Seeds Of Mary - Serendipity

Chronique CD album (47:16)

chronique Seeds Of Mary - Serendipity

Quiconque a déjà croisé les Bordelais de Seeds Of Mary sur les planches ne peut que s'amuser du contraste entre la facette live du groupe et sa facette studio. La première tenant davantage des joyeux troubadours, toujours enclins à plaisanter et donner de leur personne de la façon la plus rock'n roll qui soit, d'autant plus lorsque l'accueil se fait timide. La seconde en revanche se montrant beaucoup moins enthousiaste et exubérante tant leur répertoire se complaît dans les ambiances sombres et mélancoliques. Et ce n'est pas leur nouveau méfait, Serendipity, fraîchement sorti qui ira donner dans beaucoup plus de joie de vivre et incitera la gente féminine à faire tomber le t-shirt comme sur les sulfureux concerts de Steel Panther. Qu'à cela ne tienne, on laissera les beaufs qui se seraient perdu sur cette page à fantasmer le prochain retour de Nashville Pussy dans nos salles hexagonales lorsque cette saloperie de Covid aura décidé de nous foutre la paix.

 

Car d'entrée de jeu, « The Atheist » envoie le ton : ça braille et clairement, Seeds Of Mary, ils sont aussi tristous que frustrés et pas contents. Des petits moments d'emballement vocaux pas systématiques pour autant mais permettant d'autant plus de briser la frontière entre rock et metal en amenant une teinte légèrement neo. Bref, quand bien même le processus de composition a bien dû, on l'imagine, commencer avant les événements récents, on sent pleinement qu'ils se sont pleinement imprégnés de l'amertume et malaise du moment – car par-delà de la situation sanitaire, on peut étendre cela à toutes les problématiques qui se posent au sein de notre société moderne qui semblent avoir servies de près ou de loin d'inspiration – pour mieux la vomir dans ce disque.

 

Peut-être même que tourner la page de leur précédent effort, The Blackbird And The Dying Sun, a dû également contribuer à ce qu'il y ait plus de noirceur cette fois-ci, le groupe ne m'ayant pas caché il y a deux ans toute l'affection qu'ils pouvaient avoir pour lui. Assez amusant d'ailleurs de voir un lien qui tient plus de la symbolique dans la bouche des artistes alors que d'un point de vue totalement extérieur, on peut y trouver une explication plutôt logique : Seeds Of Mary avait réussi à obtenir et montrer avec ce second opus son véritable ADN. Quelque part, les Bordelais le ressentaient au fond d'eux – à raison – ce qui explique pourquoi Serendipity s'inscrit dans la même mouvance que son prédécesseur (« Not Where I Below »).

 

Et cette suite est même complètement logique : on reprend carrément les mêmes bases qui mènent Seeds Of Mary vers les sphères rock/metal alternatif, à contrario du premier méfait, Choose Your Lie autrement plus grungy sur lui mais on sent cette fois que l'on gagne encore en maîtrise cette fois-ci. Mieux, le capital confiance est tellement présent que le combo se permet d'enrichir cette base. Car on est très loin d'un simple The Backbird... 1.5, Serendipity s'avère être plutôt la version 2.0. Celle de la maturité donc. Ça tombe bien car l'on parle d'un troisième album, on suit là encore un cheminement cohérent avec ce que l'on observe souvent chez les groupes de potentiel.

 

Niveau enrichissement de la formule, on pourra citer du sujet qui m'avait fâché pour The Blackbird... , à savoir la production que j'avais trouvé trop clinique. Serendipity parvient à trouver un équilibre plus tiédasse et organique qui lui sied comme un gant. Même si l'on conserve un peu de froideur, en totale adéquation avec les influences indus' qui continuent encore à se développer ici (Marilyn Manson en tête, cf « Gone Astray », très Mechanical Animals dans l'âme, le lancinant « Sanity Is Statical »), on y trouve également un côté plus aride, témoignant des influences premières plus stoner/grunge (« Somewhere Between Me And Myself » où Alice In Chains rencontre le desert rock, « Bleed Me Dry » se rapprochant davantage de Soundgarden).

 

Mais surtout, lorsque l'on parle d'enrichissement, on parle surtout de l'incursion de tout un tas de nouveaux éléments. Moins homogène que son prédécesseur, Serendipity se veut, au contraire, aventureux, la variété étant clairement au rendez-vous. Une formule enrichie, de la manière la plus intelligente qui soit, tant Seeds Of Mary s'applique à toujours garder une cohérence béton lorsqu'il dévoile ici et là de nouvelles influences. Notamment, et faisant suite à la reprise de Pink Floyd que l'on trouvait dans son précédent EP, The Sun Sessions, des tendances psyché 70's avec le lumineux et planant « Reinventing You ». « Chameleonic » nous montre une approche plus progressive. Tandis qu'un « From The Void » lorgnera davantage vers des délires plus indie, lourds et shoegaze qui rappellera les travaux de Kristina Esfandiari (King Woman et plus particulièrement ici Miserable, son projet solo).

 

Bref, Seeds Of Mary poursuit avec Serendipity son évolution avec sérénité. Sans anicroche tant ce troisième se révèle plus maîtrisé et mature que son prédécesseur. A contrario des membres qui le composent qui doivent en avoir gros sur la patate. Tant sur le monde qui les entoure que sur le fait que l'activité live, à laquelle le combo a toujours été très dévoué, se retrouve ainsi gelée et incertaine. A eux, comme à tous les autres d'ailleurs, tout plein de courage pour la suite. Et un grand merci de continuer à nous abreuver les oreilles afin de nous rendre la vie moins merdique !

photo de Margoth
le 03/12/2020

1 COMMENTAIRE

Seisachtheion

Seisachtheion le 03/12/2020 à 11:49:30

Gros boulot sur le son. 
Plus de gras, plus de grawl, (un peu) plus de double, ils ont bien bossé les kopaings... ^^

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