Bangladeafy - Housefly

Chronique CD album (17:17)

chronique Bangladeafy - Housefly

C'est mon premier album de Bangladeafy, et je vais vous dire que je m'en souviendrai. Comme d'un premier acide tapé en teuf qui m'aurait mis sérieusement la tête au niveau des chausses, comme d'une première cuite à la gnôle de poire non déclarée avec Pépé Jeannot qui te tape dans le dos "pour qu't'y finisse ton godet". Car la musique de Bangladeafy, que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents, est bien délicate à définir avec exactitude. Ce qui est certain, c'est qu'il s'agit du style idéal que vous avez envie de balancer en pleine poire de ces mélomanes pédants qui disent nonchalamment écouter de tout. Tu parles, Charles, non seulement tu n'es pas prêt mais tu ne t'en remettras pas. Alors que moi, tel le Bear Grylls de la musique, je suis allé esgourder un peu la disco des deux pépères après avoir prié Saint-Lapin-Jaune, le patron des chroniqueurs de nawak et ce dernier m'a heureusement protégé car ça n'est clairement pas de la came à mettre dans toutes les oreilles.

 

Bon, assez pour les images, Émile, passons au concret. Pour faire (trop?) simple, Bangladeafy est un de ces purs produits artistiques new-yorkais: avant-gardiste, novateur, libre de toutes contraintes, un duo assumé basse-batterie majoritairement instrumental  qui rappelle évidemment bien vite les inénarrables Thunderbolt en plus barré si tant est que ce soit possible, noisy aussi mais d'une façon moins agressive, plus industriel peut être et plus progressif probablement.

Si les précédents albums avaient bel et bien une âme très organique et faisait la part belle à la technicité instrumentale des deux pépères et à leurs facettes jazzy et groovy, avec cet album, la formule est quelque peu modifiée. Il semble que le duo se soit amourachée d'une SEGA Master System bugguée et aurait tenter des actes plus que pervers à son encontre.

 

La basse précédemment claquante et son manche en bois ont été troqués contre des machines qui tapent dans les subs et les relents de synth-bass noyées dans de la reverb dégoulinante et des delays huileux. En ressort une impression sonore à la limite chip-tunesque, étalée sur la tartine de l'auditeur à grand coup de couteau à beurre en forme de fourchette à soupe. Il y a bien quelques titres ou passages plus...classiques, plus...abordables ("Tar") ou plus mélodiques ("Musca Domestica") mais, soyons honnête, la musique de Housefly est globalement difficile d'accès, à la fois très épurée dans le son mais machiavéliquement inaccessible dans ses structures totalement pétées de la cafetière ("Harvest",  "Youthanor").

 

C'est un album non pas dénué d'intérêt mais réservé aux courageuses et aux courageux, celles et ceusses prêts à tenter une expérience autant acousmatique que musicale. D'ailleurs, cet album aurait été sorti par le GRM que je n'en aurais pas été surpris. On regrette malgré tout l'impression de "pas fini" avec des morceaux très courts, qui excédent rarement les deux minutes et qui, bien que très remplis, ont tendance à s'arrêter un peu trop brutalement. Un album intense, brutal dans l'intention mais donc très court. Cependant, comme la digestion n'est pas aisée, c'est bien un mal pour un bien pas mal.

 

 

Difficile donc de noter une telle oeuvre qui ne saurait se soumettre au diktat, ici injurieux, d'une quelconque échelle surtout quand celle-ci est subjective. Si vous êtes curieux, que vous aimez la musique avant-gardiste (mais la vraie, la grande, car ici on ne parle pas de "vulgaire" fusion pour les sans-oreilles), si vous voulez goûter à l'art dans sa dimension acoustique ou tout simplement que vous avez pris beaucoup trop de drogues, cet album peut transformer 17 minutes de votre vie en un voyage au moins unique sinon enrichissant.

 

 

On aime: vraiment unique et avant-gardiste, une véritable prise de risque artistique

On n'aime pas: difficile d'accès, un peu court

photo de 8oris
le 19/09/2020

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 19/09/2020 à 10:38:39

Les défauts restent apparemment les mêmes, et en plus le groupe s'éloigne du "Metal"... Content que ce soit toi qui te sois chargé de la chro du coup :D D'autant que, comme d'habitude, elle est extrêmement bien écrite !

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Devil's DAY #2 à Barsac (33) les 18 et 19 mai 2024
  • Seisach' metal night #5 et les 20 ans de COREandCO !
  • Bongzilla + Tortuga + Godsleep à Paris, Glazart le 14 mai 2024
  • Seisach' metal night #5 et les 20 ans de COREandCO !