Depeche Mode - Construction Time Again
Chronique CD album (42:26)

- Style
Protest pop - Label(s)
Mute - Date de sortie
22 August 1983 - Lieu d'enregistrement The Garden, Hansa Mischraum
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Pour beaucoup, les deux premiers albums de Depeche Mode, Speak and Spell et A Broken Frame, peuvent être vus comme des œuvres adolescentes. Avec Construction Time Again, le groupe semble avoir atteint une certaine maturité. C'est le premier disque véritablement abouti, qui montre un groupe sûr de lui, en particulier avec l’arrivée d’Alan Wilder, un expérimentateur chevronné, et un Martin Gore qui assume pleinement la casquette de maître ès composition pour le groupe anglais, qui commence à se stabiliser. Construction Time Again révèle un Depeche Mode confiant, avec une vision globale et claire sur la direction qu’il souhaite emprunter, entre bruits d’usine et critique sociale du tout début des années Thatcher.
On sait qu’en janvier 1983, Martin Gore assiste à un concert d'Einstürzende Neubauten, une expérience qui marque profondément le jeune homme dans sa manière de composer. Les maîtres allemands de la musique industrielle innovent sans cesse, incluant un maximum de sons concrets pour créer une musique d’un nouveau genre. Cette influence est très prégnante sur Construction Time Again, également grâce à la soif de bidouillage d’Alan Wilder, véritable sorcier des samplers. Fini les chansons sur l’amour naïf ou les ruptures : ici, on parle d’injustice sociale, d’inégalités et de rêves utopiques (comme dans « Everything Counts », repris à l’époque par In Flames, ou « Shame »). Les claviers sucrés ne sont pour autant pas mis de côté : l’objectif reste tout de même le dancefloor et les charts. Depeche Mode invente ici la protest pop à grands coups de beats électroniques.
En cela, les Anglais atteignent leurs objectifs : l’album comporte son lot de classiques et de tubes, qui côtoient sans honte les expérimentations osées, comme « Pipeline », très novateur avec ses samples d’usine et son poème déclamé par un Dave Gahan qui maîtrise de mieux en mieux les techniques de chant. En contrepartie, ces ambiances industrielles donnent à Construction Time Again un aspect froid qui a pu rebuter le grand public, tandis que certains titres, comme « More Than a Party », laissent un petit arrière-goût d’inachevé.
Construction Time Again, c'est le moment où Depeche Mode a décidé de transformer sa musique en chantier naval. Finies les mélodies fluides : place aux sirènes d'alarmes et aux bruits de soudure. Un album aussi complexe qu'un plan de métro parisien, mais aussi captivant qu'une partie d'échecs contre un superordinateur. Bref, c'est un peu comme si les robots avaient décidé de faire de la musique industrielle qui donne envie de porter un gilet jaune (fluo, bien sûr). Un chantier bruyant, mais diablement prometteur !
4 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 02/02/2025 à 12:20:20
La couv qui pixelise, c'est normal ?
el gep le 02/02/2025 à 22:03:34
Oui, c'est pour faire vintage.
Xuaterc le 03/02/2025 à 08:24:25
En effet, c'est pour faire vintage mais je n'arrive pas à la modifier
pidji le 03/02/2025 à 08:51:03
Je viens de mettre à jour 😁
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