Darkthrone - Circle the Wagons

Chronique CD album (40:50)

chronique Darkthrone - Circle the Wagons

Pour être honnête, au terme des mes toutes premières écoutes de Circle the Wagons, ma décision était prise: j'allais violemment voler dans les plumes des norvégiens de Darkthrone. Parce que ça va bien un temps d'avoir la nihilist attitude – tant qu'il ne s'agit que de courir tout nu dans les bois sans faire chier personne –, mais nous prendre ouvertement pour des truffes en sortant, par le biais d'un gros label et à plein tarif, 9 brûlots d’un proto-black / thrash noyés dans une prod' scandaleusement moisie, soutenus par une batterie en carton et souffrant d'une interprétation parfois approximative – notamment au niveau d'un chant complètement aux fraises sur l'éponyme "Circle the Wagons" –, c'est pousser un peu loin la philosophie du "Fuck Off And Die"… Merde, là ce sont les auditeurs – qui sont par ailleurs des acheteurs – que le groupe envoie se faire foutre! Et ça me fout d’autant plus les boules que ces deux renards de Fenriz et Nocturno Culto semblent essayer de faire passer la pilule comme les plus décomplexés des experts en communication, en mode "Si tu ne comprends pas notre démarche, fuck you, c'est que t'es un putain de trend", histoire de se mettre facilement dans la poche un public de jeunes rebellounets, et entretenant la "hype élitiste" dont le credo consiste à penser qu'on fait partie d'un petit cercle d'initiés incompris d'une masse de moutons forcément lobotomisés, eux. Bonjour le cynisme… On n'est pas loin de la démarche de ces marques de jeans qui refourguent à prix d'or des futals pré-déchirés pour donner l'impression à la jeunesse dorée d'être trop-des-punks, tout en soulageant le larfeuille de papa-maman.

 

Bon, OK, ça y est: j'ai pris mes cachets, une tisane … Je suis calmé. On va pouvoir reprendre le cours normal de cette chronique. Darkthrone, donc, après un chouette premier album de pur death metal ("Soulside Journey") et une longue période à pratiquer un raw-orthodox-elitist black metal qui a durablement assis leur réputation, se refait depuis quelque temps une santé à coups de sorties rétro black / thrash / speed / punk / heavy, conjurant l'esprit d'une époque où MotörheadDischargeKreatorExciter et Bathory se côtoyaient sur les étagères des métalleux sans qu'on trouve à y redire, bien qu'évoluant a priori dans des sphères musicales qu'on considérerait aujourd'hui comme totalement disjointes. Le tout dernier opus du groupe – leur 14e nom de nom! – continue à fond dans cette lancée. Je ne vous referai pas le couplet initial, vous avez déjà intégré que le groupe nous la joue "rehearsal tape enregistrée au fond d'un garage d'une banlieue chilienne". Mais une fois cette épaisse couche de crasse mentalement essuyée, on se retrouve avec entre les oreilles un beau bouquet de morceaux conjuguant la joyeuse et bordélique énergie du punk, les mélodies évidentes du heavy/speed, le cambouis du rock'n'roll de biker, ainsi que les vociférations étranglées et le souffle épique d'un black metal soucieux de développer des atmosphères majestueuses. Ce programme aboutit à la mise en place d'une tracklist variée recelant des morceaux bien punk'n'roll  comme "Those Treasures Will Never Befall You", des titres plus lents et majestueux comme "Running for Borders", "Stylized Corpse" ou "Bränn Inte Slottet", ainsi qu'un bon gros tube comme "I am the Working Class"  qui équilibre idéalement les différentes composantes stylistiques en présence pour un rendu hyper efficace et presque festif.

 

Et qui dit démarche rétro dit forcément hommage aux pères fondateurs. On retrouve ainsi la patte Motörhead sur "Those Treasures Will Never Befall You", le doom psyché d'un Cathedral (ou plutôt d'un Black Sabbath j'imagine? J’avoue une honteuse impasse sur la discographie de ce vénérable dinosaure) sur "Running for Borders", le rift du "Motorbreath" de Metallica sur "I Am the Graves of the 80s", la  fierté héroïque des guerriers vikings de Bathory éparpillée sur tout un tas de titres, ainsi que les territoires désolés et enneigés d'un Dissection sur "Bränn Inte Slottet". Bref tout un bestiaire merveilleux au sein duquel le vieux metalleux se sent comme papa dans maman… 

 

Malheureusement, ce festin musical nous est servi à même la cuvette des chiottes dégueulasses d'une prod' et d'une interprétation aussi finement ciselées que la tronche ravagée de Mr Acné 2010… On attribuera donc à Circle the Wagons un 7,5-8/10 pour ses compos efficaces et jouant habilement de la corde nostalgique, mais également un 3/10 pour le foutage de gueule éhonté de sa démarche minimaliste. On fait la moyenne, et au final on arrondit généreusement à 6/10 par amour pour ces vieilles K7 de SodomVenom et Celtic Frost qui survivent envers et contre tout au fond d’un tiroir de ma piaule. Non parce qu'il ne faudrait pas non plus les encourager dans cette voie! Il y a quand même un bon compromis à trouver entre les Pro-Tooleries hyper siliconées actuelles et les enregistrements "My First Tape Recorder by Playschool" du type de celui proposé par nos cyniques compères norvégiens... Avec une bonne vieille prod' crust à la Driller Killer / Disfear – raw mais puissante –, ce Circle the Wagons aurait vraiment pu botter méchamment les popotins. Là, le résultat final laisse une amère sensation de gâchis ... 

photo de Cglaume
le 25/10/2010

2 COMMENTAIRES

frolll

frolll le 31/08/2011 à 13:54:29

hey, il est bien, cet album de black 'n' roll :p (ou de punk necro, etc etc... :P)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/06/2013 à 08:16:54

Non mais le dernier est largement pire

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