Viza - Carnivalia
Chronique CD album (36:25)

- Style
Metal pluriel nawako-slavisant - Label(s)
Architects Of Melody Records - Sortie
2011 - Lieu d'enregistrement UMRK
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Et encore un! Et un bon en plus.
Un quoi?
Eh bien un groupe ouvertement loufdingue mélangeant tout un tas de styles différents parmi lesquels surnage une indéniable touche « Europe de l’est ». Enfin de l’est-sud-est plutôt, leur utilisation de l’oud les situant plus à proximité de la Méditerranées qu'aux alentours de la mer de Barents. Après les System Of A Down, Russkaja, Kultur Shock et Dirty Shirt, il nous faut donc ajouter à cette liste courte mais dense les américano-arméno-grecs de Viza. Et ça fait un bail qu’il aurait fallu procéder à cette mise à jour, Carnivalia étant le 4e album d’un groupe actif depuis 14 ans (...même si les 9 premières années, c’était sous le nom – très différent il est vrai – de Visa. C’est ce qu’on appelle redistribuer les cartes patronymiques!). D’autant que nos amis ont encore 2 EPs de plus dans leur catalogue, sans compter un 5e album sortant tout-de-suite-maintenant. M’enfin bon, on ne peut pas tout le temps être à la pointe de l’info hein.
Pour évoquer les 12 morceaux de Carnivalia, on est très vite amené à évoquer un croisement System Of A Down / Russkaja. C’est que le chant de K'noup (Tomopoulos de son nom. Non, je ne ferai pas de jeu de mots) est très souvent coloré de l’espièglerie et des chevrotements de Serj Tankian – sans parler de la musique qui zébulonne à tout va, sur les mêmes ressorts que SOAD, ou que les autres arméniens exilés (en Italie cette fois) de Spellbound Dazzle. Le parallèle avec les géniteurs d'Energia! est quant à lui justifié par ces chœurs slaves virils, ce mélange de mâle joie de vivre et de mélancolie légère, et ces occasionnelles poussées de vod-ska qui ne peuvent pas ne pas rappeler les zouaveries de la bande à Georgij Makazaria. Là, comme ça le décor est bien planté. Maintenant cela n’empêche pas nos loustics de balancer de la guitare surf, de glisser des parties « médiévales », de gratouiller leurs cordes avec des doigts latinos, de déchaîner des twins purement heavy speed ou de carrément pondre un tube nawak country parfumé à l’harmonica avec l’excellent « Poor Pete » (c’est moi ou il sent un peu le Toehider ce titre d'ailleurs?).
Moins virulent que Dirty Shirt ou Russkaja (ah?),Viza est peut-être plus multifacettes (ah!). Ce qui lui permet – outre la cowboy song ci-dessus évoquée – de nous livrer de nombreux petits tubes dans des registres relativement variés. Comme l’excellent nawak / surf / ska de « Tricky Tricky ». Ou comme « Things Are Awkward », titre schizophrène qui accélère comme un « Kalinka » des familles. Sans oublier « Everybody Wants Money » – qui pourrait être une réappropriation très personnelle du « Money » de Gamma Ray –, un « Viktor’s Sister » mêlant roucoulades romantiques et sprints heavy héroïques, « Meet Me At The Troubadour » et ses divagations d’alcoolique franco-russe, ou encore « Shall We Reign Dance? » plein de lalalaï très Russkajatesques. Que du très bon, et du très coloré donc. Pourtant il reste un petit je ne sais quoi difficile à déterminer (un peu trop de mamoureries romantiques? Ou la prod peut-être? Ou un côté metal trop peu proéminent?) qui fait que nos américains ne réussissent pas complètement à détrôner les ténors précédemment évoqués. D’autant qu’on trouvera l’album un petit poil déséquilibré, les titres les plus affriolants étant pour la plus grande part concentrés sur la 2e moitié de l’opus.
Sauf que foutredieu, on n’est pas passé loin du petit chef d’œuvre – et qu’en l’état, on prend déjà un pied maousse! L'avis du Vizir: et Viva Viza!
La chronique, version courte: System Of A Down + Russkaja, plus tout plein d’écarts nawak extrêmement bien gérés. Voilà ce qui pourrait résumer le monde de Viza, groupe qui s’annonce comme une valeur sûre de la fusion délirante fortement teintée de pigments slaves et méditerranéens.
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