Pupil Slicer - Interview du 21/04/2023

Pupil Slicer (interview)
 

Tout d'abord bonjour, nous sommes de CoreandCo, un webzine en France, est-ce que vous voulez vous présenter ?

 

Je suis Katie de Pupil Slicer, nous sommes un groupe du Royaume-Uni, pas loin de Londres, et nous jouons une sorte de mathcore / post-metal / grindcore / musique forte et criarde avec parfois un peu de chant dedans, et voilà, c'est nous !

 

Comment Pupil Slicer est né en tant qu'idée ? Avec des amis ?

 

Moi et le chanteur d'origine étions dans un autre groupe qui était un groupe de post-black metal à la Deafheaven, et notre bassiste avait un riff qui ne collait pas vraiment, c'était un riff plutôt typé grindcore, et puis j'ai pensé au nom Pupil Slicer. Et c'était beaucoup trop marrant pour ne rien en faire. Nous avons donc écrit une paire de morceaux à partir de ce riff qu'il avait fait, écrit notre premier EP et pensé « on a besoin d'un batteur ». Donc nous avons simplement appelé le batteur de l'autre groupe dans lequel nous étions, à savoir Josh, notre batteur actuel, et nous avons fait ce premier EP.

 

Le tout en partant d'un seul riff ?

 

Oui, puis nous avons travaillé sur ces idées et le chanteur d'origine est parti, il n'y avait donc plus que moi et Josh dans le groupe. Mais on nous proposait des concerts parce qu'on avait un nom rigolo, et donc on a pensé « bon, on pourrait garder le nom et essayer de voir où ça nous mène ». J'aime beaucoup le mathcore donc je me disais qu'on devrait écrire du mathcore. Et puis Luke, notre dévoué bassiste, nous a rejoint peu après et comme il est techniquement très bon on se disait « ok, tout va bien se passer ».

 

Pupil Slicer

 

Nous sommes ici au Roadburn, qui est un festival assez particulier. Est-ce que ça signifie quelque chose de spécial pour vous de jouer ici ?

 

C'est très cool de voir les différents types d'audience qui peuvent apprécier ce qu'on fait, parce qu'on est ici dans un côté peut-être un peu plus intellectuel, post-metal et expérimental de la musique, ce qui est très chouette à voir. Et c'est chouette d'avoir été ajoutés à l'affiche, et l'éventail des différences, parce qu'on a joué au Download cet été au Royaume-Uni, où les têtes d'affiches étaient Metallica, Slipknot et Bring Me The Horizon, donc un type de groupes plus mainstream. Et c'est très bien qu'il y ait aussi des gens qui puissent nous y apprécier mais ici... c'est un festival où je suis déjà venue personnellement, c'est le genre de choses où je vais, et j'apprécie beaucoup des groupes programmés.

 

Oui, tout est incroyable, même si tu ne connais pas les groupes, tu sais que ce sera quelque chose de qualitatif.

 

Tout est super, il y a vraiment une belle qualité de création ici.

 

Par contre, si des gens viennent voir votre concert sans savoir ce qu'ils viennent voir, ils risquent d'être un peu surpris, parce que vous êtes un peu plus.... directs, disons.

 

Un peu plus directs en effet ! Avec un tempo un peu plus rapide que beaucoup de formations ici.

 

Votre album Mirrors est sorti il y a deux ans et a pris un peu tout le monde par surprise, parce que personne ne le voyait venir. En-dehors des influences assez évidentes de The Dillinger Escape Plan, quels autres groupes ou styles de musique pensez-vous vous avoir influencés ?

 

Très certainement Converge, Deafheaven, mais aussi des groupes plus expérimentaux comme Nine Inch Nails ou Radiohead. Et Botch, ce n'est pas un groupe de mathcore mais nous aimons beaucoup. Et puis j'aime beaucoup d'autres styles de musique. Par exemple, j'aime beaucoup Sunn O))) et beaucoup de musique électronique, et la pop aussi, donc... Je pense que l'influence pop se fait un peu sentir, dans mes refrains et certaines choses, comme la façon dont je structure les chansons.

 

Ces dernières choses ont l'air plus présentes sur les nouveaux singles, et peut-être sur votre nouvel album, qui sort le 2 juin. Votre premier single « Blossom » était très différent de ce à quoi on pouvait s'attendre après Mirrors, nous nous demandions donc si il s'agissait d'une nouvelle direction prise par Pupil Slicer ou s'il s'agissait simplement d'un morceau particulier au milieu d'un chaos grindy-mathcore ?

