Autonoesis - Moon of Foul Magics

Chronique CD album (01:06:21)

chronique Autonoesis - Moon of Foul Magics

« Un mélange de Vektor et de Black Metal… Je peux te dire que ça bute ! »

 

C’est plus ou moins en ces termes alléchants que les Canadiens d’Autonoesis ont été introduits dans mon humble demeure musicale. Je ne sais pas vous, mais moi ça m'a drôlement chatouillé la curiosité ! D’autant que je garde un très bon souvenir de The Aeonic Majesty (de Mutant, side-projet Tech-Black des mecs de Theory in Practice), seul album de moi connu combinant avec bonheur décorum beumeuh et technique acérée. Et puis Vektor étant particulièrement mal en point ces derniers temps (sur le plan humain – allez donc lire les Gala et Voici du Metal si vous voulez en savoir plus…), on ne dirait pas Non à un produit de substitution, même si la chose est recouverte de neige et de pentacles…

 

Bon, je vous dis « les Canadiens », mais à vrai dire on ne sait pas trop combien ils sont vu que le line up est top-secret-défense-d’y-voir-botus-et-mouche-goûtue. Il s’agit peut-être juste de Patrick dans son salon, allez savoir… En tous cas il semblerait que le ou la ou les gars ou fille(s) ou indéterminé(e)(s) (ça va vite devenir fatiguant cette histoire) crèchent à Toronto. Et on sait bien que dans les réserves à caribous de par là-bas on trouve plein de formations de neurochirurgiens de l'extrême qui riffent avec la précision d’une horloge atomique et la vitesse de Speedy Gonzales. Du coup, pourquoi pas. Un premier album sorti en 2020 n’a a priori pas fait énormément de bruit... Sauf que les rares élus qui y ont jeté une oreille ont fait chacun du bruit pour vingt. Nous sommes à présent en 2022 (enfin c’était vrai au moment où mes doigts tapotaient ce texte) et Moon of Foul Magics n’a clairement pas l’intention de faire retomber le soufflé à l’enthousiasme levé par son prédécesseur. On passe à la ligne, on met un peu d’espace entre les paragraphes pour éviter l’effet pâté/pavé/pas-glop, et on s'empresse d'ouvrir la porte de ce deuxième album pour voir comment est gaulé l'intérieur.

 

La courte présentation évoquée en début de chronique disait vrai, quoique de manière lapidaire : Moon of Foul Magics est un beau métis bricolé par 1) une maman corpse paintée, fan de Dissection et de tous les groupes les plus mélodiques du début de la 2e vague du Black Metal (Emperor le premier) et 2) un papa thrasheur qui aime quand les doigts virevoltent sur le manche et que les phalanges cavalent en rase-motte sur les cordes. Sans compter que le petit s’est ensuite ouvert au Prog (pour lui un morceau digne de ce nom est plein de tiroirs et dure aux alentours de 9 minutes), au Heavy (il aime faire Tagada Tagada, tout fiérot sur son cheval à bascule), mais aussi aux folkeries chevaleresques. D’ailleurs, quand on tombe sur « Exile » – la première piste – on se demande si l'on va devoir se fader une heure de Prog acoustique, de Folk en sandales ou de Power Metal mélancolique… D'autant qu'il ne s'agit pas que d’une passade introductive : les pauses acoustiques reviennent fréquemment faire baisser la température de la couscoussière, tandis que « Valhöll » nous installe carrément au coin du feu en compagnie du barde attitré de Blind Guardian.

 

... Ah bravo, beau boulot !! La description de Moon of Foul Magics commence donc par ce qui doit représenter à tout casser 15-20% de la musique d’Autonoesis : dans le genre ni fait ni à faire, ça se pose là… Je te renverrai tout ça à l’École de la Chronique moi !! Parce que l'offre musicale proposée par le groupe est avant tout constituée de belles épopées où une mélodie omniprésente coule et rebondit de plans guerriers en vastes paysages nordiques, de tricots experts de 6-cordes en sprints poignée-en-coin. Sur le plan purement instrumental, l’oreille est bercée un bon 60-70% du temps par un mélange symbiotique de Thrash plus ou moins Death et de Heavy burné, l’accent étant principalement mis, donc, sur la mélodie-la mélodie-la mélodie. Le reste du temps est consacré à recréer l’ambiance brumeuse et glacée de la cave du papy d’Ihsan, la prod faisant rien qu’à repousser les shrieks scrofuleux dans le fond, au milieu du brouillard, les grattes elles-mêmes se laissant parfois flouter par un vernis sonore volontairement vermoulu. Et le plus important dans tout ça, c’est qu’à de rares exceptions près (les plans trop acoustico-mes pompes, un « Raise The Dead » plus raw que la moyenne, et une deuxième moitié de « Descending the Void » pas toujours passionnante), on vit un kif ininterrompu. Du morceau-titre jusqu'à la fin de la première moitié de « Descending the Void » – vous avez suivi ce qui s'est dit précédemment ? –, avec un pic d’endorphine plus particulièrement escarpé sur la doublette « The Conjurer » / « On Black Wings of Eternity ». C’est assez rare – et terriblement jouissif – de vivre, en l’espace d’un album, les élans héroïques d’un Amon Amarth inspiré, les transes ésotériques du premier Emperor, les claques techniques de – donc – Vektor, les frissons glacés de Dissection, et les exubérances guitaristiques d’Exmortus. Et ce qui est rare est cher. Alors cessons donc de tergiverser pour en venir à la conclusion : Moon of Foul Magics doit être ajouté à la liste des immanquables de 2022 !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Vektor est humainement cuit, Dissection est mort, Emperor est muet, et Exmortus a le torse trop huilé. Il est temps, donc, de passer à Autonoesis et son Moon of Foul Magics qui vous offrent un Tout-en-Un particulièrement démentiel !

 

 

 

photo de Cglaume
le 07/02/2023

2 COMMENTAIRES

jejT

jejT le 08/02/2023 à 07:53:46

Merci pour la découverte, pris sur le bandcamp, c'est très chouette !

cglaume

cglaume le 08/02/2023 à 07:56:27

Content qu’il trouve son public 🙂
Très bon oui : il n’est pas pour rien dans mon Top 2022 🤘

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Pensées Nocturnes à Paris le 24 mai 2023

HASARDandCO

Mnemic - Passenger
Rivers Of Nihil - Monarchy