Avenged Sevenfold - Life Is but a Dream...

Chronique CD album (53:21)

chronique Avenged Sevenfold - Life Is but a Dream...

Oui oui, je sais. Moi aussi, l’année dernière encore, quand je croisais le nom d’Avenged Sevenfold, j’avais la même réaction épidermique qu’en entendant parler de Bullet For My Valentine, Betraying The Martyrs ou Trivium (… ah non, pas Trivium : j’ai beaucoup aimé Ascendancy). Pour Bibi c’était synonyme de soupe Heavy Teen Metalcore US, de tatouages fashion et de gel dans des cheveux teints chez Jacques Dessange. Tout ce qu’aime le vieux crusty endurci quand il pratique le SM hardcore, en somme. Mais mes contacts nawakophiles les plus fiables n’en démordaient pas : « Ronchonne si tu veux, mais essaie : tu nous diras merci plus tard… »

 

C'est qu'ils me connaissent comme leur poche… Merci les copains !!! <3

 

Parce que certes, A7X (le sobriquet des loustics, si des fois vous n’étiez pas zaucourant) a jadis pataugé dans le Metalcore, puis élargi ses horizons en durcissant de moins en moins le ton – du moins c’est ce que j’ai lu ici et là, ne comptez pas sur moi pour passer des plombes à étudier la carrière des zozos… Mais pour Life Is But A Dream…, leur 8e album, les Californiens ont décidé de carrément tout envoyer bouler, et d’aller où le vent de l’inspiration (et les drogues ? oui, la 5-MeO-DMT semble-t-il) voudrait bien les conduire. Le résultat ? Un album de Metal « alternatif », progressif à bien des égards, aussi gourmand et riche en délicieuses surprises qu’un gâteau de lune, naviguant assez loin des références habituellement associées au groupe, tutoyant tantôt System of a Down, tantôt Mike Patton, tantôt De Staat (« Nobody »), tantôt Elton John (il aurait aimé les 3 premières minutes de « Cosmic »), tantôt Daft Punk (« (O)rdinary »).

 

Ça fait un peu peur dit comme ça, non ? C’est fait exprès, vous pensez bien…

 

Il y avait donc là matière à pondre une grosse bouillie « fraises, roquefort & pieds de porc » bien dégueulasse. Ou alors – un miracle artistique n’étant jamais à exclure – un OVNI comme on les aime ici, inspiré, improbable, parlant une langue étrange et belle, inconnue des étudiants en linguistique musicale classique. Et pour notre plus grand plaisir, c’est la seconde et plus noble des options que retinrent les scénaristes de la série Avenged Que Pourra

 

Et en effet, Life Is But A Dream… s'avère être un presque-chef d’œuvre, qui démarre sur six pépites, embraye sur deux titres transitoires que notre comité de sélection a finalement validés, puis s’abîme lors d’un trip final virant doucement mais sûrement au foutage de gueule pas-malveillant-mais-casse-bonbons-quand-même.

 

Un début de rêve, donc. Sur un « Game Over » très SOAD & Faith No More (cf. le refrain qui décline doucement à la mode « Epic »), mais pas que, loin de là. La chose est subtile, vive, mariant chaud, froid, orchestrations, bisous-bisous et décharges électriques. « Mattel » suit de près, fort d'une putain de dynamique vitaminée, d'un putain de charisme, de putain d’accroches mortelles (une constante sur l’album, cette piste en proposant deux : « …And I smell the plastic daisiiiiies » et « Good morning, Good evening & Good bye »), et de plein de putain de coquetteries – dont un solo de clavier psyché au bout de 3 minutes, et un piano lounge en fin de morceau. L’album enchaîne alors sur le brâme nerveusement lancinant de « Nobody », et l’on se laisse une fois de plus envoûter. Par ses brassages fructueux. Par un refrain terriblement fort. Et par des constats que les fans ont déjà dû faire par le passé : quelle voix ce Matthew ! Et quel guitariste soliste ce Bryan (on frôle le néoclassique en fin de morceau, au milieu du bruissement violoneux) ! « We Love You » prolonge l’extase, notamment chez ceux qui apprécient les pépites déconstruites à la mode Patton. Puis vient le tour du long crescendo « Cosmic », et enfin de l’indolence orientale de « Beautiful Morning » qui semble devoir autant à Viza qu’à Led Zep et… aux Beatles (… dur de s’extirper ce « Youuuuu walk on waaater, but the waaater swaaaaaalows you » du crâne).

