Detraktor - Full Body Stomp

Chronique CD album (41:18)

chronique Detraktor - Full Body Stomp

On va toutes les faire tout de suite, comme ça on sera débarrassé. Oui, le 2e album de Detraktor est parfait pour vous labourer le champ auriculaire. Oui, au salon de l'agriKillture, leur Thrash bourrin (parce que non, le groupe ne pratique pas le « Péquenotdeath ») leur vaudrait sûrement de jouer sur une Main Stage aux côtés d'Aggressive Agricultor. Oui Detraktor fait labour ET la guerre.

 

… Là, on va considérer qu'on a fait le tour. Et on va ainsi pouvoir vous parler de ce très bon Full Body Stomp sans plus craindre qu'un brusque accès de calembourite aiguë ne vienne perturber notre propos via un gros contingent de Massey Ferguson à nez rouges.

 

Alors je sais, vous vous dites qu'en plus d'être un gros lourd amateur de jeux de mot en carton, votre interlocuteur est un dangereux schizophrène qui, d'une main qualifie l'album de « très bon », et de l'autre griffonne un 7,75/10 en haut de la copie du groupe. Ça peut en effet sembler contradictoire. On en cause tout de suite. Mais si ça ne vous dérange pas on va d'abord poser vite fait le décor : en présence d'inconnus, la moindre des corrections impose de faire d'abord les présentations.

 

Fondé en 2016, Detraktor est un groupe bigarré. À tel point que s'il se lançait dans une tournée d'envergure, il serait approprié de la nommer « Tour de Bab-Hell ». C'est qu'en ses rangs on trouve (...ou a vu passer) un guitariste et un batteur chiliens, un guitariste bulgare, un ex-batteur/chanteur brésilien, un ex-bassiste argentin, et qu'au final tout ce petit monde a posé ses valise à Hambourg, en Allemagne. Ça en fait des fanions et des occasions de bastons lors de la Coupe du Monde ! Si les loustics ont réussi à s'extirper de la masse pour arriver jusque dans nos oreilles, c'est 1) qu'ils ont remporté la Wacken Metal Battle allemande en 2017, et ont conséquemment foulé les planches dudit festival, 2) que leur premier EP Size Matters a attiré l'attention non seulement grâce à un titre marrant, mais aussi grâce à la présence derrière la basse et la console de Dirk Schlächter de Gamma Ray, 3) qu'après un premier album sorti sur le confidentiel Violent Creek Records, ils ont réussi à convaincre Massacre Records de l'excellence de leur 2e bébé. Et on n'est pas loin d'être d'accord avec ce dernier constat.

 

Oui oui, 7,75 et pas 9, je sais, je ne vous oublie pas : je vous dis tout de suite pourquoi.

 

C'est que le mélange brut et brutal de Thrash quasi « /Death », de Groove Metal cru et de Hardcore de rue pratiqué sur Full Body Stomp souffre d'un méchant déséquilibre causé par deux putain de titres d'ouverture qui défoncent comme un suppo à la nitro, puis par sept morceaux qui, forcément, souffrent de la comparaison, et semblent d'autant moins solides que, leur propos n'étant pas des plus sophistiqué, on a vite tendance à les trouver plus bas du front que véritablement canons.

 

Mais venez donc tâter le premier des deux impressionnants bestiaux qui ouvrent les hostilités. Un gorille déchaîné, voilà ce qui déboule de vos enceintes. Batterie survitaminée, riffing d'essaim furieux, destruction de votre intérieur à la masse, séance de martellement de poitrail velu au milieu du pit, tornades riffées : il ne doit pas faire bon être dans la fosse quand c'est enfin le moment du set où « Gorilla » est joué. Le morceau est aussi bourrin qu'imparable, comme si votre morceau préféré de Sepultura était rehaussé de la sauvagerie guerrière du Orthodox de Krabathor. Mais une 2e cage s'ouvre bientôt, et de celle-ci c'est un putain de grizzli qui surgit. Plus « Bagarre Thrashcore » lors de son entame, « Bear Fight » décolle très vite au firmament des fournisseurs de frissons grâce à ce genre de riff définitif semblant écrit pour accompagner ces KO d'anthologie où notre Mortal Kombadversaire se fait dévertébrer à l'occasion d'un « Fatality » bien dégueulasse.

 

Alors forcément, après ces deux « petites morts » ultimes, difficile de trouver le jus pour repartir la fleur au fusil : les deux plus belles cartouches viennent d'être tirées, il va falloir faire avec. Ou plutôt sans.

 

Pourtant la suite a de beaux arguments à faire valoir. Notamment « Behave », dont la violence crue, rehaussée de pointes Punk, tantôt rappelle la chouette époque où Nailbomb nous faisait vibrer, tantôt ménage de la place aux leads afin que celles-ci puissent libérer les traces de mélodie cachées derrière ce grand déballage de tartes et de kicks. De fait, c'est « Evilussion » qui vient sonner la fin de la récréation : basique, voire laborieux, cette reprise d'Undercroft – groupe chilien dans lequel Pablo Cortés continue de jouer de la batterie en parallèle de ses activités allemandes – n'était pas vraiment nécessaire. On préfère de loin « Perro », qui retourne de manière plus explicite que jamais sur les plates-bandes du Sepultura de Roots, les percussions en moins. De là le fil de l'album continue de se dérouler sans heurt, mais sans cette excitation palpable qui nous faisait vibrer la couenne lors des 10 petites premières minutes. Pourtant on apprécie que « I'm The King » et « Revenge » modulent leur ton d'ambiances cinématographiques judicieuses (… euh : « Scarface » et « Old Boy » ? Pas sûr). Surtout le 2e de ces morceaux, qui ménage en son début une parenthèse hispanisante rappelant le meilleur de ce que Mezcla a à offrir. On trouve certes un peu poussif le concept de « Seven », 7e piste étendue sur 7 minutes, mais on aime ce groove joufflu lorgnant clairement vers Pantera. Par contre, forcément, on regrette que « Filth Me Up » ne close pas l'album avec le même panache que celui-ci s'est vu ouvrir... Pour autant, si on considère la chose avec objectivité, le morceau tient carrément la route. C'est juste que, même en allant chercher le meilleur des jambons teutons, celui-ci ne tiendra jamais la comparaison avec un Pata Negra espagnol...

 

Mais qu'on arrive ou non à relativiser l'impact négatif que ce gros déséquilibre tracklistesque a sur notre appréciation globale de l'album, il est un point sur lequel on peut se mettre d'accord : « Gorilla » et « Bear Fight » sont d'énormes tueries qui justifient à elles seules que vous alliez rapido jeter une oreille à Full Body Stomp.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Un mélange Sepultura / Overdose / Pro-Pain de Groove Thrash / Hardcore rehaussé d'une sauvagerie brutale qu'on a plus l'habitude de trouver dans le Death Metal, voilà le menu de Full Body Stomp. Et si la note attribuée plus haut (qui sanctionne une tracklist trop déséquilibrée) et le descriptif précédent ne sont pas plus propices que ça à éveiller votre intérêt, allez vite faire mentir cette première impression en écoutant la doublette « Gorilla » / « Bear Fight », et vous sentirez bientôt les crocs du nounours de la pochette transformer votre fessier en steak Charal saignant.

photo de Cglaume
le 19/04/2023

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/04/2023 à 10:47:50

Déjà, bien moins enthousiasme que toi sur les deux titres que tu cites... 

cglaume

cglaume le 19/04/2023 à 11:54:00

Regarde mieux : t’as écouté l’album en mode Random 😝

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