Beyond Paranoid - Dead Meat

Chronique CD album (29:34)

chronique Beyond Paranoid - Dead Meat

Ce n’est pas si fréquent que cela, alors signalons-le : le label Razor To Wrist s’apprête à accueillir 2 nouveaux groupes en son sein. Ce qui représente quand même une hausse de 40% de ses effectifs (allez les matheux, on pause l'équation : combien de formations cela fait-il au total ?). L'occasion ou jamais d'apporter un peu de sang frais à une maison respectable qui ne livre certes que de beaux produits, mais dont 80% des protégés abritent en leurs rangs la paire Todd Smith & Jasan Stepp. Si si, vérifiez par vous-mêmes : Dog Fashion Disco, Polkadot Cadaver, El Creepo!, Knives Out!... Seul Celebrity Sex Scandal fait exception à cette règle d’hyper-omniprésence (… quoique trois de ses membres ont participé – ou participent encore – à l’aventure DFD). Alors, qui sont ces nouvelles recrues qui vont faire souffler un vent nouveau sur l’Amicale des Dépressifs Scarifiés ? In The Blind, nouvelle progéniture de Jasan Stepp, et Beyond Paranoid, l’objet de nos présentes attentions, projet lui-même monté par… Todd Smith et Jasan Stepp. Avouons-le : on a rarement vu taux de consanguinité aussi élevé, à part peut-être en… Hum, non, ne nous fâchons pas avec cette frange de notre lectorat qui, après tout, a tout à fait le droit d’aimer avec la même intensité le Porn Grind et sa petite sœur.  

 

Si vous avez lu l’interview que les deux trublions du Nawak from Baltimore nous ont accordée, vous avez peut-être salivé en découvrant les intentions affichées par ceux-ci. Car Beyond Paranoid y était annoncé comme un groupe voué à faire revivre l’esprit des premiers Suicidal Tendencies. Et honnêtement, un Todd à bandana faisant le mariole sur une rampe de skate, ça pouvait laisser présager du bon, du beau, du bonheur. Pourtant, quand on lance Dead Meat sur la platine et qu’on découvre « Wet Markets », la toute première piste, on a un peu ce même genre d’impression que quand on se raccroche à une nouvelle série à partir du 4e épisode : « Bordel c’est quoi ce cirque ? » Bah oui : ils sont où les gangsta chevelus censés jouer à celui qui a le plus gros tatouage ? Elle est où la sueur ? Elle est où la rage revendicatrice ? Parce qu’en fait de tout cela, on se retrouve dès les premières secondes à détaler dans des souterrains suintants et mal éclairés, avec sur les talons ce genre de détraqué dont on ne veut pas trop savoir s’il a décidé de déguster nos sous-vêtements à la vapeur ou s’il préfère se mitonner un œuf à la coque avec en guise de mouillette un plug anal et en guise d’œuf notre globe oculaire droit. Alors OK, pour ce qui est des tendances suicidaires, on peut comprendre le lien. Mais où ils sont les décors de Venice Beach ? Et il est où Mike Muir ?

 

Là où on pourra trouver un brin de cohérence, c’est qu’on retrouve bien ici cette Polkadot Cadaver’s touch typique que l’on a appris à savourer. Cette agressivité larvée. Ces torsions vicieuses mais pas complètement désagréables. Cette cave secrète où est enfermée la célèbre « Chloroform Girl ». Et allez, soyons fairplay : c’est vrai que vers 2:21, c’est bien une sorte de Crossover Thrash mid-tempo qui débarque entre nos oreilles.

 

… Alors voyons voir ce que les 8 titres suivants nous réservent.

 

Aaaaah, eh bien voilà : « Night Stalker » déboule dans un mode Punk Rock bien véloce, plus raccord avec ce que l’on attendait. Mais le titre s’englue ensuite dans un bas-côté typique de la paire aux commandes. L'ensemble est mouvant, la basse grésille sympathiquement, puis le refrain s'ouvre sur un métissage mariant une mélodie et des Nanana que les DFD-fans trouveront familiers avec une rythmique basique plus typée Punk à roulettes. Au final le morceau s'avère assez conforme à ce que l’on attendait de Beyond Paranoid. Et la suite se révèle encore meilleure, « Alien Summer » alliant un Metal coreux raisonnablement vénère avec quelques farfeluteries dont les loustics ont le secret, et surtout de fabuleux décollages mélodiques.

 

Honnêtement tout cela est loin de nous donner envie d’entonner des ST, ST, ST! enfiévrés. Par contre ces titres offrent de superbes nouveautés typiques de ce à quoi Messieurs Smith et Stepp nous ont habitués. Et les amateurs que nous sommes en profitent donc à plein !

 

La suite sera par contre un peu plus fluctuante. En termes de kiff et de style. Si « Gallows And Guillotines » enfile avec brio la tenue du combattant de rue, et si « Her Name Is Death » nous séduit malgré la perte de son bandana sur la route qui le conduit à la sombre masure de Pokadot Cadaver, la fin du trip sera moins vivifiante, plus fuyante. Car malgré sa superbe ligne de basse, « Toxicology Report » s’avère retors, peu accueillant, et plein de ces mélodies tout de guingois comme on en a déjà entendues lors des trips les plus vicieux entrepris précédemment par les deux amis. « Brains Blown Out » est lui aussi assez tortueux, même s’il accepte de laisser s’exprimer le gorille qui sommeille en lui lors de démonstrations plus moshy.

 

N’empêche, ça passe bien.

 

Par ailleurs, bien que super court – il ne dure même pas une demi-heure –, l’album propose deux reprises. Un « Memories Of Tomorrow » lapidaire, fidèle à l’énergie du Suicidal Tendencies des débuts, mais dogfashionisé par une intro en forme de courte séance de scat Nawak. Et puis plus loin, petit plaisir complètement inattendu au vu du but annoncé : le groupe reprend le « Red Hot » de Mötley Crüe sans en modifier le moindre poil de fion. Du Glam, donc. Sur un album de Crossover Skate pondu par un groupe de Dark Psycho Bungle Metal. Vous voyez la cohérence vous ? Moins non plus. Mais après tout, à quoi bon vouloir absolument trouver une logique à tout ça...

 

Alors voilà : on s’attendait à du « Todd Muir Skatecore » finaud qui joue de la batte avec un sourire en coin. Et on accueille finalement un petit-frère de Polkadot Cadaver un peu bagarreur, livré sans fioritures excessives – ni cuivres, ni clavier – mais agité de ces tourments psycho-nawak qui inquiètent un peu mais n’empêchent nullement l’éclosion de belles mélodies. On pourrait être un peu frustrés, sauf qu'on prend un plaisir certain à l'exercice. Du coup, au lieu de se demander pourquoi diable il aura été nécessaire de pondre un nouveau projet pour proposer ces nouveaux titres (hum : en fait n’est-on pas en train de se le demander là ?) et comment ST a-t-il pu inspirer un tel album, on se laisse aller au plaisir immédiat, en restant sur notre impression précédente. Impression qui est la suivante : on peut décidément acheter tout ce que ces mecs proposent sans se poser de question, c’est toujours aussi bonnard !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: on nous avait annoncé Beyond Paranoid comme une célébration du Suicidal Tendencies des années skateboard. Le projet de Todd Smith et Jasan Stepp s’avère en fait beaucoup plus proche d’un Dog Fashion Disco bagarreur et sans fioriture qui aurait hérité des problèmes psychologiques de son frérot Polkadot Cadaver. Le résultat est donc un peu inattendu, un peu trop court… Mais au final assez délectable !

photo de Cglaume
le 09/11/2021

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