Chaos Over Cosmos - A Dream if Ever There Was One

Chronique CD album (01:04:34)

chronique Chaos Over Cosmos - A Dream if Ever There Was One

L’avantage d’un site comme rateyourmusic.com, c’est qu’on peut très facilement y trouver des personnes ayant des goûts proches des siens, et par le biais de ces âmes sœurs musicales faire de juteuses découvertes. En ce genre de lieu, il peut également arriver que, ayant constaté que vos goûts font de vous un fan potentiel de leur projet, des musiciens vous fassent du genou par MP interposés... La raison de ces tergiversations introductives ? Le suspense est loin d'être à son comble : c’est via ce biais que je suis rentré en contact avec Rafal Bowman, l’homme-orchestre qui tire les cordes de Chaos Over Cosmos (COC, CHOC, ou CHOCO pour les intimes). Contre toute attente, ce n’est pas ma passion pour Mr. Bungle ou Toehider qui a attiré ce virtuose polonais à la porte de mon jaune clapier, mais mon béguin pour Animals As Leaders. Et en effet, sur le troisième album de cette formation cosmo-chaotico-internationale (dans la mesure où le chanteur, qui doit sans doute travailler à distance, est américain) il est bien question : 1) des exploits d’un guitar hero particulièrement affuté 2) de Metal "moderne", dont la coloration futuriste peut conduire à tracer un parallèle avec Weightless, par exemple.

 

 

… Sauf que sur A Dream If Ever There Was One, il ne s'agit pas tout à fait du Prog/Djent en gants blancs de Tosin Abasi. Car si ce dernier devait être assimilé à un canapé sucré, type mousse de poires et figues sur croustillant au café, alors le registre de Chaos Over Cosmos se rapprocherait plus du pudding de loukoum dans sa croûte de Nutella.

 

En effet, le principal défaut de la grosse heure de cyber shred dont on cause aujourd’hui, c’est son caractère « légèrement » excessif. Ah ça, le Monsieur qui tient la guitare a un niveau hal-lu-ci-nant : vous avez rarement eu l’occasion d’entendre d’aussi tourbillonnants parcours de manche, croyez moi ! Mais le caractère systématique et étouffe-chrétien de l’exercice se heurte assez vite aux limites de nos capteurs auditifs, ainsi qu'à notre capacité de traitement musico-cérébrale de simples mortels. C’est inhumain ce que le Rafal fait avec son instrument ! Et il nous aide d’autant moins à digérer la chose que ses morceaux sont longs, et que le cadre dans lequel il nous arrose ainsi est particulièrement froid, de cette austérité glaciale dont font preuve certains univers SF déshumanisés – ce manque de chaleur s’exprimant notamment via une BAR extrêmement virulente (sur « la face A » surtout), une prod plus synthétique qu’un arôme de chez Haribo, ainsi que des nappes de clavier relativement généreuses (en particulier sur « la face B »). On navigue donc entre la télégraphie experte d’Animals As Leaders, l’étouffante volubilité de DragonForce, et le shred cyborg de Lex Talionis, le chant se partageant quant à lui entre vociférations androïdes à la Symbyosis et manifestations plus typées Teen Metalcore.

 

Le parcours des dix pistes de A Dream If Ever There Was One se fait donc la mâchoire béante et les yeux écarquillés pendant un gros quart d’heure – même si ça pique parfois un peu les chairs les plus sensibles. Puis l’usure commence à se faire sentir sur l’enchaînement des 8 minutes 37 de « A Mantra of Oppression » avec les 10 minutes 49 de « Ebb and Flow[ers] », bien que l’on remarque des efforts en termes de mémorabilité et d'apaisement du flot shreddesque. Par ailleurs, aïe aïe : on se rend progressivement compte que la fin de tracklist se colore de nuances rosâtres, le chant clair et les nappes de clavier imposant de plus en plus nettement leur présence… Jusqu’à un point où, en oubliant les pistes de chant, on aurait un peu l’impression d'expérimenter à nouveau cette impression de relatif gâchis ressentie lors de l’écoute des deux albums d’Etrange.

 

Le constat est-il donc si négatif ? Non, clairement pas, les excès de « Too Much » étant en partie compensés par un gros effet « Whaouuuu ! ». Mais on ne peut s’empêcher de penser que, canalisé par un producteur (ou un « Directeur artistique ») de bons conseils, ce skeud aurait pu éviter de louper en partie sa cible et se révéler bien plus létal. Quoi qu’il en soit ne vous arrêtez pas aux deux paragraphes et à la note ci-dessus : tentez l’expérience par vous-mêmes, en vous passant « Fire​-​eater » par exemple. Vous verrez : ça va bourdonner méchamment dans vos oreilles et votre cortex au terme de ces 7 grosses minutes de folie. Et il n’est pas interdit de penser que ça vous donnera alors peut-être l’envie d’en découvrir plus...

 

 

 

PS: seuls les 6 premiers titres proposent de nouvelles compos, les 4 dernières pistes étant des réenregistrements de morceaux plus anciens

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: en faisant la synthèse des registres d’Animals as Leaders, Lex Talionis, Symbyosis et Dragon Force, Chaos Over Cosmos prend un gros risque : celui d’épuiser l’auditeur en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Yngwie Malmsteen ». Le niveau de shred est affolant, on gravit des pics de BPM depuis lesquels on voit à des centaines de kilomètres à la ronde… Par contre à de telles altitudes, on manque vite d’oxygène. Et c’est le reproche principal – il y en a d’autres, lisez donc la chronique dans son intégralité – qu’on fera à ce 3e album d’un artiste diablement virtuose, à qui il ne manque que les bons conseils d’une oreille avisée pour arriver à mieux se canaliser, puis – logiquement – casser la baraque.

photo de Cglaume
le 23/06/2023

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