Defeater - Letters Home

Chronique CD album (34:09)

chronique Defeater - Letters Home

Il n’a pas fallu longtemps pour que Defeater trouve sa place au premier plan du paysage du hardcore. Le 5 de Boston, c’est la grosse hype de ces dernières années en termes de hachixé. Phénomène difficilement mesurable dans notre beau Royaume de France (où on est encore à ce demander si les squats ne sont pas que des repères de drogués de gauche qui écoutent de la musique de dégénérés de gauche juste pour faire chier leurs voisins en buvant de la bière de gauche, donc tiède – la bière, pas les voisins). Mais aux Statesses, Defeater a vite été propulsé très haut dans le tourbillon melodic hardcore post-screamo. Stars (and stripes) system. Tout va très vite, ma bonne dame. Surtout avec les internets : un tumbler, un petit chat sur youtube et t’es considéré comme le nouveau messie du digital numérique. Le fameux quart d’heure américain. Et maintenant plus que jamais, chaque hype a son anti hype. Une histoire d’équilibre des forces, certainement. Defeater n’y a pas échappé. Ici, on s’en foutra de tout ce pataquès. Je ne vais pas chercher à défendre le groupe, de toute façon les haters du groupe auront autre chose à bâcher sur www.ask.fm. Defeater a juste livré ces dernières années des galettes  pur bourre que n’importe quel mélomane de la disto se doit d’avoir (en plus de l’intégrale de Slayer, normal, au moins jusqu’à South Of Heaven – il y a débat, je sais). Un point c’est tout. OK, c’est bien. Mais, vu qu’on n’est pas des Benny Wiwi, qu’en est-il de ce dernier effort, Letters Home, me direz vous ?

 

Et bien déjà, rien que pour se mettre le Fatbastard dans la poche, Letters Home s’ouvre sur un « Bastards » des plus gouleyants. Je suis comme un manouche au salon de la caravane ! Malgré un petit lifting au niveau du line up (nouveau joueur de djembé), Defeater livre encore un précis de punk hardcore en mid tempo bien hargneux. Derek Archambault est toujours dans la place avec ce grain de voix en rupture aussi caractéristique. Le supplément d’âme du groupe, indéniablement. Letters Home reprend la même trame narrative que chez ses prédécesseurs. Cela paraît un peu orgueilleux mais la discographie du combo ressemble à un grand tout retraçant l’histoire d’une famille US qui traverse les heures sombres de notre 20ème siècle natal. Les Raisins De La Colère façon mosh parts, quoi. Ici, ce sont les lettres du papa qui s’en va casser du méchant, Inglorious Basterds style. Mais il se rend compte que c’est pas cool en fait de se ballader avec un Browning en bandoulière. Donc il l’écrit, donc Derek l’incarne. Voyez le concept ? C’est bien pensé, ça change du UNITE GROS et ce genre de joyeuseté mais l’ambition du propos finit par cacher un certain train-train de la compo. Et quand on parle de 2nde Guerre Mondiale, les trains, c’est pas ce qu’il y a de plus reluisant faut avouer.

 

Car voilà, Defeater nous met dans les cages à miel un Letters Home qui est en fait une resucée de Empty Days & Sleepless Nights qui est en fait la resucée de Travels. Si on aime on dit que c’est la suite, logique. Au delà de ça, cet album s’avale d’une traite, tant les titres même en deçà de ce qu’a pu sortir le groupe demeurent dans la frange haute des saillies du moment.

 

Letters Home s’adresse alors à la plèbe ayant déjà adhéré au délire du groupe. Donc, si tu n’as jamais pris ton pied sur Defeater, passe ton chemin. Ce n’est pas maintenant que cela va commencer. L’album recèle des petits plaisirs coupables comme la venue du chanteur de Blacklisted sur « No Relief » qui donne l’hallu sonore d’un featuring avec Sleepers. Ou comme un « Bled Out » en fermeture des débats ultra patator. De quoi trancher avec la fin du précèdent opus qui nous laissait sur un folk pop un poil plus léger. Defeater revient ici à ce qu’il sait faire, sans pousser le talent, sans choquer la ménagère qui s’intéresse au metal le temps d’un reportage sur M6 et sans nous surprendre. C’est beau, c’est bien fait, c’est intelligent mais faudrait maintenant passer à autre chose, les mecs. Un autre scud comme ça et ça va vraiment faire exposé en histoire de 3ème T. Et quand on a eu Madame Comte en histoire comme moi, on comprend qu’il ne faut vraiment pas faire le malin avec ça.

photo de Geoffrey Fatbastard
le 24/09/2013

3 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 24/09/2013 à 11:30:44

J'ai accroché direct à l'album, très efficace. J'espère juste qu'il tiendra sur la durée !

Moux

Moux le 24/09/2013 à 13:34:28

merci monsieur Batard

Jull

Jull le 07/11/2013 à 01:32:54

Ouais il faut aussi God Hates Us All!!!!! Tres tres bon ce Defeater! Mes oreilles sont pleines de bonheur!

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