Disruption - Decaying Echoes
Chronique Maxi-cd / EP (10:02)

- Style
Melodeath / Thrash - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
1 mai 2023 - Lieu d'enregistrement IRE Sound
- écouter via bandcamp
« Dis, beau blond, toi qui aimes le Melodeath, tu ne voudrais pas chroniquer l'EP d'une pote ? »
… J'aime le Melodeath, j'aime le Melodeath : c'est vite dit ! Il est loin le temps où j'achetais The Mind's I, Colony ou Slaughter of the Soul dès leur sortie. Mais cette époque a existé, il est vrai. Et celle-ci reste auréolée d'une douce brume nostalgique où se mélangent souvenirs post-ados, guitares généreuses et apparition de l'an 2000, là-bas, à l'horizon. Sauf que nul reflet blond n'éclaire ma tignasse à la tonsure plus que naissante (... quant à "beau", c'est plus subjectif: faisons mine d'y croire). Ne tenterait-on pas de m'amadouer pour inclure au chausse-pied un skeud supplémentaire dans une TODO list pourtant blindée comme une division russe aux portes du Donbass ?
Mais après tout, Decaying Echoes ne comporte que 3 titres pour 10 minutes de musique : ça se cale sans problème entre la poire et le fromage ce genre de court shoot de décibels au caramel.
Étendues givrées et aurores boréales (non?) sur la pochette, riffs saupoudrés de sucre glace sur chacune des pistes : c'est sûr, la pote en question est scandinave. Sans doute suédoise, vu le genre pratiqué.
Comment ? Sud-coréenne ? Vivant aux USA ? Et le batteur engagé pour l'occasion – parmi d'autres musiciens appelés en renfort pour apporter du galbe à ce one-woman band – serait polonais (il s'agit de Krzysztof Klingbein, que l'on a pu voir sur scène lors de concerts de Belphegor, Hate ou Vader) ?
On ne peut plus se fier à rien ma bonne dame !
Alors en effet, de Melodeath il est ici bien question : le chant est acide, tendant vers le Black. Les guitares ont fait Rossignol en LV2. Les mélodies "miel & flocons" nous harponnent l'encéphale avec une facilité déconcertante. Sauf que ça cavale poignée en coin, bien plus vite que le Dark Tranquillity moyen. Il semblerait bien que Hye Seon Kim, la fameuse pote, aime tout autant le bon vieux Thrash qui passe la 6e vitesse – voire plus – dans les lignes droites. Alors si l'on veut cantonner notre comparaison avec les Grands Anciens du genre, on pourra dire que Disruption, c'est la vitesse d'At The Gates greffée aux rondeurs mélodiques d'In Flames. Mais pour se rapprocher au plus près de la personnalité de ce projet, on évoquera plutôt la dextérité guitaristique d'un Children of Bodom débarrassé de son clavier et de son amour pour le Heavy ronflant. Ou l'on parlera des coulées métalliques généreuses du Arch Enemy transitionnant de Johan Liiva vers Angela Gossow. Ou – plus proche encore du registre de notre ambassadrice du K-Melodeath – on se remémorera Metallic Kitty et Decadence, qui nous avaient régalés avec 3d Stage of Decay et Chargepoint il y a de cela une bonne quinzaine d'années.
Véloces, débordant de riffs finement ciselés, brillamment aérodynamiques, les trois compos s'enchaînant sur Decaying Echoes raviront les plus exigeants des Melodeathophiles. Par contre, à l'instar de l'artwork qu'on sait n'avoir été réalisé ni par Andreas Marschall, ni par Dan Seagrave, côté prod' on imagine bien que Dan Swanö et Peter Tägtgren n'ont poussé ni l'un ni l'autre les curseurs de la console. Alors non, cet EP 3 titres ne sent pas la vieille démo poussiéreuse : le son est très clean, on est vraiment loin de l'éclairage à la bougie de nombre des sorties modestes revendiquant une approche « roots ». Le problème est juste que tout cela sonne un peu trop synthétique, un peu trop plat. À un tel point que, bien que l'on sache que c'est Krzysztof qui rythme tout ça à l'aide de son tonitruant djembé, on aurait presque l'impression parfois qu'il y a B.A.R. sous roche.
Voilà, c'était histoire de dire que ce n'est pas parce qu'on me donne du « beau blond » que je vais me laisser complètement embobiner...
L'espace inter-fructo-fromager étant sur le point de se refermer, il est temps de laisser traîner le lien Bandcamp approprié, histoire que les nostalgiques de ce beau pays musical dont Göteborg était la capitale n'aient pas l'excuse de la fainéantise pour passer à côté de ce chouette EP. Alors cliquez donc, et laissez vous envahir par cette chaleureuse injection de décibels amicaux mais néanmoins véhéments.
La chronique, version courte : vous vous rappelez Decadence ? Un groupe suédois, menée par une vaillante chanteuse, qui injectait de délicieuses mélodies dans son Thrash/Death ? Eh bien mêlez par la pensée la musique de ce groupe avec les compos d'Arch Enemy et At The Gates, et vous aurez une bonne idée de ce à quoi ressemble le Melodeath enthrashisé proposé par Disruption sur cet EP 3 titres.
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