Seeds Of Mary - The Blackbird And The Dying Sun

Chronique CD album (1:03:44)

chronique Seeds Of Mary - The Blackbird And The Dying Sun

Il y a dix ans, Headcharger nous sortait Watch The Sun avec son flamboyant astre solaire déclinant. Trois ans plus tard, il nous sortait The End Starts Here nous montrant un gros plan de corbeau. Deux albums par ailleurs important au sein de sa discographie car représentant le doublon angulaire de la construction de sa personnalité. Alors, même s'il n'y a pas vraiment de rapport en terme de style, il n'empêche qu'il est amusant de mettre en parallèle la jaquette et le titre du troisième album des Bordelais de Seeds Of Mary où l'oiseau noir porteur de mauvaise augure s'entremêle avec un soleil considéré comme mourant, The Blackbird And The Dying Sun donc. Simple coïncidence ? Très certainement. Mais là où la chose devient d'autant plus amusante, c'est que ce troisième jet, à l'image des deux opus sus-cités de ses compatriotes venus de Normandie, représente également une page importante de son histoire : celui de la réelle construction de sa personnalité.

 

Si les deux précédents méfaits des Bordelais étaient énormément rattachés au spectre Alice In Chains de par son influence musicale évidente et la similarité du timbre vocal avec celui de Layne Staley, ce petit dernier réussit le tour de force d'arriver à un stade paradoxal où il se rapproche d'autant plus de son modèle tout en s'en éloignant drastiquement. Si la doublette d'ouverture, « I Am Not Afraid » et « Here Comes The Night », s'inscrivent dans la continuité de Choose Your Lie, il ne faut guère attendre plus longtemps pour que Seeds Of Mary commence à nous balancer ce qu'il a réellement dans le ventre et n'hésite pas à revoir la copie des bases qu'il avait construite durant ses deux premiers albums. Si le côté 90's n'a pas disparu, son rock/grunge se veut moins léger que ses deux précédentes cartes de visite. La voix du chanteur n'ayant pas changé, la comparaison avec Layne Staley est toujours de mise – ce qui est loin d'être un défaut – mais là où on le rapproche davantage d'Alice In Chains ici est cette direction plus sombre et mélancolique qui rappelle énormément l'opus éponyme de ce dernier. Là où Seeds Of Mary a été malin, c'est qu'il a présenté cette teinte de manière fort différente. Bien plus nuancée et ambiancée (les deux titres ayant donné leur nom à l'album, « The Blackbird » et « The Dying Sun » étant les exemples les plus flagrants atmosphériques avec l'incursion de violoncelle), ce qui lui permet d'affirmer une identité bien plus personnelle qu'auparavant.

 

Mais ce n'est pas parce qu'il exprime une musique plus intimiste qu'il perd son côté catchy (les refrains de « Lord Of The Flies » et de « Sovereign Mind » notamment). Les influences à un rock US radio-friendly à la Nickelback sont présentes et sont représentées sous leur meilleur jour. Alliant mélodies accrocheuses tout en conservant un côté viscéral suffisant pour qu'elles ne donnent pas trop l'impression de soupe facile, voilà ce qui caractérise bien le Seeds Of Mary new look. De même qu'il aime marier une certaine lourdeur de ton avec des rythmiques hyper groovy (le pont de « The Blackbird », aussi déchirant que typiquement metal, l'outro de « Like A Dog », « What Have We Done ? »...), arrivant à obtenir ainsi une sorte de point d'équilibre aussi troublant qu'agréable. Et ce, malgré le défaut d'une prod' trop plate ne lui rendant pas forcément honneur. Je ne peux que recommander chaudement de les voir sur planches tant les compositions prennent énormément de relief et d'impact avec un son live.

 

The Blackbird And The Dying Sun est un album aussi long que son intitulé étant donné qu'il dépasse l'heure de musique. Totalement borderline avec les standards de durée acceptable pour le style auquel il appartient, Seeds Of Mary arrive néanmoins à éviter de tomber dans le piège du remplissage peu inspiré. L'ensemble est assez varié pour captiver l'auditeur, se permettant de partir dans des délires plus sudistes avec « Like A Dog », plus orientaux (le solo de « Sovereign Mind »), voire même tendre vers une sorte de doom quasi-metallique (« Back To The Wood »). D'autant plus qu'il sait aligner quelques clins d’œil tel un « Sense Of Sacrifice » à la rythmique très « The Beautiful People » Mansonienne ou encore « The Blackbird » faisant parfois écho au « Them Bones » de Soundgarden (hommage caché en réaction de la mort de Chris Cornell ?).

 

Avec cette troisième offrande, les Girondins me confortent que j'avais eu un sacré pif lors de ma découverte hasardeuse au détour d'un modeste concert qui m'avait sacrément scotché. Plus mature et affirmé, Seeds Of Mary prouve avec ce The Blackbird And The Dying Sun qu'il possède un très gros potentiel et mérite qu'on le garde à l’œil tant son futur pourrait s'avérer moins noir que le sont ses dernières compositions.

photo de Margoth
le 20/12/2017

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