Slipknot - .5 : The Gray Chapter

Chronique CD album (63:00)

chronique Slipknot - .5 : The Gray Chapter

"Slipknot" (1999) : "Ha non, mais change !"

"Iowa" (2001) : "Non mais ta musique là, c'est pas possible".

"Vol.3: The Subliminal Verses" (2004) : "Tu peux changer STP loulou ?"

"All hope is gone" (2008) : "..." (silence)

".5: The Gray Chapter" (2014) : "Non mais t'es sérieux, tu vas laisser ça ?"

 

Mon violencomètre maison a parlé.

Il fait un bonnet E et tolère assez peu le metal en général. Les musiques les plus violentes en particulier.

Le ton de ses requêtes correspond au niveau de nervosité de l'album.

Cette expérience socio-musicale, effectuée en dehors des périodes de débarquement d'anglais pour ne pas fausser le résultat, en dit long sur ce dernier album.

Le constat est clair : Slipknot est redevenu méchant.

 

En 15 ans Slipknot a eu plusieurs vies plutôt mouvementées. Nous aussi. Et nous avons grandi avec.

Certains se font encore les poils dessus.

Slipknot s'était tout de même adouci, devenant une sorte de Stone Sour bis. La seule différence était le partage du cachet, moins rentable chez les masqués.

 

La mort de Paul Gray, point de départ et sujet principal de cet album.

La séparation avec le charismatique batteur Joey Jordison. (Rappelons pour l'anecdote que celui-ci l'a appris par un télégramme chantant, les bâtards).

Voilà qui justifient, entre autres multiples raisons, 6 années sans la bande d'Iowa.

 

Après avoir jeté un oeil sur la pochette avec Kate Moss en vedette, on appuye sur Play.
(Edit : on me signale qu'il s'agit de quelqu'un dans un costume de squelette, j'ai confondu avec le mannequin sac d'os cramé par la poudreuse).

"XIX", l'âge du groupe, lance l'affaire. Déjà, ça a de la gueule. La crainte, reste tout de même que Corey Taylor ne tire encore la couverture vers lui.

L'ambiance est néanmoins plantée.

"XIX" est un beau titre, bien fait. En bref, un superbe tremplin pour les 60 minutes qui suivent.

 

Au départ on ne craint qu'une chose : c'est qu'avec le chant lopette de Corey Taylor, "Sarecommence" à être mou du genou.

Que dalle. Avec "Sarcatastrophe", on rentre vraiment dans le vif avec un jeu de mots d'une nullité sans nom sur le titre, mais aussi un sprint.

On a l'habitude : le groupe n'est toujours pas un coureur de fond, mais y va toujours franchement pour le lancement.

Ça tape franchement, ça hurle, les bidons des percussionnistes en prennent plein la gueule et ça dure 5minutes.

 

Pendant un moment on se demande même si on n'a pas à faire à une vieille piste oubliée du 1er album.

Ça y ressemble pas mal, surtout que le rythme est maintenu sur "AOV" et "The devil in I".

Il y a bien sûr ce chant mélo qui a pris un peu (trop) de place depuis le 3e album. Soit. Quand c'est bien fait il n'est pas question de dégueuler dessus, d'autant plus qu'il est intelligemment et parcimonieusement (parci-harmonieusement dirais-je si je choisissais les titres des chansons du groupe) placé.

 

En demeurant un poil cliché ("The devil in I" et son clip), Slipknot continue son bout de chemin avec une sacrée fluidité. Loin d'être monotone, il y a une véritable alternance et un vrai rythme dans cet album.

Sachant se calmer ou tout péter, la progression se fait comme dans du beurre fondu.

 

Évidemment, on fait parfois les gros yeux, comme sur "Killpop" avant que cela ne parte carrément en vrille. C'est sans doute à ce moment qu'on comprend (enfin, dans mon cas...) que le groupe ne chutera pas.


J'ai dit que ça tabassait ?

Oui, parce que les percus reviennent vraiment en force. Parce que les deux numéros se sont enfoncés des Duracell je ne sais où et sont à fond du début à la fin.

Le nouveau batteur n'y va pas non plus de main morte en faisant un bonne transition avec le nerveux Jordison, reprenant parfois quelques-uns de ses gimmicks, mais aussi en se faisant un poil plus discret.

Autre chose : le son équilibré. On entend tout le monde. Tout le monde a sa place dans ce qui devrait pourtant être un gros bordel.

Et puis, ça tabasse, je vous l'ai p'tet déjà dit ?

 

Les titres rebondissent, les riffs creusent, font tourner la tête, et les percus répondent à ça avec une véritable conviction.

On peut être mélomane, avoir fait du solfège pendant 8 ans : un mec qui tape sur un bidon avec puissance ça me fait toujours bander. Alors deux bonshommes, c'est le bonheur.

