Chokebore - Falls Best

Chronique Vinyle 12" (14:35)

chronique Chokebore - Falls Best

Les retours sur le devant de la scène de groupes ayant connu un certain succès provoquent toujours des débats passionnés. « Ils font ça pour le fric », « ils n’ont plus rien à dire », « Chouette, je pourrai enfin les voir en concert », « ils n’avaient pas vraiment splitté », etc… Bien rarement, le fan avide estime que le groupe a juste choisi de prendre une pause. Dans ce dernier cas, c’est forcément suspect, avec une histoire de droits, de label, de managers, de drogues… Je parie mon cachet mirobolant de chroniqueur chez Core & Co que les raisons qui amènent Chokebore sur le devant de la scène en 2011 ne sont pas les mêmes qui accueilleront le retour de Black Sabbath en 2012 !

 

Discographiquement parlant, on peut dire qu’ils reviennent sur la pointe des pieds avec ce Falls Best. Cinq titres gravés sur la cire, et une kyrielle de concerts dans des petites et moyennes salles, soit résolument à l’ancienne. Dans le temps, on sortait un 45t pour mettre en route une tournée mondiale dans huit états aux Stééttts. Et Chokebore de rentrer un peu plus dans les canons du rock indé européen. C’est bien le premier constat marquant lié à ce retour, les polynésiens s’intègrent au mieux dans les sillons des scènes alternatives que l’on côtoie de plus en plus. Un petit format comme carte de visite (arf), la chaleur des scènes où l’on est encore proche des gens, on peut boire un godet au bar avec les musiciens. Des petits nouveaux qui débarquent en somme ! 

Bon, sortons tout de même de cette image d’Epinal,  Chokebore est une valeur sûre du rock depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Ils  ont même traîné bien longtemps le statut de Nirvana proche des gens. La faute à Troy Von Balthazar, chanteur habité, que l’on sent fragile, constamment à la limite de la rupture, et au trio détenteur du raffut qui l’accompagne.

 

Le hiatus qui a annihilé le quatuor pendant quelques années repose là.  La distance entre une certaine préciosité, plus prégnante, et une formule toute dédiée au rentre-dedans. Des cinq albums précédents, on note cette volonté de porter l’émotion au-devant en atténuant le ramdam. Une divergence qui fait toute la force du quatuor, une mise en abîme toujours soutenue. En 2005, ils s’octroient une pause, la faute à une formule qui ronronne et des démangeaisons plus acoustiques pour T. v. Balthazar.

En 2011, le groupe désormais franco-allemand (ils vivent tous entre Berlin et le Sud de la France) reprend les choses là où ils les avaient laissées, et ce disque par certains aspects apparaît même comme un chantier en cours de réalisation.

 

L’introductif «  Lawsuit » en laissera plus d’un des plus pantois. Ça démarre fort pour se ramollir aussi vite pour un titre bâclé, genre on fait tourner le riff et on verra bien. Sauf que là, on ne voit rien. C’est plat et limite plaintif. Du Chokebore sans inspiration si on excepte l’ajout des chœurs bien placés. Ce titre trouve pourtant une vraie dimension en live. « Get Blonder » s’appuie sur une rythmique bien appuyée, les chœurs toujours aux aguets. Bande-son idéale pour tapoter sur son volant, à l’arrêt dans les embouteillages. On retrouve le groupe dans sa formule préférée. Le « Police » du EP s’appelle « Defenders », une ballade sur fond distorée, la mélodie et la mélancolie dans les voix. Ah oui, ils peuvent nous en sortir douze à la dizaine des titres de cet acabit. On se perd dans les songes lorsque déboule le somptueux « Joy », l’une des plus belles compositions du groupe entre douce folie et regard posé. Un titre direct, pure et sombre qui donne des frissons et invite à la rêverie. Le format parfait d’une pop-song mélancolique. Le joyau de cette plaque. Dans un registre plus électrique, « Awesome » apporte le même enivrement.

 

Falls Best n’a pas les armes pour entrer par la grande porte dans la discographie du groupe, c’est pourtant sa réalisation et  son format (vinyle) qui on en fait un vrai événement. Demi-réussite sur le plan musical pour un contrat rempli pour le plaisir de revoir cet excellent groupe sur scène.

photo de Eric D-Toorop
le 24/11/2011

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