Bak - Matter
Chronique CD album (28:15)

- Style
World Prog Extreme metal - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2016 - écouter via bandcamp
Dèjà 2 ans depuis les dernières nouvelles discographiques en provenance de l'ambassade de BaKlandia en terres CoreAndCoïennes… Alors quoi? Après avoir exploré la sculpture sur l’album du même nom, la peinture sur Painter et l’horticulture sur Flower, le groupe serait-il tombé à court de variations sémantiques autour de son patronyme? L’inspiration aurait-elle fui l’opulence raffinée des oasis orientaux chers à nos amis pour se perdre dans l’aridité de l’outback où – en fait – ceux-ci crèchent? Le manque de soutien d’une structure à larges épaules aurait-il finalement eu raison de la passion et de la patience de ces Marco Polo du Metal?
Penses-tu Lulu!
Non seulement Bak a continué, en son laboratoire secret, à explorer les différentes significations de son acronyme de nom, mais il se paie de plus le luxe de le faire à travers des sorties dont les titres riment entre eux (allez vérifier en consultant la disco du groupe ici). Oui oui, vous m’avez bien compris: BaK a continué à composer et à enregistrer. Et pas qu’un peu. C’est juste que, ne bénéficiant pas de sorties officielles (on vous souhaite bien du plaisir si vous comptez trouver de l’info sur le net), ni Crater (on en reparlera) ni Matter ne sont arrivés d’eux-mêmes à bon port, que ce soit dans ma boîte aux lettres postale ou dans sa petite cousine en ligne. Il aura fallu que le lapin-routard profite d’un stage de conduite de camping-car chez Crocodile Dundee pour réussir à mettre la main sur ces rares galettes pressées uniquement pour un petit cercle de "BaKpackers" privilégiés.
Et nom de nom, on comprend que le groupe n’ait pas envie d’abandonner cette confiture World Extreme Prog métallique aux cochons de l’autoprod’ underground tant, une fois de plus, les nouveaux tableaux magnifiques qu’ils nous ont concoctés sont enchanteurs! Alors non, pas de changement drastique dans la formule à présent bien éprouvée mise au point par Beau et Kit: les longues fresques élaborées par ce duo extrêmement bien entouré évoluent toujours entre promenades digestives à travers les dunes, fiers sursauts Prog Heavy Metal menés par un chanteur à l’organe de velours et de feu, et épisodes orageux lors desquels un growler contrarié et des chœurs lyriques se donnent la réplique sur fond de guitare à gros calibre. C’est le flux, le reflux et la collision de ces différents courants stylistiques qui confèrent à BaK ce visage si particulier, si attachant – si captivant! – d’un prince-aventurier dont les pérégrinations le conduisent de quêtes héroïques en bibliothèques millénaires, de nectars enivrants en danseuses ensorcelantes, de tempêtes apocalyptiques en destins tragiques.
Matter offre donc 4 nouvelles compositions où semblent se croiser Myrath, Orphaned Land et Therion – toujours les mêmes références approximatives, je sais, mais il faut bien aider les désorientés à retrouver le Nord musical. Si aucun de ces titres ne constitue un choc comparé à ce que le groupe a offert par le passé, on constate avec plaisir 1) un retour en force des parties Death metal 2) une quantité toujours plus ébouriffante d’orchestrations et d’arrangements exotiques – dont des injections récurrentes de tabla (percussions indiennes) et de Konnakol (sorte de « Tribal Human Beat Boxing ») 3) un son plus propre, plus gros et plus aiguisé que jamais. Cette débauche de moyens et de talents s’incarne cette fois au sein d’un « Clock’s Ticking » alternant bienveillante mélancolie et grandioses élans épiques, un « Lost Inside The Storm » réservant un épisode houleux lors duquel un pendule moshy creuse au plus profond des basses fréquences, un « Aghori » quasi-instrumental aussi chaloupé que mystérieux, et un final grandiose mêlant toutes ces composantes en un pinacle de jouissance mélomaniaque.
Je sais: ce n’est pas gentil de vous agiter comme ça sous le nez la description enthousiaste de la suite des aventures discographiques de BaK alors que celle-ci est aussi peu disponible qu’un serveur dans un bistrot parisien un samedi soir. Que cela vous incite par contre à retourner vous écouter les 3 premières sorties du groupe, et à aller taner celui-ci pour qu’il rende disponible au plus grand nombre ces merveilleuses nouvelles tribulations musicales…
La chronique, version courte: si ce 4e EP n’est pas pour BaK l’occasion d’emprunter des sentiers stylistiques nouveaux – on reste toujours entre mélopées orientales envoutantes, dentelles progressives et gros nuages Death symphonique –, il donne quand même au groupe matière (!) à revenir à (tout à la fois: ) plus de gras dans les parties extrêmes, plus de foisonnement dans les parties exotiques, et plus de puissance et de clarté dans le son.
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE