American Heritage - Prolapse

Chronique Vinyle 12" (33:04)

chronique American Heritage - Prolapse

Pour les trois qui suivent devant, American Heritage est un trio - devenu quatuor cette année en s’adjoignant les services d’un bassiste permanent - qui nous revient tout frais, à peine deux ans après leur effort précédent. Fort d’un humour décalé, frontal et constant, ce nouvel opus aura donc pour titre Prolapse, le tout accompagné d’un visuel qui colle à la thématique (je vous laisse taper le titre de l’album sur Google image pour plus d’informations). Au niveau du sujet, on reste également dans le sillage du disque précédent : de la grosse disto, des structures chaotiques, un touché technique voire thrashisant et un chant bien approximatif comme on l’aime… Le tout nous étant emballé en à peine plus d’une demi heure.

 

Comme d’habitude avec la bande à Adamn Norden, difficile de pas être convaincus par l’avalanche de riff tordus qu’il nous fait littéralement pleuvoir sur la tronche. Les esprits de Coalesce, de Slayer ou des Melvins continuent effectivement à se rappeler à notre bon souvenir et l’ensemble passe comme une lettre à la poste.  Le son bien bordelique et grésillant, même s’il n’est pas de première fraicheur, colle bien au bazar et un petit sourire en coin ne tardera pas à se viser sur nos lèvres avides de bruit dès les premiers larsens.

 

Là où le bas pourrait justement commencer à tout doucement blesser, c’est précisément dans le manque d’originalité du propos. Alors oui, je sais, ça fait longtemps qu’on demande plus aux groupes de punk, de hardcore ou de métal d’être originaux, surtout quand ils sont aussi bons que le quatuor en question. Mais avouez aussi qu’il est plus facile d’être indulgents avec un power trio qui nous balance des évidences pop à chaque refrain qu’avec une bande de fous furieux qui nous balance vingt riffs/minute comme American Heritage. Effectivement, se prendre une pareille tôlée il y a dix piges était juste jouissif ; se la prendre maintenant l’est considérablement moins, même si le plaisir demeure. Autre point noir : si le groupe arrivait toujours auparavant à calmer le jeu de belle manière sur quelques titres, ils le font ici aussi sur « Constant and Consuming fear of Death and Dying » mais avec un succès tout relatif. En effet, les six minutes de ce titre se parcourent laborieusement et on en vient à être foutrement pressé que les gars repassent la seconde pour nous envoyer des parpaings en pleine poire.

 

Cela dit, l’album renferme tout de même son lot de petites gâteries rafraichissantes comme cet excellent ralentissement de milieu de compo sur « Anxious Bedwetter », ces riffs dantesques à la fin de « Mask of Lies » ou encore à l’occasion de ce final mémorable qu’est la reprise de Girls against Boys, « Bulletproof Cupid », inattendue et meilleure que l’originale à mon goût. D’ailleurs on remarquera que les ricains se fendent de deux autres reprises (Descendants et Black Flag… Des hommes de goûts qu’on vous dit) tout à fait bandantes et chargées d’une bonne tonne de burnes supplémentaires si on les compare aux originales.

 

Alors non, American Heritage n’a pondu ni le disque de metal du siècle, ni l’œuvre de hardcore moderne qui révolutionnera la scène, mais mon petit doigt me dit qu’ils s’en branlent comme de mon premier disque de Botch. Car American Heritage se sont avant tout fait plaisir et ça s’entend jusque dans nos enceintes. Rien que pour ça, ce nouveau disque vaut très largement son investissement initial, d'autant plus que le départ précipité de M. Nordem laisse a penser que le groupe signe là son chant du cygne. On restera donc sur cette note tristounette en se disant qu'il est un peu regrettable de finir ainsi sur un album en légère demi teinte, mais bon, ce n'est ni la première fois, ni probablement la dernière, que cela arrive... Pensez à Botch, à Drowninman, à Butnt by the Sun et consorts. Contentons nous donc d'un simple au revoir... Et merci.

photo de Swarm
le 27/11/2014

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