Viza - Aria

Chronique CD album (36:05)

chronique Viza - Aria

C’est grâce au dépoussiérage opportuniste d’un vieil exemplaire promotionnel de Carnivalia (le prédécesseur d’Aria) qui trainait dans les cartons de Pidji (ze boss of the core and the co) que votre serviteur a pu se convertir in extremis au metal pluriel et exotique des américano-greco-arméniens de Viza. Et ce 1er contact s'est avéré foutrement fructueux – d’ailleurs je ne devrais pas avoir à faire mine d’évoquer tout ça comme de vieux souvenirs poussiéreux vu que la chro de l’album-grand-frère vient également d’être mise en ligne. Très System-of-a-Downien, cet opus carrément zébulonesque débordait néanmoins largement du cadre de ce que peut proposer la bande de Serj Takanian pour s’aventurer dans le nawak jouissif et les slaveries ensoleillées. Tout juste pouvait-on regretter 1) que l’opus soit plus souvent dans le trémolo émotif que dans le metal vindicatif, 2) que le son ne soit pas plus joufflu que ça 3) et qu’un léger déséquilibre rende la queue de l’album plus attrayante que sa tête (… oui alors non, là je vous arrête tout de suite…).

 

C’est donc le cérumen auriculaire encore plein des échos du Carnaval que l’on a accueilli Aria, sa pochette pleine de volutes veloutés et sa campagne de crowdfunding victorieuse. Oui, parce que l'album est l’une de ces nombreuses galettes qui – tout dernièrement – ont pu voir le jour grâce à la fiévreuse générosité de fans manifestement convaincus à l’avance de la pertinence de leur placement. Et pour le coup, en effet, il y a sans doute des choix moins judicieux que celui-ci. Mais ne sautons pas trop vite à la conclusion, et jaugeons plutôt ce 5e manifeste à l’aune des critiques et éloges adressés au précédent.

 

Carnivalia, donc, n’était pas franchement death metal, et avait ce penchant « typiquement slave » pour les complaintes mélancoliques. Eh bien ce n’est pas Aria qui va changer la donne. Car l’album est moins foufou que son grand-frère, ce qui veut dire que non seulement il n’ira pas vous fracasser le crâne à coup de blast beats, mais qu’en plus il a un peu freiné sur la composante quasi-nawak qui faisait pétiller les compos de 2011. Et côté sanglots étranglés, la donne reste la même, cet aspect étant d’ailleurs l’un des tout derniers qui témoigne encore de la composante slave de la personnalité du groupe. Par contre, là où le manche a été redressé de main de maître, c’est sur la prod – sans heurt et sans reproche cette fois – ainsi que sur la cohérence d’ensemble de l’œuvre qui ne souffre plus d'aucun déséquilibre tracklistesque. Moins kaléidoscopique (… ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’est plus!), moins spontané, Aria est cependant beaucoup plus robuste, plus mûr, plus séduisant pour un vaste public avide de nouveauté, de gros son et d’un peu d’exotisme – et je le dis sans second degré méprisant.

 

Mais pour quitter le mode comparatif et revenir à une prose plus descriptive, sachez que le groupe continue de proposer un bon tiers de titres rappelant fortement SOAD (notamment « Midnight Hour » et l’excellent « Viktor’s Vanguard »), mais qu’il ne reste pas cantonné à ce registre. Ainsi sur « Quicksand » Viza développe un rock sombre à mille lieues des poussées « world » habituelles, le morceau se voyant gratifié d’une pointe de « chant » Arch Enemiesque en son milieu. Sur « Vanished », on part de l’autre côté de la Méditerranée, sur les terres d’Acyl et Arkan, où le jumelage avec l’Arménie se passe manifestement de manière idéale. « The Girl That Doesn’t Exist » est l'occasion pour le groupe de sacrifier à l’exercice de la chamallow song hautement radio-isable (… mais très réussie, il faut le reconnaitre), le petit plus différenciateur tenant dans l’utilisation d’un accordéon et de cordes balalaïkesques. Avec « Forward March » par contre, les purs sangs folk thrash’n’punk sont lâchés à toute blinde dans les vertes contrées des vieux Skyclad, pour atterrir finalement, lors de « C’Est La Vie », bien loin de là, du côté des La-La-Laï Yiddish d’un Orphaned Land. « Alley In Tijuana » quant à lui joue sur les contrastes juteux entre un metal relativement virulent (ah, quand même!) et le moelleux d’un swing rock oriental. Et tout ça finit avec un grand sourire en travers de la trogne sur « Brunette », titre folklorique où la clarinette est de sortie et où nos amis rappellent aux durs-de-la-feuille que leur musique elle vient de là, elle vient du Caucase.

 

Alors t’en penses quoi d’Aria au final?

 

Bah quoi, vous n’avez pas vu la note? Si je regrette un peu la folie nawak de Carnivalia, je ne peux bouder un album aussi riche, aussi chaleureux, aussi positif et aussi multiple. Donc soyons clair: malgré quelques titres un peu trop soft (quoique pas non plus tant que ça), Aria c’est de la très bonne came. ** On aurait pu dire que c'est pas mal Aria, mais vu que nos vaccins sont à jour, ahem **

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: moins foufou et varié que Carnivalia (…mais plus canalisé, et plus « gros »), Aria n’en reste pas moins un très bon album de metal/rock mediterranéo-caucasien, certes souvent fourré chez System Of A Down, mais s'aventurant plus qu'occasionnellement bien au-delà.

photo de Cglaume
le 02/05/2014

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