Eye Of Purgatory - The Lighthouse

Chronique CD album (35:48)

chronique Eye Of Purgatory - The Lighthouse

Un garagiste, lui, trouverait ça tout à fait logique. Pour un chroniqueur par contre, c'est quand même assez peu fréquent que les phares arrivent par deux. Pourtant le hasard a fait se succéder entre mes oreilles pelucheuses le Lightwork de Devin Townsend, puis le Lighthouse de Eye of Purgatory, sans respect il est vrai du calendrier réel de sortie des deux œuvres. Un feu de position tout léger, sécurisant, à l'avant, pour le Canadien. Un feu anti-brouillard puissant, braqué sur les mid-90s, à l'arrière, pour les Suédois. Les deux ayant quand même en commun, outre un ancrage géographique septentrional, un large faisceau mélodique qui réchauffe les cœurs dans l'obscurité.

 

C'est aujourd'hui au tour du rejeton de Rogga Johansson de goûter aux colonnes de CoreAndCo. Et ce n'est pas trop tôt, parce que c'est en juin 2021 que son 2e album a passé la tête à l'extérieur de sa tanière pour s'exposer aux yeux et aux oreilles de tous. Le Rogga, vous le connaissez : quand on prononce son nom, c'est qu'il est question de fétichisme OSDM, le bonhomme n'ayant pas son pareil pour réaliser de minutieuses reconstitutions d'univers métalliques à l'identique de ce qu'ils étaient au siècle passé. Un véritable modéliste, travaillant les binocles sur le nez pour recréer millimètre après millimètre, note après note, ces riffs, ces prod', ces ambiances qui, en notre prime jeunesse, nous ont tant émerveillés, nous rendant pour toujours fidèles aux pionniers de la scène Death Metal.

 

La maquette sur laquelle il a travaillé à l'occasion de The Lighthouse s'en revient à un thème qu'il avait déjà abordé par le passé avec Demiurg : cette douce époque où Edge of Sanity sortait The Spectral Sorrows, puis Purgatory Afterglow. La différence entre ces deux formations au doux parfum de naphtaline ? Eye of Purgatory est sans doute plus homogène, plus narratif, plus épique, et se concentre plus uniformément sur ces coulées mélodico-mélancoliques brûlantes et pleines de puissants trémolos qui déchirent le lourd voile brumeux et glacé de la nuit – les accès de gaillardise belliqueuse, voire punky ne représentant qu'une portion congrue de la tracklist. Et puis c'est par le line-up que les deux formations se distinguent : si Dédé la Murge voyait notamment Dan Swanö himself, ainsi qu'Ed Warby (Gorefest) et la chanteuse Marjan Welman entourer le stakhanoviste du Death rétro, au sein de l'Oeil au Pur Gateau d'Riz c'est le duo américain Jeramie Kling & Taylor Nordberg – notamment connus pour avoir formé Inhuman Condition après qu'ils aient réalisé qu'il serait trop dur de cohabiter avec Kam Lee dans la maison Massacre – qu'on retrouve aux côtés de Maître Johansson.

 

Trente-cing minutes homogènes et délectables recréant ce mélange chaud-froid de growl profond et de guitares velues contrastant avec des mélodies en laine mohair et des touches de synthé tout droit sorties de chez Amorphis, voilà ce que vous réserve The Lighthouse. Des sensations moelleuses, réconfortantes, suffisamment familières pour emporter une adhésion immédiate, suffisamment éloignées de la pure sensation de déjà vu pour ne pas agacer la bienséance, et suffisamment accrocheuses pour donner envie d'y revenir régulièrement. La chose étant extrêmement cohérente, on peine un peu à en extraire des échantillons à mettre en exergue. C'est néanmoins le morceau-titre, qui déboule après une intro moulée à la louche dans la pure tradition, qui nous laisse la meilleure impression. On retient également les sprints fiévreux traversant « Carved in a Stone Bleeding », ainsi que le groove Illdisposedien apparaissant en 2e mi-temps de « Pieces of a Fading World » afin d'en apaiser les émois tragiques.

 

Vous avez compris le message : The Lighthouse, c'est une émission complète de Thalassa consacrée à Edge of Sanity. C'est un vaste faisceau lumino-mélodique balayant de toute la puissance de son growl et de ses guitare les ténèbres avoisinantes. C'est la bande-son estampillée Tales From the 1000 Purgatory Afterglow échappée d'une dimension parallèle au cours d'un épisode pour une fois passionnant de Stranger Things... J'arrête les métaphores : vous m'avez compris.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : si vous rêviez d'écouter une version à la fois tragique et extrêmement virile de Purgatory Afterglow en regardant l'immensité menaçante d'un océan glacé depuis le frêle refuge d'un phare abandonné, vous pouvez arrêter de fantasmer dans le vide / de faire des écoutes sous champis de l'opus original d'Edge of Sanity lors de vos nuits estivales à Ploumanac'h : The Lighthouse vous apportera la dose d'embruns et de riffs caramélisés que vous réclamiez à corps et à cris !

photo de Cglaume
le 15/03/2023

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/03/2023 à 16:32:27

Hey un Rogga très sympa !

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