Baht - In My Veins

Chronique CD album (41:57)

chronique Baht - In My Veins

A la carte des saveurs métalliques méditerranéennes, on avait pris l'habitude de se régaler de spécialités grecques, on avait parfois grapillé quelques bonnes petites choses épicées au Maroc (Arkan) ainsi qu’en Tunisie (Myrath, Vomit The Hate), mais on avait rarement eu l’occasion d'essayer la g-hard-stronomie turque. A croire que du côté des terres ottomanes, en matière de guitares velues, c’était pas Byzance (...ça, c’est fait). Pourtant les torrents de gros décibels saturés semblent bien inonder aussi les conduits auditifs de la jeunesse stambouliote, si si, la preuve: aujourd'hui l'objet de notre attention est la première sortie longue durée de Baht, groupe issu de ces contrées pas si lointaines (et puis – vérification faite – il existe en fait des quantités colossales de groupes dans le détroit du Bosphore).

 

Le créneau de nos Bahtmen d’outre-Méditerranée, c’est le death mélodique oriental couillu. A cette description, le groupe tient à ajouter le qualificatif "progressif". Soit. Pour ma part, l’écoute de In My Veins fait surtout remonter à la surface l’étiquette « Death atmosphérique ». C’est que le groupe – avec son death rocailleux mais ambiancé, ses mélodies ensoleillées et sa prod’ pleine d’aspérités – me rappelle certains des albums de la grande période d’Holy Records, quand le catalogue du label recelait d'enthousiasmants représentants de cette chapelle, tels les premiers Orphaned Land, Nightfall et Septic Flesh. Pour affiner le tir et continuer dans les comparaisons – parce qu’avouez le, en fait vous en raffolez –, il faudrait rapprocher cet opus d'une version burnée du premier Arkan. Et pour tenir compte des occasionnels mais impressionnants déchaînements de puissance, il faudrait aussi évoquer un Vader (pour certains growls) hésitant entre l’impitoyable majesté de Nile et les frais oasis de Orphaned Land.

Le résultat – vous vous en doutez – sent bon le sable chaud et les mid-tempos indolents des fins d'après-midi à arpenter les dunes. On appréciera tout particulièrement l’ambitieux « The Trauma », « Neden? », le superbe « Lost & Found » ainsi qu’un « Orientation » sympa… Mais perfectible.

 

Et hop, sautons sur l’expression de cette réserve pour amener notre exposé vers ce qui fâche chez nos amis turcs (non, je ne parlerai pas ici du peuple arménien!). Pour commencer, vous l’aurez peut-être deviné au détour d’une allusion voilée: le son est assez brut. Pas mauvais ni franchement brouillon, mais « poussiéreux », un peu étouffé, ce dont pâtit la guitare lead dont les ors auraient parfois mérité de briller avec plus d'éclat. Deuxième point qui pêche: Baht souffre d’un certain manque de personnalité – même s'il faut reconnaître que le fait d'évoluer sur un terrain stylistique aussi typé est, de ce point de vue, un handicap, l'auditeur étant naturellement incité à penser aux grands anciens précédemment évoqués. Dernier point qui finit de blesser le bât: bien qu’ambitieux et déjà assez carré, le groupe trahit sa jeunesse lors d'occasionnelles naïvetés – ainsi que via quelques compos moins affriolantes, notamment sur la 2e moitié de l’album. Des faits? Prenez le début d'« Introspection » qui commence de manière un peu facile sur de l’acoustique bateau, continue de façon assez terne avec un usage des cymbales relativement saoulant, et aboutit vers 0:59 sur un chant « clair » entre un Orphaned Land léthargique et un Shay Offer de triste mémoire. Prenez « Creedish », ses chœurs un peu patauds vers 0:54, et son final à la batterie quelque peu anémique. Prenez le seul faux pas de « Lost & Found », vers la barre des 1:00, quand le groupe se prend les pieds dans le tapis, et réduit de ce fait ponctuellement l’envergure de son propos. Autant de travers et de petits tracas finalement assez logiques – et pas si impactants que ça, soyons honnêtes – pour un groupe abordant son 1er full length avec pour unique arme ses petits bras musclés…

 

Mais contrairement à ce que le paragraphe précédent pourrait laisser croire, on est loin de l’échec et Bath. En effet le groupe a d’emblée placé la barre très haut, et moyennant quelques coups de tournevis et de plumeau bien placés (sur la prod’, pour le plumeau), le groupe a largement les moyens de venir se positionner en bonne place dans le peloton de tête du metal oriental qui en a sous la djellaba. Bref In My Veins est un premier album ambitieux et riche – bien que pour l’instant imparfait – qui devrait séduire les amateurs des groupes précédemment cités. Souhaitons que nos jeunes amis réussissent à transformer cet essai sur leur 2nd opus (et si Baht, au pire, rate son coup, ce sera l’occasion d’un jeu de mot foireux de plus…).

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un premier album de death mélodique oriental assez costaud, évoquant une version plus burnée des premiers Arkan / Orphaned Land, mais n’ayant pas encore totalement fini sa transformation de chenille en papillon…

photo de Cglaume
le 25/04/2012

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 29/04/2012 à 12:11:14

YES !! C'est pour moi ça !!!

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