 

Si la tension n'est pas continue, si les rechutes sont relativement courantes, la qualité demeure. Passons sur quelques facilités, sur quelques titres plus radiophoniques ("The one that kills the least").

On a connu Slipknot plus foufou, mais on retrouve une tension propre aux p'tits gars de l'Iowa, malgré quelques passages plus en douceur.

Il est aussi question d'émotion. Un deuil ça perturbe pas mal, surtout des gens qui, une fois ensemble, ont les fils qui s'touchent. Alors on se dit que certains morceaux sont une belle preuve d'amitié et une jolie manière de s'exorciser.

 

Difficile de ne pas parler d'un titre en particulier : "Custer". La kétamine musicale de cet album. Le coup de fouet sur le scrotum.

Même le con aux platines qui balance un sample de sirène ou un vieux scratch moisi, pour être dans les crédits de chaque album, est vraiment utile ce coup-ci (et sur "Be Prepared for Hell" etc,).

Un refrain qui promet de péter quelques mâchoires dans la fosse, une folie propre aux 9.

LE morceau pour se réconcilier avec ceux qui pensaient que le groupe était éteint pour de bon.

 

"The negative one" a aussi des relents de cet album de 1999 avant que le chapitre ne se referme dans un final hyper-colérique dans un sprint haineux qui laisse des traces.

Résultat, on clôt cette petite heure avec un sourire pervers.

Ces mecs, même s'ils sont pétés de ronds, n'ont pas encore la clé du bonheur.

Cette violence n'est pas toujours complètement sincère, mais lorsqu'elle l'est, elle se reconnaît en moins de deux secondes.
 

Nous n'avions plus aucun espoir pour Slipknot depuis quelques années.
Il aura fallu qu'ils n'en aient plus pour que nous puissions en retrouver en eux...

photo de Tookie
le 23/10/2014

9 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 23/10/2014 à 12:04:24

J'ai trouvé que ça ne tabassait rien du tout à part un mouflet au jardin d'enfant. D'une mièvrerie sas nom, cet album est insupportable et doté en plus d'un son en plastoc.

pidji

pidji le 23/10/2014 à 12:18:37

Haha tu n'es pas la cible mon Crom :P

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 23/10/2014 à 12:22:12

Peut-être, mais eux en constituent de belles, de cibles.

Tookie

Tookie le 23/10/2014 à 13:09:40

Rhaaa oui j'aurai dû faire un paragraphe pour tous les anti-Slipknot. (Marrant, y'a toujours des groupes qui provoquent une haine...pas toujours justifiée).

C'est comme aller les voir en concert et balancer des bouteilles à la gueule du groupe parce qu'on ne veut pas le voir. Lire une chronique de leur album pour dire que c'est de la merde qu'on a jamais aimé, qu'on aimera jamais, qu'on aime même pas le style...Ça ne sert à rien.
(Par exemple, le crust, bahhhh c'est pas ma came pour 1001 raisons, je n'ai jamais denigré un groupe pour autant).
Bref.

Jull

Jull le 23/10/2014 à 13:21:38

Chacun ss gouts et ses avis les amis...
Perso je le trouve pas trop mal compare a la bouse d'avant. Tout n'est pas a garde mais ca va dans l'ensemble...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 23/10/2014 à 14:02:49

D'accord Touk touk mais il faut dire que Slipknot a une autre popularité que n'importe groupe de Crust. Et dans ces conditions, alors que tous les médias musicaux en font un tapage en ce moment, s'expose à des critiques. C'est une grosse machine commerciale avec de la bouteille et je dis ça sans le sens péjoratif lié au terme "commerciale". Je pensais donc me prendre une tarte quand j'ai découvert l'album, j'ai pris une pichenette. Slipknot ou pas, m'en moquerais en fait, si ça déboitait... suis antifa mais pas anti-Slipknot. :)

R.Savary

R.Savary le 27/10/2014 à 19:24:07

Pour un groupe qui se veut "violent", la façon de chanter est bien régulièrement mièvre... Plutôt écouter Herod chroniqué juste avant qui tabasse davantage !!

el gep

el gep le 27/10/2014 à 22:16:55

Revenons aux choses sérieuses: ta copine fait vraiment du bonnet E?
Whaouh!

S1Phonique

S1Phonique le 01/11/2014 à 11:07:34

pinaise je suis d'accord avec l'homme_poilu qu'on appelle Crom.
c'est mou, schamallow.
l'album de la mauvaise gueule de bois, les mecs n'ont pas l'envie (ça veut pas dire qu'ils n'ont pas ce qu'il faut).
Au lieu de louer un studio, qu'ils prennent un Psy : pas pour faire du ganganStyle mais pour une séance collective de deuil et on repart sur du "get this" pour le prochain LP par ce que là c'est plutôt "give me a hug"

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