Bak - Crater

Chronique Maxi-cd / EP (25:26)

chronique Bak - Crater

A la fois dépité d’avoir loupé le coche pendant 2 bonnes années, et délicieusement surpris de bénéficier de cette multiplication inespérée de mes petits pains musicaux. C’est l’état yin-et-yanguesque dans lequel je me trouvais alors que, confortablement installé sur des coussins de l’Ambassade de BaKlandia en Australie, j’apprenais que le Matter tout-beau-tout-neuf qui passait sur les enceintes avait été immédiatement précédé du présent Crater. Et non pas de Flower, comme je le croyais initialement.

 

Mais, mais… Pourquoi on ne me dit jamais rien à moi?

 

Non mais vas-y, donne, donne... Et puis ça tombe bien tiens: les EP 4 titres ont généralement un goût de trop peu. Pour le coup, ce Cratère va nous donner un peu plus de Matière: c’est très bien!  

 

M'enfin quand même... Comment donc mes indics, pourtant aussi profondément infiltrés dans les affaires BaKiennes qu'il est possible de l'être, ont pu louper une info à ce point primordiale? Se pourrait-il que cet EP – aussi peu promu que son successeur, si vous trouvez des références à celui-ci sur la toile, pokez-moi! – soit un poil en-dessous des attentes de ses concepteurs, ceux-ci ayant alors préféré continuer directement jusqu’à l’avenue Mozart sans repasser par la case départ, ni toucher 20 000 francs, ni récolter des chroniques mitigées…?

 

Mouarf. Pas franchement aride, pourtant, ce Crater!

 

D'autant que cette sortie "bonus" est une fois encore du 200% BaK, avec tout ce que cela signifie de raffinement et de majesté. D’ailleurs au bout de 4 EP et un album, on peut commencer à théoriser un peu la musique du duo australien. Car le groupe est aussi régulier et constant qu’un Sodom des antipodes, aussi solidement campé sur ses fondations stylistiques qu’un AC/DC des dunes. Sa personnalité artistique repose en effet sur la conjonction de constantes (des gimmicks, voui) dont les plus voyantes sont:

* le développement d’atmosphères moyen-orientales veloutées basées sur l’utilisation de multiples instruments traditionnels et de vaporeuses mélopées entonnées tantôt par un muezzin serein, tantôt par un jeune explorateur cueilli au réveil

* une métallisation allant crescendo, jusqu’à des refrains qui abandonnent indolence et nonchalance pour emprunter les accents fiers du Heavy Prog regardant loin à l’horizon

* des périodes de tourment où des chœurs à la Therion s’exprimant en morse s’allient à des protestations growlées dans une apothéose dramatique

* des épisodes lors desquels percu' et konnakol (sorte de chant scat indien) sont mis à contribution pour nous assouplir les articulations et aider la pénétration des effluves d’encens jusqu’à ces endroits où cela fait surgir chameaux psychédéliques et danseuses du ventre hallucinogirondes

* des parties orchestrales qui augmentent encore la largeur d’épaule de ces visions épicorientales

… Tout ceci concourant à créer de somptueuses pièces d’un Metal  Progressif semblant pensé pour mettre en musique les voyages de Benjamin de Tudèle autour de la Méditerranée et au-delà.

 

Alors oui, le résultat est magnifique. Je vous l’ai déjà écrit à longueur de chroniques par le passé. Mais forcément, l’aspect un peu systématique avec lequel Beau et Kit recourent à ces éléments a tendance, sortie après sortie, à réduire l’effet de surprise. Ce qui, allié au rythmiques souvent slow/mid tempo (... ah les langueurs de l’Orient des oasis!) et à l’utilisation trop fréquente de ces chœurs ampoulés, réduit – par exemple – l’impact d’un « Ends The Same » à l’estomac un peu trop lesté de dates et de semoule.

 

Sauf que même après toutes ces heures passées sous un soleil parfois un peu abrutissant, on ne peut qu'adorer déambuler à travers le désert, pieds légers et couronnes de jasmin sur la tête, en écoutant « Damage Done ». Et puis « Futures Reality » prend bien trop fortement aux tripes pour que l’on puisse rester longtemps focalisé sur cette approche froidement analytique de la musique de BaK. D’autant que « NasNas » nous offre encore une formidable fresque orchestrale où défilent Sinbad, Lawrence d’Arabie, guerriers armés de cimeterres, roi Scorpion, Allan Jones et Indiana Quatermain.

 

« Aie confiance, et laisse-toi porter par le tapis-volant mon jeune ami. Il te conduira à bon port… »

 

Certes, ce 3e EP n'apporte rien de fondamentalement nouveau à la discographie de BaK. Et avec le temps on a appris à discerner les ficelles qui meuvent ce fantastique théâtre musical. Mais l’absence de surprise ne signifie en rien absence de plaisir. C’est donc logiquement que ce cratère, comme tous ses pairs d'origine minérale, se révèle être la signature d’une force fabuleuse laissant un impact profond. Alors plongez-y donc sans vous poser plus de questions...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Crater ne modifie en rien la recette mise au point par BaK depuis Sculpture. C’est donc une fois encore un splendide voyage dans les sables brûlants d’un Metal progressif puisant son inspiration dans les musiques traditionnelles moyen- et extrême-orientales. 

photo de Cglaume
le 13/03/2017

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