Bootsauce - Bull

Chronique CD album (52:14)

chronique Bootsauce - Bull

Puisque l’actualité continue d’être particulièrement chiche en termes de sorties Funk Metal, c’est une fois de plus autour de la grande malle poussiéreuse des 90s qu’on va passer ensemble un bout de dimanche. Au menu du jour, un fier représentant de la deuxième division du genre, en provenance de Montréal. Pas de la « deuxième division » au sens « sympa, mais le soleil aurait-il brillé moins fort sans eux ? », non, bien que les rares chroniques évoquant Bull sur le web soit assez mitigées. Il est question ici de « deuxième division » signifiant « Bout d’sauce ? Boude Sox ? Tu pourrais articuler STP ? », autrement dit ce rassemblement de groupes dont la musique traîne sur trop peu d'étagères et de disques durs, et donc peu connus du « grand public Metal ». Car en-dehors de petits cercles de fétichistes raffinés, le groupe ne jouit pas d’une folle notoriété de ce côté-ci du Saint-Laurent. On peut le dire : ils ne sont pas nombreux ici ceux qui ont suivi les matches remportés par la fine équipe canadienne.

 

Mais passons aux présentations, il se fait tard.

 

Bootsauce nous vient donc de la patrie de François Pérusse, Robert Charlebois et Cryptopsy. À son crédit on compte 1) plusieurs nominations aux JUNO – des Victoires de la Musique locales – et même l’obtention de l’un d'eux pour leur reprise de « Everyone's a Winner », 2) des signatures sur de gros labels (Island Records pour l’album évoqué aujourd’hui) 3) une trajectoire en phase avec les groupes issus de sa scène et de son époque, puisqu’il n’aura pas franchi le cap de l’an 2000 – 4 albums, 3 EPs, une compil’, et hop, ciao bello !

 

Bull, deuxième album de la Sauce à la Botte, est considéré par beaucoup de « ceux qui savent » comme la meilleure sortie des mectons. Vous avez donc la réponse à la question que vous ne m’avez pas encore posée : « pourquoi cet album plutôt qu’un autre ? » Et sincèrement, j’ai du mal à comprendre ces papiers peu amènes qui, tantôt critiquent le manque de cohérence des 13 morceaux, tantôt leur reprochent de ne pas être assez marquants. Car la qualité de ces 13 pistes est constante – même si certaines compos brillent plus que d’autres –, leur accroche tout autant, ceci bien que le groupe n'hésite pas à s’aventureux sur des terrains parfois relativement accidentés, le Funk Metal n’étant ici qu’une base, pas une fin. D’ailleurs même le terme « Funk Metal » semble presque inapproprié : en effet il s’agit presque plus de Rock que de Metal, et parfois presqu’autant de Soul que de Funk – c'est que ces chœurs et ces occasionnelles interventions de divas sonnent très Motown. Conséquence logique de ce positionnement stylistique : pas mal de titres pourraient tout à fait plaire à de purs fans de Funk, voire même à l’auditeur de radio lambda (cf. la séance Lionel Richie & Tina Turner de « Whatcha’ Need »).

 

Une chose est sûre : Bull fait preuve d'un côté génialement farfouilleur qui le rapproche de l’excellent Hula! des Freaky Fukin Weirdoz, voire de la discographie de Waltari (à noter d'ailleurs la similarité vocale de Drew avec Kärtsy sur « Outhouse Quake ») : ça part dans tous les sens, mais ça retombe toujours brillamment sur ses pattes. Parmi les « excentricités » les plus notables on mentionnera une inclination légère mais notable pour la froideur mécanique de l’Indus (cf. les tout débuts de « Touching Cloth » et « Whatcha’ Need »), l’escapade Hardcore / Rap de « Touching Cloth » (sur lequel on peut également entendre le regretté Mike Howe de Metal Church), la froideur de « The 13th Psalm » (retour par la case Indus) dont les vocaux sont constitués de messages laissés sur un répondeur, ainsi que le virage plus pur Hard Rock de « Hold Tight » (qui voit la participation discrète de Lemmy et Phil Campbell from Motörhead).

 

Mais évidemment la pédale wha-wha n’est jamais bien loin, la basse slappe sa mère comme si elle auditionnait pour le prochain Infectious Grooves, trombone et trompette montent parfois le thermostat d’un degré ou deux, et la prod’, légèrement synthétique, balance de pleins seaux de paillettes et d’échos moelleux comme si on était en pleine transition entre 80s et 90s, et qu’on avait encore en poche les billets des séances au cours desquelles on avait maté les 2e épisodes de Ghostbusters et Gremlins... Et pour vous le dire comme je le sens, c’est le gros panard ! Notamment sur le premier titre / premier single « Love Monkey #9 », qui lance la boule à facettes avec suffisamment de force pour que la rotation tienne la petite heure que dure l‘album. Sur « Big, Bad & Groovy » également, titre plein de reflets brillants, de doigts qui claquent et de chœurs sexy. Sur la gouaille canaille et décontractée de « Dogpound » encore. Mais aussi sur « Rollercoaster's Child », nouvelle cover offrant une adaptation ultra boostée du « Love Rollercoaster » des Ohio Players.

 

Bref, Bull est le genre d’album à propos duquel on n’a pas envie de conclure. Enfin je parle là de conclure la chronique, parce qu’on n’a aucune envie d’en arriver au bout, de lâcher le clavier et les écouteurs pour passer à autre chose. Par contre si vous avez besoin de conclure avec Miss Mini-Jupe ou Mister Chemise-ouverte, n’hésitez pas : ces 13 titres sentent à plein nez les sous-vêtements moites et les draps trempés de sueur !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: envie d’un album de Funk Metal aussi Soul que Funk et aussi Rock que Metal, qui met de l’huile dans la vie, de la chaleur dans les soirées "belote & capote", et qui n’a pas peur d’expérimenter un brin sans jamais perdre de son sex-appeal ? Alors cap sur 1992, en direction de Bull, 2e album de Bootsauce.

 

 

 

photo de Cglaume
le 05/02/2023

5 COMMENTAIRES

lelex7986

lelex7986 le 05/02/2023 à 18:13:33

Acheté à l'époque surement après une chronique (moins bonne que celle-ci, pas de doute) lue sur un bout de papier. Album complet et varié dans le style, même si je trouve le chant un peu limite, je n'ai jamais remis la main sur d'autres disques de ce groupe, mais ça me donne envie d'aller jeter une ou deux oreilles maintenant.

cglaume

cglaume le 05/02/2023 à 18:52:16

Chronique de The Brown Album à venir 😉

Patton666

Patton666 le 29/03/2025 à 08:39:51

Acheté après la lecture de Hard Force mag' à l'époque qui lui donnait la note maximale. Ils avaient fait 1 dossier fusion sympa. Le hic avec cet album: une batterie électronique dépassée et les arrangements sont assez kitsch parfois. Au regard de la foisonnante scène "fusion" de l'époque. Cool cette chronique !!!

Patton666

Patton666 le 29/03/2025 à 08:46:59

Acheté après la lecture de Hard Force mag' à l'époque qui lui donnait la note maximale. Ils avaient fait 1 dossier fusion sympa. Le hic avec cet album: une batterie électronique dépassée et les arrangements sont assez kitsch parfois. Au regard de la foisonnante scène "fusion" de l'époque. Cool cette chronique !!!

cglaume

cglaume le 29/03/2025 à 10:39:11

Merci 🙏 On essaie de ne pas laisser s'éteindre la flamme du Funk Metal 🙂🕺🏼

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