Critical Extravasation - Order of Decadence

Chronique CD album (32:50)

chronique Critical Extravasation - Order of Decadence

« Beuark c’te pochette ! Laisse tomber, ça doit être du sous-Paul Speckmann interprété par des ados pouilleux issus d'une banlieue industrielle de Slovaquie ».

 

… Mon Dieu (Chuck Schuldiner, of course) que vous êtes superficiels ! Et débordant de préjugés visqueux. Vilains comme des poux, parfaitement, comme la grosse bébête de la pochette !

 

Plus sérieusement, vous n’avez pas complètement tort. Car :

- la pochette développe une conception du Beau qu’on a le droit de ne pas partager

- les membres de Critical Extravasation sont tout jeunots (matez donc la photo des zigs)

- c’est loin vers l’Est que cet album a été conçu

… Mais plus loin encore que la grande banlieue de Bratislava. « Quelques » stations de bus après, vers Moscou.

 

Oui mais alors non, pas de cris d’orfraie, Redefining Darkness records tient à nous rassurer :

« Par les temps qui courent, il est important de préciser que cet album exprime le dégoût extrême du groupe pour le régime en place en Russie. Critical Extravasation est résolument anti-guerre, et ses membres sont d’ailleurs bénévoles dans un camp de réfugiés ukrainiens en Lettonie. »

 

Là, ça s’est dit. On peut passer à autre chose…

 

La musique, à présent. Order of Decadence déborde de ferveur et de riffs ciselés selon les préceptes ancestraux édictés par les plus éminentes écoles Tech Death. À son écoute, bien que l’écran indique 2022, on se met à repenser à des noms que l’on pensait effacés à tout jamais de nos parchemins neuronaux, tels Sekhmet Records ou Gory Blister. Vous savez, ces temps anciens où de fiévreux disciples d’un culte passé de mode s’activaient dans les caves pour faire perdurer l’esprit de Death, Atheist et Cynic. Le son des guitares, les vocaux schuldineriens, le riffing, les détours alambiqués, la basse qui furète, la part de Thrash résiduelle relativement importante : tout ici rappelle ces trois grands noms – parmi lesquels le gang de Chuck est clairement le plus révéré, certains emprunts ne laissant planer aucun doute (… tiens, un petit goût de « Secret Face » à partir de 4 :01 sur « Redeeming Flames »).

Le blablah promo évoque quant à lui Morgoth et Pestilence. Mouais. Je vous laisse en juger…

 

Sur « Waltz of Hypocrisy », « Feast on Dreams », ainsi que les deux derniers titres, on se régale sans réserve. On goûte particulièrement certains passages plus exaltants, tel ce filet de basse sublime à 2:09, sur le premier de ces titres, puis l’envolée majestueuse des leads qui s'ensuit. On raffole de la foncerie libératrice qui intervient à 0:50 sur le second de ces morceaux, ainsi que du panorama mélodique sur lequel se clôt la piste. On tape un sprint de maboule avec le bourdon furieux qui pique sa crise à 0:37 sur « Devastating Virtue ». Et l’on est ravi de retrouver cette vitalité conquérante qui animait le premier Decapitated à 4:01 sur « Redeeming Flames ».

 

Bref : on sourit toute bave dehors, comme de grands dadais pleinement contentés…

 

… Même si, il est vrai, les compos non citées dans le paragraphe précédent ont tendance à un peu trop tortillonner du boule, tricoter de guingois, zigzaguer selon des angles pas toujours suffisamment évidents pour que j’en profite à plein. Mais je suis un grand douillet : grandes sont les chances pour que vos oreilles, plus robustes que les miennes, accueillent ces broderies tarabiscotées comme Emile Louis un car scolaire remplis de collégiens invalides.

 

Il semblerait donc que 2022 ne nous avait jusqu’ici pas encore livré tous ses secrets. Et je suis bien content que le site RateYourMusic – qui est devenu le plus fructueux de mes indicateurs ces derniers mois – m’ait rappelé à l’ordre à ce propos. Remarquez que l’on pourrait dire la même chose de nombreux autre millésimes. Je continuerai d’ailleurs à aller dénicher les pépites planquées dans les recoins de ces dernières années, et à vous en causer ici-même : parce que les frissons les plus puissants ne sont pas toujours procurés par les sorties les plus récentes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Order of Decadence est le premier album de Critical Extravasation. Et au vu de la qualité et de la vitalité du Tech-Death à l’ancienne ici proposé (i.e. très orienté Death, Atheist & les copains... sans oublier un soupçon de Thrash), on espère que l’actualité ne détournera pas ces Russes du sentier artistique où ils ont tout juste commencé à évoluer, histoire qu’ils puissent continuer à nous conter d’autres étapes de leur pèlerinage vers St Chuck de Compos-Tech.

 

 

 

 

photo de Cglaume
le 21/10/2024

1 COMMENTAIRE

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 29/10/2024 à 02:07:52

Un groupe russe antisystème, des refs à Death Cynic et Atheist et une blague sur Emile Louis ; tu sais me parler toi.
Allez ça part en file d'attente.


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