 

C’est alors qu’un palier semble atteint, et que l’auditeur commence à voir jaillir des points d’interrogation que la Fée Endorphine n’arrive plus à balayer aussi efficacement. Toutefois les fans de Godswounds et Tub Ring ne devraient pas avoir trop de mal avec la schizophrénie manifestée par un « Easier » confrontant Stoner Metal graisseux et lâcher-prise robotique New Age. Plus nawakophone encore, « G » démarre sur des riffs techniques assez arides, avant de proposer une mosaïque mêlant plans suspicieux, chant féminin, mélodies en crabe et interruptions parlées.

 

« Jusqu’ici, tout va bien » comme dirait l’autre…

 

Oui mais ensuite arrive « (O)rdinary ». Et si celui-ci commence par séduire le lapin qui vous parle à grands renforts de beats séduisants puisant dans un registre clairement « Soft Dapt Funk », les choses se gâtent ensuite quelque peu. À cause d’excès irritants de vocodeur, et d’un final proprement bordélique. Puis « (D)eath » enfonce le clou en mélangeant la B.O. « Dreams Are My Reality » de La Boum aux crooneries d'un Franck Sinatra engélifié voyageant à bord du paquebot de La Croisière s’Amuse pour un résultat… inattendu, pas complètement désagréable, mais pour lequel on n’avait clairement pas signé ! Pire encore ce morceau-titre qui apporte le digeo enrobé dans 4 minutes et demie de chichis ouatés au piano, Richard Clayderman étant ici aussi peu le bienvenu que JuL… Non mais !

 

Alors oui, Life Is But A Dream… est un pari osé mais réussi, Avenged Sevenfold montrant à cette occasion que s’il a réussi, ce n’est pas uniquement grâce à la force de frappe de la Warner, mais aussi et surtout grâce à un talent de composition assez impressionnant. Cependant ce 8e album n’est pas le chef d’œuvre absolu qu’on aurait aimé mettre en haut de notre podium 2023, ceci à cause de ces dérapages un peu excessifs de fin de tracklist qu’on évoquait quelques lignes plus haut.

Et c’est bien dommage, crénom !

D’autant que dorénavant, ignorant les quolibets des moins open de mes confrères, je vais me sentir obligé de surveiller la suite des aventures de ces sacrés loustics... J'espère donc qu’ils ne nous la feront pas trop vite à l’envers dans le futur !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : les drogues. La découverte de l’Etranger de Camus. Une chute malencontreuse depuis le haut du plongeoir peut-être, aussi, qui sait… Quelles qu’en soient la ou les raisons, Avenged Sevenfold a décidé de dévier plus violemment que jamais de sa trajectoire musicale. Adios le « Soft Stadium Metal/rock/core » bankable du passé : bonjour le Metal alternatif et progressif délicieusement inventif qui va taquiner sur leur terrain Mike Patton, System of A Down, mais aussi les Daft Punk et de nombreux héros de la Pop, du Rock intimiste, du classique et de bien plus puisqu’affinités. Indigeste le résultat ? Non : brillant, subtile, stimulant, accrocheur, envoutant. Du moins sur les deux premiers tiers de l’album, les délires concluant la tracklist nécessitant une ouverture d’esprit particulièrement large afin d’être savourés sans que le sourire ne se voit altéré par des tics grimaçants …

photo de Cglaume
le 01/09/2023

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/09/2023 à 20:11:42

J'adore tes kro. C'est pas une surprise depuis 10 ans. Mais lire FNM (vu en 92 aux Eurcock pour la Pataugas Cred) et cette Pop Metal. Je ne pige pas. Pourtant, j'ai écouté, voir réécouter 3 titres du truc (Mattel, Nobody et Cosmic) sur 11. Lapinou : ou le lard de nous faire passer du cochon pour de l'art. L'effet "Rosé", peut-être.

cglaume

cglaume le 01/09/2023 à 20:17:30

Tu sais bien qu’on ne peut pas dépasser certaine barrière personnelle. Évidemment qu’un tel album n’est pas Crom-compatible. Et c’est presque tant mieux. Soyons tous différent que diable. Qu’y aurait-il de bon dans une uniformisation des goûts ? (… non ce soir c’était du blanc, pas du rosé 😜)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/09/2023 à 22:22:09

Y'a bon blanc dirait Uncle Ben !

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