Viza - The Unorthodox Revival: Volume I

Chronique Maxi-cd / EP (25:38)

chronique Viza - The Unorthodox Revival: Volume I

Alors c'est vrai, les portes de la maison System Of A Down restent obstinément fermées. Ces dernières années, seuls les amateurs de prestations live ont eu un peu l’impression de percevoir de l’activité derrière ses volets clos. Par contre dans le proche voisinage, ça bouge encore un peu. En premier lieu chez Daron Malakian, qui a joué les autocrates éclairés de manière relativement convaincante l’année dernière. Et idem de l’autre côté de la rue, chez les compatriotes de Viza (aussi californiens qu’arméniens – enfin: gréco-arméniens pour être exact), qui bougent toujours. Doucement, certes, mais sûrement. Doucement, parce que The Unorthodox Revival: Volume I « n’est qu’un » EP, et parce que ses 6 titres ont été diffusés progressivement, mois après mois, du 1e août 2017 jusqu’au 1er janvier 2018, sur Youtube. Mais sûrement, parce que sortie après sortie, le groupe n’a eu de cesse de confirmer la pertinence de sa vision du « Metal oriental ».

 

Il faut néanmoins recadrer dès à présent ce début de chronique qui part un peu trop à l’Est, alors que la boussole du nouvel EP indique de plus en plus le Sud. C’est vrai que sur Aria on remarquait déjà que seul un bon tiers des morceaux continuait de loucher vers SOAD, tandis que le reste de la tracklist partait à tous les vents, le sirocco étant néanmoins souvent préféré au meltem (cf. « Vanished » ou « C’est La Vie »). Mais sur The Unorthodox Revival: Volume I cette tendance devient axiome, et les 6 titres nouveaux sont plus sûrs de ravir les fans d’Orphaned Land que ceux de Serj Tankian. Alors c’est vrai, on ne s’en rend pas tout de suite compte tant « Viktorious » a un petit côté « Cabaret du Clown Triste » qui fait penser à Major Parkinson, ou à un Avatar maussade. C’est que cette espièglerie et ces chevrotements mélancoliques ont encore assez de sang arménien dans leurs veines pour que l’on n’y voie que du feu. D’autant qu’en toute fin de morceau, lors d’une courte envolée furieuse, ça zébulonne aux limites du gros Metal.

 

Mais dès « Cash Karma », la relocalisation ne fait plus de doute. Car après un début au riff bien Rock, oud, darbuka et flutiau du désert viennent donner l’impression que c’est Kobi Farhi qui est passé aux manettes de la composition. Ceci d’autant plus que cette mélancolie persistante, si elle est, il est vrai, très présente dans beaucoup des musiques d’Europe orientale, rappelle tout particulièrement les coups de blues qu’Orphaned Land a pu se taper sur ses derniers albums. « Valvet Shade », tout d’acoustique vêtu, va encore plus loin sur ce sentier où le soleil et la poussière font disparaitre des larmes furtives. Mais là où ce troisième morceau esquisse encore des pas de danse et ne renie pas ses racines Metal, cela devient vraiment roudoudou maximous sur un « A World of Broken Mirrors » tout sucre fragile et miel velouté. Et ce n’est pas plus « Aphrodite » qui fera mentir cette orientation, ce morceau étant le 3e de suite à arborer des « Nananaï, Na-na-na-na-na-na Nananaï! » sentant fort le Enrico quellessontbelleslesfillesdemonpays. Sans compter cet entrain doux-amer, séduisant mais laissant l’auditeur avec le cœur lourd de l’amoureux éconduit. « Vicious Game » lui non plus n'offre pas la possibilité de retourner se saouler au banquet d’un mariage arménien, mais il permet néanmoins de quitter l’EP sur une touche aussi grandiose que délicate (je vous laisse attacher vos ceintures pour goûter au décollage final, après la barre des 3 minutes).

 

Alors oui, Aria l’indiquait, The Unorthodox Revival: Volume I le confirme: c’en est fini du Viza qui nawakise sur les terres de System Of A Down. Là où le groupe compose sa musique, il y a dorénavant plus de soleil, mais de manière concomitante il y a également moins d’alcool. D’où une plus grande mélancolie. Et d’où cette note un peu inférieure à celle attribuée aux sorties précédentes, car le trublion qui vous cause préfère quand ça fait Yop-la-Boum que quand ça laisse échapper des snif-snif. Mais que cette tiédeur de surface ne vous empêche pas de comprendre que ces 6 titres sont extrêmement bons. C’est juste qu’il faut apprécier une certaine dose de mélancolie dans son thé à la menthe pour vraiment apprécier à fond l’exercice.

 

PS: évidemment, il y a un Volume 2. On vous en cause tout bientôt.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur ce nouvel EP, Viza semble s’éloigner de la muse de Serj Tankian pour se rapprocher de celle de Kobi Farhi. En découle un vrai supplément de soleil, mais également un déséquilibre relatif de la balance qui penche donc plus du côté des sanglots refoulés que de celui des Nanana joyeux. Notez que cela n’affecte en rien la qualité des compositions nouvelles. Juste l’ambiance, un peu, forcément…

photo de Cglaume
le 24/05/2019

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