Depeche Mode - Some Great Reward

Chronique Vinyle 12" (40:18)

chronique Depeche Mode - Some Great Reward

Some Great Reward est le moment où Depeche Mode passe définitivement du stade de groupe prometteur à celui de véritable machine à tubes… mais une machine équipée de marteaux-piqueurs et de chaînes d’usine, bien sûr. Publié le 24 septembre 1984, cet album marque une étape importante : fini l’expérimentation timide de Construction Time Again, ici, le quatuor Alan Wilder, David Gahan, Andrew Fletcher et Martin Gore assume pleinement ses ambitions sonores et ses thèmes de protestation sociale, avec une bonne dose de beats électroniques dans les bagages.

 

Les singles parlent d’eux-mêmes : « People Are People » devient un hymne contre les injustices (et un vrai passeport pour l’Amérique), « Master and Servant » s’aventure dans des territoires osés et sulfureux, et « Blasphemous Rumours » fait grincer des dents les paroissiens. Oui, Depeche Mode aime provoquer, mais toujours en dansant. C’est ça la Protest-pop : des mélodies sucrées et des messages aiguisés comme des lames.

 

Ce qui impressionne aussi, c’est la maturité vocale de Dave Gahan, qui commence à révéler toute l’intensité dramatique qu’on lui connaît aujourd’hui. Et côté sons ? On pourrait dire que Martin Gore a décidé de transformer sa boîte à rythmes en boîte à outils industrielle : marteaux, chaînes, alarmes, tout y passe. On imagine presque le groupe en train d’enregistrer au fond d’une usine désaffectée, sous les regards approbateurs de Kraftwerk.

 

Some Great Reward a été co-produit par Daniel Miller, le fondateur de Mute Records, et par le groupe lui-même. Cette collaboration confère à l’album un son assez ancré dans son époque, tout en lui permettant de traverser les années sans perdre de sa fraîcheur. L’enregistrement s’est déroulé en deux temps : d’abord à Londres, puis à Berlin pour l’achèvement. Fruit d’un effort collectif, cet album témoigne de la volonté d’expérimentation de ses créateurs, qui mêlent habilement synthés et guitares.

 

Pourtant, malgré ses sonorités parfois métalliques, Some Great Reward reste profondément accessible et mélodique. Il y a du travail, de la précision, mais surtout de l’émotion. Et puis, il ne faut pas oublier que Depeche Mode a toujours été un groupe qui aime faire danser. Même si c’est avec des bottes de chantier.

 

Cet album est une étape clé : le moment où Depeche Mode décide qu’il n’a plus rien à prouver, seulement à s’exprimer. Résultat ? Un classique qui ouvre les portes des charts américains et confirme que la Synth-pop peut aussi être un art engagé. Un vrai Great Reward pour le groupe et ses fans.

 

photo de Xuaterc
le 23/02/2025

2 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 23/02/2025 à 09:21:22

Oui, ça commence à être vraiment du sérieux avec cet album !
Faudrait que je me penche plus sur les thèmes sociaux des paroles, merci de le faire du coup.
Ça me fait penser que j'avais guetté les paroles de ''Little 15'' car je craignais que ce soit une de ces pédochansons à la con style ''Going Blind'' de Kiss, mais NON, heureusement non (ça m'aurait déçu), ils ne versent pas dans ces conneries-là.

Xuaterc

Xuaterc le 23/02/2025 à 12:43:37

En effet les choses sérieuses commencent, ce n’est que le début. Jusqu’à Violator au moins

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