Am I Not - Climaxes and Vacuity
Chronique CD album (31:07)
- Style
Metal expéri-miam-miam / Smart Nawak Metal - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
29 November 2024 - écouter via bandcamp
Cela faisait sept bonnes années que Ian Debeerst ne nous avait pas posé sa question metallico-existentielle : Am I Not. On avait donc fini par penser qu’il s’était peut-être répondu à lui-même par la négative, dans l’intimité du dedans de son crâne. D’autant que le Monsieur avait d’autres chats à fouetter. Miaou #1 : Vain Valkyries, Heavy Alternative Rock pour gastronomes en culotte courte. Miaou #2 : Sordide, Noir c’est noir Metal, il n’y a plus d’espoir. Mais vous vous en doutez, de ce côté-ci des goûts et des couleurs, on a toujours largement préféré le Miaou #3 de ce Fritz the Cat qui nous avait déjà régalés, en 2017, avec un Apparent Void joliment iconoclaste.
« Si le gus n’a pas profité du confinement covidesque pour ressusciter son one-man-band rien qu’à lui : c’est mort ! »
Une telle analyse tient clairement la route. Mais devinez quoi : ce n’est pas la bonne, de route. Car le Ian en a bel et bien profité, du Corona. Il a même enregistré la totalité des 9 présentes pistes en cette période heureusement révolue. Sauf qu’enregistrer n’est pas finaliser. Encore moins quand la procrastination s’en mêle. Ainsi, de port en report, de mix en remix, il aura fallu attendre l’orée du calendrier de l’avent 2024 pour pouvoir enfin goûter à Climaxes and Vacuity, son véritable premier album.
Et vous savez quoi ?
Sans changer de direction artistique ni de line-up (il aurait pu s'auto-virer, qui sait !), Am I Not nous propose un album qui est à la fois tout pareil et plus croustillant que son grand-frère à la pochette Jeanne Mas (… en rouge et noir). En effet, plus accessible et accrocheuse, sa musique n’a toutefois pas renoncé à faire s’entrechoquer les sons et les styles, ceci en continuant d'adopter l’approche du Clown blanc plutôt que celle de l’Auguste – ah ça, ce n’est pas demain que l'on retrouvera Ian chroniqueur Poils & Prout chez Mcfly et Carlito !
Pour expliquer au monde ce qui se passe dans sa tête, Ian prévient : « Ça risque de botter surtout les fans de Mr. Bungle, Faith No More, Nine Inch Nails, Carnival In Coal, Zeal and Ardor, Igorrr, The Dillinger Escape Plan. »… Et leurs copains, of course. Bon alors, relativisons : la dimension électronique est quand même ici très à la marge, donc Igorrr ne vous fera coucou que de très, très loin. Par ailleurs, plutôt que de grands sourires, ce sont surtout des grimaces qui sont effectuées au cours de cette grosse demi-heure, et la plupart du temps elles enjoignent les commissures des lèvres à se mouvoir vers le bas : n’espérez pas profiter trop souvent d’une tranche de Yop-la-Boum digne d’un Carnival in Coal sous gaz hilarant. Quant aux autres références ici livrées, elles reflètent bien la noirceur, le côté grinçant, saturé, mouvementé, mais aussi – vive la schizophrénie ! – attirant, nuancé, espiègle et pourtant élégant de l’exercice. Un nom, toutefois, manque cruellement à cette liste de parrains : celui de Psykup. Le parallèle semble pourtant assez évident à l’écoute de certaines lignes de chant, mais aussi du fait de plans Prog à la fois sinueux et amicaux. Notez qu’on pourrait également citer Melt-Banana, Meshuggah, et bien d’autres...
Pour parler d’Apparent Void, j’avoue, j’avais fauté en track-by-trackant sans vergogne. Promis-juré, je ne récidiverai pas. Je me contenterai de vous apprendre que c’est au début de l’album que ma truffe est la plus humide, celle-ci étant particulièrement émoustillée par le mélange [Indé Rock saturé / Noise Black Metal] bien fêlé donnant ses lettres de noblesse à « I Kill Time », et plus affolée encore (la truffe, toujours) par « Will I Go » (… encore une question !) qui affiche le niveau d’accroche le plus haut du lot. Bon petit kiff également sur « Poser Funeral », qui fait mine de vouloir swinguer mais casse cet élan via un piano grave et minimaliste, ceci tout en installant ostensiblement son bardas en terres patonniennes, entre le QG d'un Faith No More préoccupé mais classieux (les trois quarts du temps) et un mur de saturation épineuse contre lequel on se fait sévèrement poncer la couenne auriculaire (en toute fin). Yummi! encore et toujours pour les secousses gojiriennes et les clap-clap de « Das Kapital », ainsi que pour le lourd riff muddy / sludgy / groovy qui clôt « Hate for the Eight » en beauté.
Moins fan, en revanche, du début Electro cheap du même « Hate for the Eight », de l’interlude invertébré « Trve Feelings », et de la première minute de « Das Kapital », trop éthérée, trop fragile, trop… vide. Sans compter que – bidouillé par un ermite recroquevillé dans sa cave – le son ne semble bien évidemment pas sorti des studios habituellement squattés par les gros vendeurs de chez EMI.
… Mais ce ne sont pas toujours les albums les plus immaculés qui nous touchent le plus et réussissent à nous convaincre. La preuve : Clity et Vacumaxes (je suis troublé, sorry : je dyslexise) a clairement fait mouche. Bravo Monsieur Debeerst : si vous continuez à œuvrer de manière aussi noble dans le Metal Experimiam-miam, on va finir par se sentir obligé de séparer la particule du Beerst !
La chronique, version courte : du Patton, du Psykup, de la rythmique décalée, de l’Indé Pop/Rock, du Black noisy, du sourire en coin, des machines, des gamelles-melles-melles, des bidons : il y a tout cela dans Climaxes and Vacuity, successeur logique et délicieux d’un Apparent Void qui nous avait bien séduits, déjà, il y a un septennat de cela. Comme quoi on peut faire du Metal expérimental de qualité, non hermétique, mais pas ouvertemement Nawak pour autant. « Am I Not a great band to keep an eye on ? » Yes, you are mon bon Monsieur !
4 COMMENTAIRES
Aldorus Berthier le 06/01/2025 à 13:13:13
Melt-Banana et Meshuggah dans le même album ?...
Ok t'as gagné ça part dans la file d'attente.
cglaume le 06/01/2025 à 14:03:58
Tu me diras... 🙂
8oris le 06/01/2025 à 14:31:39
"le son ne semble bien évidemment pas sorti des studios habituellement squattés par les gros vendeurs de chez EMI." ça, on est bien d'accord. XD XD
Pour moi, ce côté très raw/DIY dans le son brouille un peu l'écoute mais l'album est effectivement plein de bonnes idées et patiné d'une certaine originalité.
cglaume le 06/01/2025 à 16:56:56
En effet, tu fais partie de la cible potentielle 8o8o 🙂
AJOUTER UN COMMENTAIRE