Freaky Fukin Weirdoz - Hula!

Chronique CD album (1:02:05)

chronique Freaky Fukin Weirdoz - Hula!

Je ne vais pas m’escrimer des heures à tenter de vous convaincre, il y a de toutes façons de bonnes chances pour que l’on soit déjà sur la même longueur d’ondes: l’Allemagne est une grande nation du Metal. Ja. Certes cela est plus flagrant si l’on est fan de Heavy ou de Thrash, mais au-delà de ces 2 chapelles les Scorpions (oui), Necrophagist, Disillusion, Rammstein, Secrets of The Moon ou encore Caliban – pour ratisser large de par les sous-genres – ne sont que quelques noms parmi tant d’autres qui rappellent la place importante qu'occupe notre voisine germaine dans le conseil administration de la World Metal Inc. Par contre, côté Nawak Metal, il faut bien le dire: c’est pas folichon-folichon. On a bien de-ci de-là un peu de Captain Zorx, de Knorkator, des groupes de Kross-Plagues-Pas-Fines Metal grognant uniquement en teuton… Mais rien de bien solide à mettre en face des scènes américaine, australienne, ou même française.

 

Et puis là, BAM: qu’est-ce que Mme Internet vient me coller sous le nez? Freaky Fukin Weirdoz, groupe de Munich présenté comme le pionnier de la Fusion d’Outre-Rhin. Sauf que malgré 7 albums, des collaborations prestigieuses – dont une avec Nina Hagen – et de nombreux shows en première partie de Faith No More ou des Bad Brains, les lascars ont définitivement lâché l’affaire. Ach, déjà kaputt? Mais ce n’est pas un split qui va décourager votre serviteur de s’envoyer du pétillant dans les esgourdes... Du coup clic-clic dans le panier, et hop: Hula! (6e album du groupe, et l’un des mieux notés sur rateyourmusic.com) prend un aller simple pour Lapinville en 1e classe sur Air Amazon.

 

Arrachage du film plastique avec les dents, transfert du boîtier cristal vers le mange-disque laser... A vos marques, PLAY, partez!

... Palsembleu de nom de nom d’un p’tit pet d’carpe. Mais c’est COMPLETEMENT GENIAL!

 

 

Freaky Fukin Weirdoz n'est pas le groupe de Rap-, Funk- ou Circus-Metal classique. On ne peux pas se contenter de parler de lui comme d'un disciple doué de Faith No More, d'Infectious Grooves ou de Mr. Bungle pour torcher la description de son identité musicale. Les Allemands sont trop éclectiques, piochent dans trop de bonbonnes. Cette diversité et l'accroche dansante qu'ils développent les rapprochent surtout de Waltari, à cela près qu'il faut encore y ajouter la gouaille rétro et le groove goguenard de That Handsome Devil, des riffs Thrash Indus dodus à la Prong, le soleil des musiques afro, une poignée d'excès psycho plus nettement Nawak, ainsi que quelques trips franchement planants. Pour les ceusses que ça laisserait dans le flou, il faut imaginer que l'album commence sur des vapeurs d'encens typés Secret Chiefs 3 dont les volutes accueillent vite un refrain HipHop indolent et une gratte abrasive. Il faut ensuite comprendre que le rejeton de Mike Patton et Kärtsy qui s'égosille sur la Fusion Thrash virulente du début de « Universal Ingenuity » va laisser la place en fin de morceau à un véritable sentiment de malaise lors duquel des voix datées égrainent en Français des niaiseries éducatives pour enfant de colon. Il faut se dire que le morceau Ragga Metal indolent « Roots Dem » est traversé par d'incessants « Pam Pam, Palam-Palam » qui donnent in fine l'impression qu'on est en train d'écouter un morceau des Ludwig Von 88. Il faut encore se figurer l'improbable mélange Elvis Presley / Chuck Berry / Thrash Metal offert par le morceau-titre...

 

C'est aussi génial et bordélique que l'atelier de bricolage de Gaston Lagaffe, oui. 

 

Et quand la visite arrive à son terme, il nous reste dans la caboche les paysages de déserts Tarantinesques de « Song for the Water », la folle sarabande psychotique « We're De Delix », le tube Rap Metal « Chaos » (en collaboration avec des mecs de Brooklyn Zu, dans l'esprit de la B.O. de Judgment Night), ainsi que la reprise Nawak excellemment furieuse du « Surfing Bird » de The Trashmen. Et je suis drôlement réducteur en me cantonnant à cette courte liste.

 

Soyons clair: le fait qu'Hula! ne figure jamais dans les listes du type « Les 20 meilleurs albums de Fusion de tous les temps » que les mags, zines et bouquins aiment dresser parfois est une injustice absolue. Il est rare qu'un album soit à la fois aussi accrocheur, riche et personnel. Il va sans dire que je me fais un devoir de découvrir leur discographie pour vous en reparler ici sous peu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: ALERTE DECOUVERTE PEPITE!!! Les Freaky Fukin Weirdoz sont réputés être les pionniers de la Fusion d'Outre-Rhin. Et à l'écoute de Hula! 1) on le croit sans mal, 2) on n'arrive pas à comprendre comment autant de talent n'a pas réussi à traverser la frontière plus tôt. Pour un mélange de Waltari, That Handsome Devil, Prong, et de tout ce qui rend la Fusion et le Nawak Metal tellement sexy, ne cherchez pas plus loin!

 

photo de Cglaume
le 01/07/2018

1 COMMENTAIRE

U-Boot-zilla

U-Boot-zilla le 22/02/2022 à 17:15:05

Salut,

Fin 97 était diffusé sur Arte un doc (dans Tracks? je ne crois pas) sur le "crossover", comme on appelle la fusion allemande. Au milieu des - à l'époque connus- H-Blockx, à côté de Such a Surge qui balançait un titre sur un célèbre jeu de snowboard, le docu mentionnait la position de pionnier de FFW, (avec des extraits de Homeboy et de Bitch Make Sandwich). Tout ça semblait anecdotique, tant qu'à faire européen, Urban Dance Squad était plusieurs niveau au-dessus.
Je suis tombé quelques années plus tard (vers 2002) sur Hula, dans un bac d'occase, que j'ai acheté sur souvenir de cette prestation.
Ce qui me fascine dans cet album, c'est qu'on ne sait jamais comment va finir le morceau d'après son intro ou même son refarin.
On y trouve tout ce qui peut déplaire dans la conception allemande du rock (en général): la fascination pour Elvis (vachement plus prégnante avant 2005 et la migration des faux dinners aux bars hipsters), le phrasé rap blanc 80's (hérité de Falco? Hagen?) lui aussi assez commun dans le hip hop allemand de l'époque avant l'invasion d'un flow traînant moins east coast, les riffs avec pas trop de notes (rappelons qu'un Ramone sniffait de la colle dans sa jeunesse aux environs de Baden Baden) les riffs avec beaucoup trop de notes et très carrés voire sans groove... mais aussi les longues impros psychés héritées du kraut rock et ses précédents hippies... les pot movies direct-to-video qui sortaient sur grand écran là-bas, bref, toutes plusieurs époques de teutonneries fédérées dasn un même concentré soit inécoutable, soit hilarant, soit génial, soit un peu de tout.
J'en mets souvent un morceau (jamais l'album entier) à celleux qui ont des certitudes sur la culture musicale allemande...

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