Burner - It All Returns to Nothing
Chronique CD album (33:55)

- Style
Hardcore grindisant / Mathcore / Bagarre - Label(s)
Church Road Records - Date de sortie
23 juin 2023 - écouter via bandcamp
Vous avez pu vous préparer à un été caniculaire, où pas mal de choses vont probablement cramer ?
Et bien peu de temps après la récente contribution d'Incendiary au retour de flammes, c'est depuis South London qu'arrivent les petits gars de Burner, dont le patronyme révèle leur chaleureuse inclinaison.
Et attention, il s'agirait de ne pas les confondre avec pas mal d'autres formations qui portent le même nom mais oeuvrent dans un registre radicalement différent : je souris rien qu'à l'idée que les fans du Burner NWOBHM ou du Burner stoner rock tombent sur ce Burner-ci. Il y a des chances que tout cela mène à une forme de combustion spontanée.
Parce que là, plus que les solos fuzzés gentillets et une calvitie naissante, c'est clairement plutôt la b-a-g-a-r-r-e totale et une baisse radicale de l'espérance de vie qui rythme le propos sur ce premier album It All Returns To Nothing.
C'est sur les bons conseils de Katie de Pupil Slicer, lors de notre interview avec elle que je me suis intéressé au combo londonien, puisqu'elle parlait du fait que l'on aimerait probablement beaucoup si on appréciait leur boulot avec Pupil Slicer, avec des tendances à la Nails.
Et bien bingo, en plein dedans. Et quelle ne fût pas ma joie de découvrir que Burner étaient justement sur le point de sortir cet album !
Bref donc, après un EP (A Vision of the End) déjà très bon l'année dernière, Burner développent ici leur formule de hardcore très sombre et largement matiné d'influences deathgrind tout en n'oubliant absolument pas d'intégrer aussi la violence sous sa forme matho-chaotico-technique dans ses rythmiques faites pour.... bah pour tout éclater, en fait, et en tentant d'y mettre le plus de formes possibles.
Avec une prod très propre tout en ayant un côté parfois bien cradingue à la Cursed / Nails, un son de kick vraiment pas content, cet album a été une sorte de coup de foudre pour moi.
Et si l'on ressent bien les influences de Converge (la batterie très Ben Köller du début de « Struggle Session », l'instrumentale et première vraie respiration « Trinity » qui pourra faire penser à « First Light », les riffs hâchés de « Prometheus Reborn »...), j'ai vraiment l'impression que c'est sur un autre terrain que s'aventurent Burner.
Frôlant en de nombreux points les territoires du hardcore grindisant de Cult Leader ou la violence de End, je n'ose même pas imaginer la claquasse absolue que doit asséner le groupe en live. Bien que les morceaux aient généralement tendance à être courts, ou en tout cas pas longs, il s'y passe tellement de choses que l'on a presque l'impression que le skeud dure plus que ce qu'il en est en réalité.
Du gros hardcore beatdown tendant sur le death, de la rythmique syncopée à souhait qui vient effectivement souvent rappeler les potes de Pupil Slicer, et ce dès le premier morceau « Hurt Locker » (mais aussi « Pyramid Head », « Pillar of Shame », « The Long March », etc...), ou d'autres groupes de cette vibe chaotique, de gros breaks bieng veneres comme on les aime, sans pour autant s'y attarder très longtemps avant de repartir à l'assaut d'un autre côté, des parties plus clairement blackenisées (les gros blasts de la fin de « It All Returns To Nothing » agrémentés d'un joli 'bleuagh', le plus long « An Affirming Flame » et ses côtés 'post' bien marqués, le début de « Pyramid Head » qui viendra s'engouffrer dans le d-beat ensuite, « Pillar of Shame » qui alterne entre blackened et du mathcore grindisant à gros drops...), les riffs s'enchaînent et ne se ressemblent pas, avec toujours un nouvel angle d'attaque près à nous tomber sur le coin de la gueule.
It All Returns To Nothing est tellement bourré de diversité et de nuances, de choses à assimiler, qu'on espère que Burner ont laissé un peu de riffs pour les copaingues, parce qu'à ce rythme là, les quotas pour 2023 seront vite atteints.
Au final, très peu de respirations viennent nous ressortir la tête de la gadoue, et la dualité du chant vient encore rajouter à cette sensation de cavalcade éperdue et de fuite en avant à la recherche du prochain riff avant l'apocalypse.
Ce qui est d'ailleurs plus ou moins la thématique des paroles : une sorte de révolution par l'apocalypse, une désillusion totale et une amertume viscérale envers les destructions provoquées par les vélléités d'accumulation de pouvoir et de capital à l'oeuvre depuis trop longtemps déjà, que ce soit considérant les rapports sociaux ou l'exploitation de la nature. Et on peut dire que le son colle au poil aux mots.
Bref, It All Returns To Nothing devrait parler sans problème à celles et ceux pour qui l'équation Cult Leader + End + Nails + Pupil Slicer provoquerait des picotements d'excitation plutôt que le désir de s'enfuir à toutes jambes.
Appliquant à merveille la stratégie de diversité des tactiques pour leur entreprise de destruction, dans un élan de violence créatrice, Burner offrent ici un disque radical, dans la forme comme dans le fond, qui devrait franchement faire parler d'eux auprès des microcosmes s'agitant dans cet univers musical. Personnellement, je peux déjà annoncer une présence de Burner dans mon #top2023.
A écouter en recheckant la définition des mots « amertume » et « colère ».
9 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 25/07/2023 à 09:38:35
La chro retranscrit l'album au poil mais le côté mathcore et les gimmicks sur la voix ne passent décidément pas pour moi.
lapaju le 25/07/2023 à 14:32:05
J'adore leur son.
Ça tourne en boucle en ce moment à la maison.
noideaforid le 25/07/2023 à 17:23:01
C'est tout le contraire pour moi, le côté mathcore et la voix d'apprécier le hardcore/grind.
Super chronique en tt cas ;)
AdicTo le 26/07/2023 à 06:14:18
Je trouve aussi dans la « dualité du chant » quelques similitudes avec le vocaliste de Telos.
Album diversifié mais très cohérent, j’aime beaucoup. Merci pour la découverte :-)
Freaks le 26/07/2023 à 09:51:13
Des boîtes, des boîtes et encore des boîtes...
Pupil slicer est décidemment un groupe a prendre très au sérieux.
Dams le 26/07/2023 à 11:41:08
Et encore une belle branlée HxC, décidément ces derniers temps sont intenses !
Pingouins le 26/07/2023 à 17:02:20
@Crom Yep je me doutais bien que c'est trop chaotico-new school pour toi. Perso ça a tout pour me convaincre.
@lapaju : il te reste encore des meubles ? 😃
@noideaforid : merci ! Par contre j'ai l'impression qu'il manque des mots dans ton commentaire :p.
@AdicTo : oui j'ai pensé plusieurs fois à Telos aussi, et de rien, ça fait plaisir ce genre de mandales, comme Freaks et Dams le laissent entendre :)
noideaforid le 27/07/2023 à 10:59:32
J'en ai perdu mon latin avec l'album là. "C'est tout le contraire pour moi, le côté mathcore et la voix gimmick me permet d'apprécier le hardcore/grind.
Crom-Cruach le 30/07/2023 à 17:58:42
Perso pas entendu du Grind dedans.
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