 

C'est la raison pour laquelle nous l'avons sorti en premier ! Parce que nous voulions que les gens en parlent et se demandent ce qu'il se passe ou ce qui allait se passer. Mais oui, dans l'ensemble, l'album est essentiellement à base de hurlements et de blastbeats, ne vous inquiétez pas pour ça [rires].

Nous voulions juste sortir quelque chose qui ferait l'objet de discussions et qui intéresserait les gens sans dévoiler le reste de l'album. Puis le second single (« No Temple ») était plus proche de ce à quoi les gens s'attendaient de notre part. Le troisième sera en gros à mi-chemin entre les deux.

 

Pupil Slicer

 

Quel est le processus d'écriture chez Pupil Slicer ? L'un ou l'une d'entre vous écrit les paroles et la musique, ou bien s'agit-il d'un processus plus collectif ?

 

C'est généralement moi. J'écris les paroles et à peu près tout. Même si sur Mirrors, c'était vraiment plus moi qui écrivait tout, les parties de batterie, de basse... Sur ce nouvel album, c'est un peu plus partagé, parce que nous savons un peu mieux comment tout le monde travaille, donc je peux donner les parties de basse et de guitare au batteur, qui ensuite renvoie des plans de batterie. Et j'ai beaucoup aimé ses parties de batterie dès le premier coup, alors qu'avant, c'était plus compliqué de comprendre où nous voulions aller dans tout ça. Donc c'est un peu plus collaboratif sur cet album.

 

En ce qui concerne les paroles, est-ce qu'il y a une thématique particulière sur laquelle vous écrivez sur cet album à venir, ou bien différentes choses pour les différents morceaux ? Quelle approche avez-vous ?

 

Blossom est un concept-album. C'est une sorte d'histoire de science-fiction. J'ai utilisé Downward Spiral de Nine Inch Nails en tant que référence de ce qu'est un bon concept album, puis j'ai essayé d'en faire ma propre version en incluant des choses comme 2001 l'Odyssée de l'Espace ou des jeux vidéo comme Final Fantasy 14 et Outer Wilds, pour une sorte d'album de grande parade de science-fiction. C'est une histoire mais il y avait aussi des histoires dans les chansons du premier album, avec des métaphores.

 

J'ai vu que vous faisiez du gaming en effet, donc cela influence votre écriture avec le groupe ?

 

Tout à fait !

 

Si vous pouviez jouer avec un groupe de votre choix, passé ou présent, celui avec qui vous rêveriez de jouer, qui serait-ce ?

 

[en moins d'une seconde] : The Dillinger Escape Plan.

 

Bam, The Dillinger Escape Plan, sans aucun doute.

 

Aucun. Ca a été le groupe avec lequel je rêve de jouer depuis longtemps. Mais en même temps, je ne suis pas sûre, parce qu'on pourrait avoir l'air mauvais à côté d'eux. Ils seraient là : « oh, qu'est-ce que c'est que ce groupe ? » [rires]

 

J'imagine qu'ils aimeraient ce que vous faites !

 

J'espère !

 

Pupil Slicer

 

Pour rebondir sur The DEP qui pourraient apprécier votre musique, ce qu'on espère aussi, et comme nous aimons la musique underground, nous voulions vous demander, en tant que groupe un peu plus connu, si vous pouviez nous parler de groupes de votre scène locale, moins connus, et que vous pensez que nous devrions connaître et écouter ?

 

Burner, en Angleterre. Ils sont très cools. Nous sommes amis avec le batteur depuis longtemps. Je le connais parce qu'on a failli monter un groupe ensemble. Mais on ne l'a pas fait. C'est une machine et le reste du groupe est très fort aussi, assez similaire à ce qu'on fait mais peut-être plus proche de Nails et ce genre de choses. Et c'est un groupe vraiment, vraiment cool. Je pense que vous allez aimer : si vous aimez ce qu'on fait, vous aimerez. Très fort et rapide.

 

Celle-ci peut paraître étrange : quelle est la question que nous aurions dû vous poser, et quelle est votre réponse à cette question ?

 

Oh, pas mal, celle-ci !

 

Et difficile !

