Exarsis - Sentenced to Life

Chronique CD album (39:46)

chronique Exarsis - Sentenced to Life

Je ne sais pas si l'état actuel des neurosciences nous permet d'avoir une bonne connaissance des mécanismes du cerveau face à la répétition. Si le sujet a déjà été abordé dans des fictions comme Un Jour Sans Fin, il y aurait également de quoi alimenter des études plus sérieuses. Quel est le seuil de tolérance d’un individu placé dans une situation qui se reproduit sans cesse à l’identique? Quelles sont les conditions exactes qui déclenchent la lassitude? Quels sont les stimuli, les leviers à actionner pour maintenir l’intérêt? Il doit bien y avoir des neuro-psychanalystes qui ont griffonné quelques lignes sur le sujet (… personne dans l’assistance?). Pourquoi est-on encore excité à l’annonce de la sortie du Nième album de tel groupe obscur de Swedeath? Pourquoi, à l’opposée, telle formation pépère finit par nous escagasser en tirant toujours sur la même corde distendue?

 

Être ou ne pas être sans cesse excité par les mêmes rengaines, zatizzeukwéchtieunne!

 

Sans réponse à ces questions, on ne saura jamais tout à fait expliquer pourquoi Sentenced to Life a tellement botté l’auteur de ces lignes, alors même que ses oreilles ont déjà été déniaisées par les 2 albums précédents du groupe – très proches sur la forme –, et que les Grecs en question n’inventent rien de bien nouveau sur cette cinquième offrande. Depuis maintenant 12 ans, Exarsis confectionne son baume pour les oreilles en mélangeant une louche de Crossover Thrash US, une louche de Speed Metal à vocaux briseurs de cristal, et de gros coups de botte sur l’accélérateur afin que le compte-tours de la bécane reste bien dans le rouge! Cette fois encore les cordes des guitares sont brossées à une fréquence proche des standards des fours micro-ondes, les poings sont dressés haut dans le ciel et envoyés loin dans les faciès ennemis, et le moteur du vieux bolide vintage de rugir avec toujours autant de véhémence: pour un peu on verrait presque les patches nous pousser sur le costard-cravate!

 

Allez, signalons quand même quelques menus changements dans la formule Exarsis. Comme le retour du membre fondateur (et ex-Suicidal Angels) Chris Tsitsis à la guitare, ainsi qu’un changement de tête derrière le kit de batterie. Que ceci explique cela ou non, ce renouvellement du personnel s’accompagne d’un accroissement de la composante Speed Metal par rapport à sa compagne Crossover (… ce qui induit au passage un petit boost mélodique), ainsi que d’un supplément de hargne rythmique (on constate de-ci de-là d’occasionnelles agressions de peaux en mode blast beats). Mais le plus fort dans tout cela c’est qu’au lieu de mollement nous tasser dans notre fauteuil en manifestant de moins en moins d’enthousiasme, l’écoute de ce nouveau skeud nous fauche plus efficacement encore que lors des 2 précédents épisodes. Impossible de résister devant l’appétit insatiable, les emballements excessifs et le déluge de notes d’« Another Betrayal ». Même excitation face aux bourrasques riffées et aux twins claironnantes de « The Truth Is No Defence ». Et l’on n’est toujours pas lassé – bien au contraire – quand on constate qu’« Aiming the Eye » réussit non seulement à accélérer le tempo, mais également à injecter un peu de bon vieux Rock’n’Roll dans sa formule. Et la suite reste à l’avenant, avec toutefois une pause bienvenue sur l’instrumental « The Drug… » et une petite espièglerie sur « …Against My Fears ». Sur ce dernier titre, Exarsis se permet en effet de jouer la carte du « crescendo progressif », nous faisant d’abord croire sur la première moitié à un morceau tranquillou-les-mains-dans-les-poches, avant de s’ébrouer à mi-course pour atteindre des extrémités de « furaxisme » (parfaitement) peu compatibles avec le confort de l’auditeur, le titre se terminant sur quelques bons vieux blasts ainsi qu’un concert de protestations de vieilles harpies grindeuses (les beugleurs de Chronosphere et Bio-Cancer ont été appelés en renfort pour rendre plus crédible cette séance de ponçage de cordes vocales).

 

Au moment d’ouvrir le cahier des doléances (le cahier d’Exarsis?) pour y inscrire les quelques remarques désobligeantes que tout chroniqueur se doit de formuler pour rester crédible, on réalise qu’à un tel niveau de peau-d’zoberie, nul besoin d’y consacrer un paragraphe, si ce n’est pour poser en son entame ce jeu de mots foireux qu’on s’étonne de ne pas avoir déjà lâché auparavant.

 

Alors si les prestations vocales de type « Petit Vénère à la Croix de Bois » – un peu de Judas Priest, un peu de Neil Turbin – ne vous donnent pas envie de châtrer votre voisin et que rien ne vous émoustille tant que l’idée d’aller ingurgiter du bitume à une vitesse qui arrache les larmes des yeux et replie les rétros en mode parking, un conseil simple: enfilez vos vieilles baskets à clous (mais si), remplissez de canettes la boîte à gant réfrigérée, et en avant toute vers la ligne d’horizon et au-delà!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un brin plus mélodique, un poil plus véloce, un rien plus convaincant qu’auparavant… Cela fait suffisamment de petites touches pour que le cinquième album d’Exarsis emmène son séduisant mélange de Thrash, de Crossover et de Speed Metal en des sommets toujours plus fringants, toujours plus hauts. Bref, Sentenced to Life c’est comme Maître Gims: ça pète comme jamais!

 

 

photo de Cglaume
le 29/03/2021

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