Down Among The Dead Men - Down Among The Dead Men

Chronique CD album (30:15)

chronique Down Among The Dead Men - Down Among The Dead Men

Sacré Rogga: jamais assagi, jamais rassasié! A croire que s’il ne sort pas un album tous les mois, cet infatigable défenseur du death metal de tradition a l’impression de faillir à sa tâche. Sans doute lassé de ses 82 autres groupes (parmi lesquels, faut-il le rappeler, Paganizer, Ribspreader, Bone Gnawer), notre stakhanoviste du metal de la mort a décidé de monter un groupe de plus doté, une fois n'est pas coutume, d’un nom sentant bon l’hortensia fraîchement coupé et la rosée du matin. Ou presque. Enfin pas trop en fait: Down Among The Dead Men, ça sonne plutôt "Club Med' sur les rives du Styx", voire "Tournante à l'hospice des anciens du RPR". Toujours aussi Sea-Sex&Sun quoi. Enfin passons...

 

En général, Mr Johansson justifie la multiplication de ses rejetons discographiques par de microscopiques variantes stylistiques, ou par l’envie de collaborer avec des acteurs respectés de la scène (comme Kam Lee – Massacre, … – au sein de The Grotesquery et Bone Gnawer, Dan Swanö – Edge of Sanity, … – au sein de Demiurg, Ed Warbi – Gorefest, Hail of Bullets – au sein de The 11th Hour et Demiurg, etc). Eh bien cette fois, le bougre fait coup double. Car c’est au tour de Dave Ingram(surtout connu comme le successeur de Barney Greenway au sein de Benediction, mais aussi pour sa contribution au Honour – Valour – Pride de Bolt Thrower) de venir faire des pâtés dans le bac à sable de Super-Rogga. Et côté créneau stylistique, "innovation" également: Down Among The Dead Men s’agite dans une niche très pointue, le Crust/Death guerrier – ou si vous préférez le D[eath]-Beat en treillis. En gros vous prenez le growl de tank scrofuleux et l’artillerie lourde de Bolt Thrower, vous lui collez une épingle à nourrice dans le nez et un suppo’ punk dans le pot d’échappement, et vous obtenez un Down Among The Dead Men piaffant de l’impatience du para avant le grand saut.

 

La marge de manœuvre artistique laissée par les contraintes inhérentes à cette niche étant aussi étroite qu’un fœtus de petite fille avant le passage du pedo-nécrophile, il ne faut pas s’attendre à ce que ce 1er album vous promène par monts et par vaux dans une symphonie enivrante de sensations inédites. Non, Down Among The Dead Men c’est 13 titres développés sur environ 2 minutes chacun, dont les seules variantes objectives sont les proportions de crust et de death balancées dans la marmite, et la nature dudit death – tornade de blasts implacables (sur « Draconian Rage » ou « Bones of Contention ») ou bombardier mid-tempo (« A Handful of Dust », « Adolescence of Time »…). Pour être honnête, le groupe est surtout bon quand il laisse largement ouverts les robinets de l'énergie punk, comme par exemple sur « The Doomsday Manuscript », « Dead Man’s Switch » ou un « As Leeches Gorge » quasi-exclusivement crêtu. M’enfin il livre également quelques impressionnantes plâtrées de metal métissé sur « Draconian Rage » et « Down Among The Dead Men », au sein desquels le mélange des 2 univers accouche de beaux petits missiles.

 

On regrettera cependant que l’exercice ne soit pas toujours aussi convainquant, le groupe utilisant fréquemment 2 autres schémas-types de morceaux donnant des résultats beaucoup plus mitigés réussis. C’est d’abord la formule du « morceau sandwich » (une tranche de death plus ou moins balourd entre deux tranches de Ni-Dieu-Ni-Maître metal) qui aboutit à des « The Epoch » – et son riff central inspiré de « World Eater » – ou des « Dead Men Diaries » plus ou moins bien équilibrés. C’est ensuite la technique dite « de la voiture balais » (défouloir anarcho-basique se terminant sur du death pataud) qui nous appuie lourdement sur l’estomac lors de « Infernal Nexus » et, dans une moindre mesure, d'« Adolescence of Time ». Et puis ne vous attendez pas à dénicher ici l’un de ces petits hymnes qui finissent parfois par attérir au chaud dans votre playlist des « Pépites du Metal qui Crépite », parce qu’autant Down Among The Dead Men nous décolle efficacement la pulpe cervicale à force de headbang bovin, autant il serait exagéré de prétendre trouver ici une once d’originalité – voire plus gonflé encore, d’accroche durable.

 

Bref, Down Among The Dead Men c’est bon, c’est teigneux, c’est gras, ça balance de la grosse giflette, mais c’est vite expédié-vite oublié, la boîte à souvenirs restant désespérément vierge de toute trace de ces 13 titres une fois la chasse d’eau mémorielle tirée. La rondelle devrait néanmoins faire bicher les fans de Bomb of Hades, ainsi que les arpenteurs de squats portant T-shirt « …For Victory » – sans compter qu'elle vous procurera le prétexte idéal pour aborder la petite punkette mignonette qui a planté sa tente à quelques encablures de la vôtre... Mais ça ne laissera pas de profondes traces de Rangeos dans votre mémoire déjà méchamment vérolée par les excès houblonnés.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Down Among The Dead Men est une escapade en char estampillée « Bolt Thrower » à travers un squat rempli de punks adeptes du coup de lame de rasoir dans le téton. 

photo de Cglaume
le 15/04/2014

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/04/2014 à 17:36:27

A moi ! A moi ! pour moi ça !

SNAKE

SNAKE le 15/04/2014 à 18:12:55

Pas mal leur bordel !

cglaume

cglaume le 15/04/2014 à 20:07:11

Ouaip, c'est fait pour vous les loulous !

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