 

Difficile oui... Hmmm. La question que vous auriez dû poser aurait été : « Peut-on vous offrir un million de dollars ? », et j'aurais répondu « oui ! ». [rires]

 

Pupil Slicer

 

Désolé, je n'ai pas un million de dollars sur moi ! Comment vois-tu la scène des musiques extrêmes, avec ses problèmes et ses évolutions au cours des années ? Les situations sont différentes en France, en Angleterre, ou ici aux Pays-bas, mais nous faisons partie de ces scènes depuis longtemps, donc je pense que nous avons tous et toutes un regard là-dessus. La question est assez ouverte.

 

Au Royaume-Uni au moins, je pense qu'elle se porte très bien en ce moment. Il y a beaucoup de nouveaux très bons groupes qui se montent, et c'est bien de voir qu'il y a beaucoup de diversité au sein de ces groupes, avec de nombreuses personnes de la communauté LGBT, plus de femmes et plus de personnes de couleur dans les groupes, et c'est vraiment cool de voir ça.

Ces gens étaient déjà là dans la scène mais il leur était plus difficile d'avoir de la reconnaissance et de mettre leur musique en avant, parce que c'était une scène assez biaisée. Mais maintenant que c'est plus ouvert, ces groupes ont de meilleures chances de s'en sortir. Et ils devraient, parce qu'il écrivent de la bonne musique. Donc oui, la scène UK est vraiment bien en ce moment.

Et en même temps, la scène continue de s'agrandir, ce qui est positif, alors que l'industrie de la musique est dans la pire situation qu'elle ai jamais connu. Du coup, c'est vraiment dur pour les artistes de se maintenir et de trouver les moyens ne serait-ce que de partir en tournée et de jouer des concerts, en devant souvent mettre eux-mêmes la main à la poche pour pouvoir le faire, ce qui craint.

Ce serait bien d'avoir un futur dans lequel les gens qui soutiennent la musique et y apportent une reconnaissance voudrait dire que les artistes pourraient en faire leur principale activité. Je pense qu'il est difficile de contre-argumenter sur le fait que le streaming a négativement impacté la possibilité des gens de vivre de leur musique : plus personne n'achète de Cds. Moi non plus, je n'achète pas de Cds.

C'est beaucoup plus dur de vivre de sa musique, mais je n'essaye pas de donner des leçons : je n'achète pas de Cds, mais en même temps je voudrais que mes groupes préférés s'en sortent, donc... je ne suis pas sûre de comment faire, j'espère qu'il y aura quelque chose qui aidera à un certain point. Peut-être que si les pays se mettaient à aider leur artistes, avec des aides du gouvernement...

 

Je ne suis pas convaincu que les gouvernements du moment soient particulièrement intéressés dans le fait de soutenir les artistes, et encore moins ce genre de musique bizarre et underground qui sont les nôtres... Quelques derniers mots : vous aviez travaillé avec Pedram Valiani de Frontierer pour Mirrors. Est-ce encore le cas sur Blossom ?

 

Non, Lewis Johns a enregistré ce nouvel album. Il s'est occupé de notre dernier single, c'est lui qui a fait les trois derniers Rolo Tomassi et Employed To Serve, il est très bon. Nous sommes encore très bons amis avec Ped, c'est juste que nous voulions enregistrer dans un studio et Pedram n'avait pas ça de disponible en ce moment. Mais il est en train de travailler dans le studio, donc il pourrait en avoir un si un jour nous voulions y faire quelque chose.

 

Est-ce que vous pensez passer en Europe du Sud ou en France ?

 

Nous allons jouer à Chelles, je ne sais pas où c'est [dans la pièce : « au sud de Paris »]. Ah, ok, donc nous allons jouer près de Paris. Mais ce n'est pas que je suis mauvaise juste avec votre géographie, je suis mauvais en Angleterre aussi [rires]. Par exemple nous avons joué à Sheffield et j'étais là « je ne sais pas où c'est » : je m'assois dans le van jusqu'à ce qu'on arrive à destination et je dis « Ok, je ne sais pas où je suis, mais montrez-moi où est la salle ». [rires].

 

Merci pour votre temps, et à demain pour le concert !

 

 

 

- Photos par moland fengkov

photo de Pingouins
le 27/05/2023

2 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 27/05/2023 à 11:02:24

Putain de merde, ils vont jouer à Chelles?
Super interview en tout cas, merci!!!

cglaume

cglaume le 27/05/2023 à 21:52:49

Chouette interview en effet !

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