Deveikuth - Cadavre
Chronique CD album (40:58)

- Style
Funeral Drone - Label(s)
Indépendant - Date de sortie
22 novembre 2019 - Lieu d'enregistrement Enregistré à 105, mixé et masterisé au studio Gustafsberg
- écouter via bandcamp
Plus que n'importe quel autre style de musique amplifiée, le Drone capte l'essence même du chaos originel pour tenter de le mettre en musique. Ses rythmiques lentes et lourdes sont le médium idéal pour retranscrire son caractère entropique. Les règles le façonnant, édictées par les maîtres du genre, Earth, Sunn O))) ou Khanate, et même le morceau éponyme de Black Sabbath, n'autorisent que peu de libertés tant dans le riffing, dans les arrangements et dans les atmosphères. Cependant, certaines formations souhaitent s'extirper de ce carcan qu'ils jugent presque aussi pesant que la musique qu'ils proposent. Deveikuth, duo français fondé en 2013, fait partie de ces expérimentateurs, qui n'hésitent à briser les codes, tout en restant fidèles à l'esprit de ces dogmes.
Dès l'ouverture du bien nommé Cadavre, deuxième album du duo, la guitare réduit en charpie le vide sonore, vite rejoint par une batterie lancinante et des vocaux déchiré et déchirants. Le son est peut-être moins massif et impénétrable que ses confrères dronisants, n'empêche qu'il enveloppe immédiatement l'auditeur dans une gangue sonore, poussiéreuse, étouffante. Les répétitions des motifs de batterie et de guitare sapent petit à petit les tympans et le cerceau. La BaR que l'on retrouve en début et au milieu de "Cadavre", par son côté mécanique, apporte un aspect industriel, qui vient renforcer le caractère malsain de cet titre qui se termine par un ralentissement des plus démoniaques.
Suivent les deux volets du diptyque "Void" qui représentent une plongée encore plus intense dans une monde dénué d'espoir (souvenez-vous que l'espoir fait vivre) et de couleur, qui n'est pas sans rappeler leur compatriotes de Monarch. Les rythmiques sont encore plus lentes, les mélodies de guitare sont encore plus répétitives, les vocaux sont encore plus désespérés.
Sur le papier, la présence d’éléments électroniques et de claviers aurait pu permettre à Deveikuth de tirer son épingle du jeu de façon plus nette, mais leur usage est trop timide pour être complètement significatif, malgré la présence de bonnes idées dans ce domaine.
3 COMMENTAIRES
Seisachtheion le 03/04/2020 à 08:21:51
Bien cool que tu es chroniqué cette sortie... ^^
Xuaterc le 03/04/2020 à 19:21:28
Merci. Et toi, tu en penses quoi?
Seisachtheion le 05/04/2020 à 12:15:21
J'en pense que du bon ! Une voix à la fois déchirante (à la Amenra) et pourtant volontairement étouffée dans le mix final qui donne une réelle résonance aux compos faussement linéaires. Le côté électro, présent par exemple à l'entame du très bon "Cadavre", n'est pas assez utilisé à ton goût. Cela ne me gêne moins de mon côté ; et pour cause : je n'ai pas été biberonné au clavier comme toi Xuxu ;-p !
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