accorderait bien un bon 8.5/10, mais son petit démon de frangin veut quant à lui graver un 6.5/10 vengeur à la pointe de son trident sur le bulletin de note. Allez, la moyenne, majorée un chouilla pour que vainque l’objectivité!
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 03/11/2011 à 21:21:47
Riche , original bien qu'un peu répétitif
Le "halal métal" c'est bon !!!
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