Cognizance - Phantazein

Chronique CD album (41:14)

chronique Cognizance - Phantazein

C’est peut-être un peu moins systématique que par le passé (amis des débats à 2 balles, chicanons gaiement !), mais globalement afficher « Willotip Records » sur un CD / à l’arrière d’un boitier reste un gage de qualité assez sérieux. Cela met en tous cas le présent chroniqueur dans de bonnes prédispositions. Et si cette écurie américaine a donc aidé Cognizance à trouver le chemin de mes tympans, c’est un deal win-win qu’elle a passé avec les Anglais, car de leur côté ce 3e album contribue à renforcer la haute estime que nous inspire le label de la « Pointe du Saule ». Et ce malgré cette pochette qu’on s’attendrait plus à voir affichée à Beaubourg qu’ornant le dos d’une veste de festivalier.

 

Cognizance – « conscience », par chez nous – a 12 ans déjà. Il devrait donc être au collège, s’il n’a pas trop redoublé. Dans un établissement de Leeds, a priori, autrement dit au beau milieu de cette monarchie qui fait tant rêver les résidents temporaires de la jungle de Calais. Après une triplette d’EP et deux albums sortis chez Prosthetic Records, le voilà prêt à illustrer la règle qui dit « jamais deux sans trois » (…alors que c’est l’inverse qui est inévitable, nous disent les mathématiciens). À son bord, pas de superstar du Rock-qui-blaste, mais des baguettes déjà croisées chez Obscura, Benighted et Hate : celles de David Diepold, dont le bureau est situé plus à l’est, en Autriche.

 

Au menu de cette décapitation papale commanditée par Lénine (je résume l’artwork pour les malvoyants qui traineraient ici grâce à ce genre de logiciel qu’on espère ne jamais avoir à utiliser), du Death méchamment technique, et joliment progressif. Le genre dont on fait des morceaux peu aisés à mémoriser, mais vers lesquels on revient avec une gourmandise non feinte. Le genre qui brille, voire qui nous force à interrompre le cours de nos activités tant ils nous tapent fort dans l’œil. Le genre, enfin, qui réconcilie les amateurs de belles mélodies avec la branlette de manche, les entrelacs de pistes, et les muses tourmentées.

 

Car Cognizance aime la mélodie, du moins celle qui galope sur le même type de destrier que chevauchait en son temps At The Gates (branchez-vous à 0:26 sur « Ceremonial Vigour », et faites abstraction du chant). Une mélodie à l’élégance rehaussée de beaux drapés sophistiqués. Pas autant que chez un Exocrine, qui se montre plus expérimental et plus brutal que les Anglais, mais dans des proportions comparables à une version Unique-Leaderifiée de Gorod (qu’on salue par exemple au début de « Chiselled in Stone »). Mais d’autres visages familiers nous sourient également le long de ces quarante minutes, comme celui de Dan Swanö, dont on croit parfois entendre le growl, période Infestdead. Ou celui du Cannibal Corpse le plus récent, qui passe rapidement nous saluer au début d’« Introspection ».

 

Pour tenter de vous convaincre d’aller gambader au pays de Cogni’, on vous suggérera deux morceaux – qui, j’en suis sûr, en amèneront naturellement d’autres. Tout d’abord « A Brain Dead Memoir », qui démontre la toute-puissance de cet impressionnant couple de guitares, mais aussi leur habileté à combiner accroche et partitions indomptables, mélodie et décrochages acrobatiques. Puis « Broadcast of the Gods », qui prouve que les émotions aussi ont toute leur place au milieu de ces riffs conçus sur papier millimétré.

 

C’est donc plus que jamais le moment de songer à changer de stimulant. Car la phantazéine réveille plus fort encore que la caféine, et stimule aussi sauvagement que la cocaïne. Alors arrêtez de faire confiance à Nesspresso et au vil Pablo : pour être sûr d'avoir les neurones au top, c’est Cognito qu’il vous faut !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: le Tech Death progressif, c’est ainsi qu’on l’aime : échevelé mais stimulant, complexe mais cohérent, mélodique mais trépidant. C’est pourquoi on ne peut que tomber sous le charme de Phantazein, troisième album de Cognizance qui consolide ses compos avec nombre de ces ingrédients nobles qui ont fait la renommée d’At The Gates, Gorod et leurs amis. Alors certes, le chemin parcouru le long de ces quarante minutes n’est pas toujours aisé (il faut de bons amortisseurs et des capteurs sensoriels finement calibrés pour bien suivre son tracé), mais c’est toujours avec gourmandise qu’on enfourche l’album pour s’en payer à nouveau une bonne tranche !

photo de Cglaume
le 27/05/2024

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