Depeche Mode - Black Celebration

Chronique Vinyle 12" (41:01)

chronique Depeche Mode - Black Celebration

Après la sortie de Some Great Reward, le label de Depeche Mode, Mute, décide de publier un Greatest Hits (qu'il ne faut pas confondre avec un Best-of), The Singles 81→85, sauf sur le territoire américain, où il est remplacé par la compilation Catching Up with Depeche Mode (publiée chez Sire Records). Cette version propose deux morceaux uniquement sortis en single : « Dreaming of Me » (1981) et « Get the Balance Right! » (1983), ainsi que deux inédits, « Shake the Disease » et « It's Called a Heart », qui valent au groupe une apparition mémorable à la télévision française. Cette prestation témoigne des efforts du groupe pour conquérir un public plus large, tout en restant fidèles à leur identité musicale.

 

Pour son cinquième album, Depeche Mode décide de modifier sa façon de composer afin d'éviter l'ennui et la routine. Il en résulte Black Celebration, un disque qui peut être vu davantage comme un ensemble cohérent qu'une simple collection de titres, même si quatre morceaux sont mis en avant sous la forme de 45 tours.

 

Black Celebration est souvent considéré comme le premier classique de Depeche Mode, atteignant la quatrième place du classement des albums au Royaume-Uni. Il rencontre un succès populaire tout en étant bien accueilli par la presse musicale de l'époque. Dès l'étape des démos, l'ambiance générale s'avérait plus sombre que sur les précédents albums, une atmosphère que Martin Gore a voulu conserver, soutenu dans cette tâche par Gareth Jones et Daniel Miller, chargés de co-produire le disque. Il faut dire que l'environnement général était plutôt morose : la fin et l'échec de la longue grève des mineurs contre la politique sociale de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, les nombreuses manifestations réprimées dans la violence, les revendications de l'IRA (Armée républicaine irlandaise), la réélection de Ronald Reagan comme président des États-Unis... et, dans le domaine musical, la sortie de Master of Puppets, Reign in Blood et Peace Sells... But Who's Buying?.

 

Depeche Mode continue de faire danser les foules tout en cherchant à éveiller les consciences. C'est particulièrement évident sur « New Dress », qui dénonce la vacuité des médias, préférant traiter des tenues vestimentaires de la famille royale plutôt que des drames qui marquent l'actualité, comme le désastre de Valley Parade, un incendie ayant provoqué 56 morts à Bradford et encore tout récent. Peut-on parler de DJ Trotsky face à ce décalage ?

 

L'utilisation des samples reste primordiale dans l'écriture des titres, ces derniers sont cependant utilisés de manière différente que par exemple dans le Hip-hop, qui commence à connaître une certaine popularité, où les échantillons servent à construire les lignes mélodiques. Chez Depeche Mode, un peu comme pour Kraftwerk par exemple et son album Autobahn, ils se mêlent aux synthés, une technologie sans cesse en évolution. Dave Gahan, derrière le micro, livre une prestation remarquable, marquée par les tonalités graves et profondes qui deviendront sa signature par la suite. Malgré les nombreux effets, delay et réverb' en priorité, son interprétation est particulièrement émotionnelle et s'intègre bien de ce fait au rendu synthétique et parfois rugueux de la musique.

 

Avec Black Celebration, Depeche Mode franchit indubitablement un nouveau palier, l'emmenant à un niveau supérieur, malgré l'absence de réel succès des différents singles qui en sont extraits (il est vrai que le côté minimaliste et répétitif de « Stripped » a pu rebuter les foules). Il n'empêche, l'album, vendu à un demi-million d'exemplaires aux USA, était et reste une référence dans le domaine de la musique électronique. Demandez à Trent Reznor de Nine Inch Nails ce qu'il en pense : Black Celebration a clairement laissé son empreinte sur le rock industriel, avec son mélange unique de textures électroniques sombres et de thématiques introspectives. Il n'était pas seulement une évolution pour Depeche Mode, mais une pierre angulaire dans l'histoire de la musique électronique, ouvrant la voie à des artistes qui mêleraient eux aussi mélodies et innovation sonore.

photo de Xuaterc
le 09/03/2025

2 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 09/03/2025 à 10:17:11

Premier chef-d’œuvre, voui !

C'est tout de même dingue que cette musique sombre et étrange ait eu autant de succès...

Xuaterc

Xuaterc le 09/03/2025 à 17:34:47

ça s'appelle le talent

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