Darth Vegas - Darth Vegas

Chronique CD album (38:13)

chronique Darth Vegas - Darth Vegas

Je sais, je sais: ‘y en a marre de ces feignasses de chroniqueurs qui citent Mr Bungle à tour de bras et longueur d’articles. Le chanteur fait Pouët? Allez paf: Mr Bungle… Une trompette se la joue mexicaine sur un riff thrash? Et vlan: Mr Bungle… Le guitariste a mis un nez rouge le jour du mariage du batteur? Mr Bungle, forcément Mr Bungle… L’excès de référence à Mr Bungle tue la patience du fan de Mr Bungle. D’autant que crénom, quand même: il est tout à fait possible d’écrire une chronique des derniers Diapsiquir, Ultra Vomit ou Nanowar sans invoquer l’esprit de Patton, Spruance et consort. C’est un peu la même chose que l’abus de Cynic quand on cause techno-death, ou de Slayer quand on parle de thrash sans fioriture: tout ça a la fraîcheur du colin surgelé et l’originalité du dossier « Le salaire des cadres » dans le Nouvel Obs’... Intérêt: 0.

 

Ceci étant dit, chroniquer Darth Vegas, premier album des australiens de Darth Vegas, sans citer une seule fois Mr Bungle tient de la gageure. C'est un peu comme faire des crêpes au sucre sans sucre ni farine: au choix, mission impossible ou incompétence crasse. C’est que chaque seconde de cette formidable galette suinte la folie polymorphe dont les californiens légendaires sont devenus le mètre étalon. C’est bien simple: on nous dirait que cet album a été exhumé d’un carton oublié au fond d’un grenier poussiéreux, et qu’il s'avère avoir été composé et enregistré entre Mr Bungle et Disco Volante par la Bungle family au grand complet, personne n’en douterait. C'est vrai: ce son aux légers relents de naphtaline (l’album date pourtant de 2003) mais possédant la clarté nécessaire pour que l’ensemble des couches instrumentales respire, ces délires cartoonesques, ces cuivres déchaînés, ces pics psychiatriques, ces éjaculations métalliques bouillonnantes, ces fanfaronnades surf rock, ces bim, ces boum, ces bzoïïng… Bordel, Trey, Mike: c’est bien vrai, ça y est, vous revenez?

 

Non, bien sûr – bien qu’en blind test il y aurait de quoi confondre Pierre avec Paul. La différence majeure, c’est que Darth Vegas (ce nom quand même… « Je suis ton père, Jack – [mon] pote ») n’exhibe pas à longueur de compo un gros organe Pattonien, et qu’il évolue de fait majoritairement dans un registre instrumental. Ajoutez à cela une approche souvent assez cinématographique, et vous comprendrez que le groupe rappelle également Estradasphere, ou encore une version vintage de Pryapisme.

 

M'enfin bon, un album c’est avant tout des morceaux, et pour le coup, dans le cas de Darth Vegas, ils sont de choix. Même qu’on n'y trouve pas un seul moment faible – malgré « El Flamo », love song cuivrée croonant parfois comme la plus gluante des Julio Eglesiasseries, et constituant une pause moelleuse dans la course effrénée que constitue cet album. Vous allez avoir du mal à reprendre votre souffle entre « Bomb And The Snowman », qui fonce poignée en coincoin tel un canard taré chevauchant un éléphant rose nain, et « Captain Terrific », générique idéal d'un improbable « Inspecteur Gadget et Benny Hill au pays des Teletubbies ». Derrière votre écran, vous allez vibrer en suivant « James Bond contre Bruce Franken-Lee » (« Revenge Of The Claw »), « Charlot se met au jazz » (« Mephisto Mash ») ainsi que « Kill & Surf », le tout dernier Tarantino (« Kowai-Go-Zero »). Vous allez trembler dans la maison hantée de la famille Adams (« Spook House »), puis dans le train fantôme « Pouët, ska & slave » de « Ghost Train ». Et enfin vous finirez en transe, en string et une bouteille de Pulco à la main, à vous trémousser sous le soleil d’une chaude cité latine en écoutant l’hymne Mambo death « Ha Cha Cha ». Garanti sur contrat.

 

Considérons les choses objectivement: Philips est peut-être l’inventeur du Compact Disc, mais ça n’a pas empêché ses concurrents de nous pondre des petits bijoux technologiques exploitant cette découverte. Eh bien c’est pareil pour Mr Bungle et Darth Vegas: les seconds sont indubitablement les héritiers éternellement redevables des premiers, ce qui n’empêche qu’avec leur début, les australiens nous pondent une pure petite pépite. Alors rengainez donc ce terme "clône": c'est ridicule. Et sachez que si cette découverte ne suffit pas à assouvir votre soif de nawak metal haut de gamme, vous pouvez d'ores et déjà vous préparer à remplir votre cyber-caddie: Brains Washing For Dirty Minds, 2nd album issu du Côté Obscur du Casino, vient tout juste d'attérir sur le spatioport de Sydney. À vos marques, prêts.... Bavez!

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: OK, Darth Vegas joue du pur Mr Bungle, période Mr Bungle / Disco Volante. Mais dans le genre, leur premier album s’avère aussi jouissif et stimulant que ce qu’a pu écrire la légendaire bande à Patton et Spruance. Osons l'affirmer bien haut: Rhâââ Lovely !

photo de Cglaume
le 07/10/2012

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/10/2012 à 17:36:01

Le chronique est vachement alléchante comme d'habitude avec la Lapin Jaune mais ça mérite tout de même une "Tomahawk" en orthographe à la 7ème lignes !!

cglaume

cglaume le 07/10/2012 à 20:29:11

Gloups, se pourrait-il que j'aie écrit "La salaire" au lieu de "Le salaire" ? Merci el Crominet, ça fait plaisir de voir que certains lisent avec autant d'attention les CoreAndChro ! ;)

cglaume

cglaume le 07/10/2012 à 20:30:10

Au fait, pas de S à la 7eme ligne (bisque bisque!... :))) )

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/10/2012 à 21:54:23

C'était pour voir si tu avais l'oeil aussi aiguisé que l'oreille !! (euh... ça passe ?)

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