Foo Fighters - Sonic highways

Chronique CD album (42:00)

chronique Foo Fighters - Sonic highways

Allez.
On inspire un grand coup, on n'a pas peur, on va contre son instinct...et on dit un peu de mal des Foo Fighters.

Que les choses soient claires : j'adore ce groupe. Si j'aime le rock aujourd'hui, c'est grâce à des mecs comme Dave Grohl, grâce à Mendel et même Goldsmith (en son temps) lorsqu'ils étaient dans Sunny Day real estate.
S'il ne devait y avoir qu'un rocker sur cette Terre ce serait ce batteur, guitariste, chanteur à l'humour foireux et à l'état d'esprit impeccable. A ce barbu à la passion intacte malgré les millions de dollars et 25 ans de carrière.
Mais cette fois ça ne passe pas. Enfin, pas complètement.

 

Rappelons pour les gens qui suivent les FF de loin.
"Sonic Highways" est un album concept : 8 titres, 8 villes d'enregistrement. Austin, Chicago, Los Angeles, Nashville, La Nouvelle-Orléans, New York, Seattle et Washington. Toutes ont une histoire importante avec le rock et la musique plus généralement. Toutes sont associables à des artistes (il y a d'ailleurs des guest sur chaque morceau de musiciens originaires des bleds en question), des styles, des histoires, des groupes marquants.
Cet enregistrement à travers les USA fait l'objet d'un documentaire sur HBO sur 8 semaines et on découvre à la fin un morceau.
Bref, concept super cool, comme seuls les FF savent le faire après un doc oscarisé à chialer de plaisir ("Sound city"), des clips délirants, des tournées dans les garages de particuliers, des concerts sous un faux nom etc.

Sauf que les concepts imposent parfois des limites. On se sent donc parfois à l'étroit dans ce cadre où l'on aurait, au contraire, espéré une grande ouverture. Les invités sur les 8 morceaux auraient d'ailleurs pu être un levier d'exploration musicale qui aurait pu relever la musique des FF au-dessus du rock.
Malheureusement, il y a beaucoup de conditionnel, alors, comme souvent dans ces cas là, pour trouver un terrain d'entente : on a nivelé le niveau par le "bas".
 

Considérons que les FF se placent là (imaginez ma main droit bien au-dessus de ma tête), ils n'ont pas vraiment dégringolés.
Le groupe reste très bon, mais avec cet album ils ne regardent plus les autres de si haut.
Lorsque "Something for nothing", qui ouvre l'album, a envahi la toile, on ressentait déjà cet étrange sentiment : celui d'une auto-parodie.

Souvent, les albums des FF commencent par la guitare et généralement, ça tabasse du début : un bon riff et bam, ça envoie.
Il n'y avait eu que sur "Echoes, Silence, Patience And Grace", un peu fadasse justement, qu'il y avait eu un petit arpège introductif.
Là ça ne loupe pas : c'est peinard puis ça débite du bois...comme si c'était forcé. Il y a aussi cet enchaînement à la "Holy Diver" qui nous rappelle que Grohl est un fan de métal (remember le projet Probot).
Mais comme il s'agit des FF, on se dit que ce n'est qu'un début : il ne peut y avoir que du bon derrière. De toute façon, le boulot est fait, on reconnait le son du groupe en quelques secondes.

"The feast and the famine" n'est pas de tout repos et se paye des sacrés choristes : les cultissimes Bad Brains.
Le titre a beau filer à toute vitesse, on en retient...rien.

En étant prévisible, bien qu'animé par cette énergie et cette envie folles, le groupe avance dans cet album en ravivant parfois notre intérêt par divers moyens.
Un clavier, des violons, des relances gueulardes, des slogans mais des invités qui, sur le disque, font parfois de la figuration.
Les guitares sont d'ailleurs pas mal étouffées : il arrive qu'il y ait 3 guitaristes. Vraiment ? C'est aussi inutile que 3 percussionnistes (Coucou Slipknot).

Les titres ne sont néanmoins pas mauvais.
Après avoir fait la moue sur la première écoute, je chantais (enfin, yaourtais) toutes les lignes de chant dès la seconde. Je connaissais déjà toutes les gimmicks dès la 3e. Je connaissais toutes les notes dès la 4ème.
C'est bien là le problème : easy-rock, easy-listening.

Les FF n'ont jamais pondu des machins trucs prog' ou math avec des structures décomposables par des ingénieurs de la NASA pour des auditeurs Bac+15. 
Du rock et basta : parfait.
Cette fois c'est hélas, un peu trop simple, un peu trop fade afin d'être aussi facilement assimilable.
Dire qu'il n'y a pas de passages où l'on prend son pied, dire que cet album est une bouse est un acte de mauvaise foi. Y'a du bon, du prenant, du motivant, de quoi faire bouger des stades, de quoi garder en mémoire les paroles pour quelques temps.

Malheureusement, j'ai toujours des frissons, une tension ou une envie de bouger sur des morceaux qui ont pourtant quelques années et des milliers d'écoutes.
Pas sûr qu'à la vitesse à laquelle on imprime cet album on puisse lui promettre une grande durée de vie. (Nous en reparlerons donc après une longue digestion).
Passable, oui, sans aucun doute. Marquant, sans doute pas.
"Sound city" avait ce côté Madeleine de Proust. Nos petits coeurs palpitaient pour le fan qu'est Dave Grohl. On était heureux de partager ça avec lui. Voilà pourquoi on avait aimé cette BO si touchante, au casting 5 étoiles (comme ici d'ailleurs), qui méritait son Oscar. Mais avec le recul, tout n'était pas si dingue musicalement.


"Sonic Highways" a donc un propos assez simpliste né d'un défi bien complexe.
Le rock est peut-être devenu une affaire trop simple pour ces mecs qui n'ont plus rien à prouver. En se mettant des bâtons dans les roues, ils espèrent en sortir quelque chose. C'est parfois chiant (comme "Subterranean"), prévisible ("In the clear"), quand même efficace ou parfois émouvant ("I am a river" bien qu'un peu guimauve).

On est dur avec les Foo Fighters comme on l'est avec un enfant qui nous a habitué aux bonnes notes et à l'excellence.
Notre exigence fait peut-être qu'aujourd'hui c'est une moue qui accueille ce nouvel album. La découverte parallèle du documentaire HBO estompera peut-être ce sentiment...

Alors oui, "Sonic Highways" est une SEMIE-déception, parce que j'ai beau avoir pas mal tapé sur ces 42 minutes, il faut remettre les choses dans leur contexte : on parle des patrons du rock. C'est surement ce qui les sauve et les enfonce sur cet album.

photo de Tookie
le 12/11/2014

5 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 12/11/2014 à 10:12:35

Ouep, déçu aussi. :/

judzk

judzk le 12/11/2014 à 10:27:52

J'aime pas l'admettre mais t'as raison. C'est un bon album en général, mais pas un si bon album pour les foo figthers on attend quand même mieux d'eux, mais plus le groupe est grand, plus l'attente est haute et parfois plus la déception est grande ( pour ca que j'ai pas écouté un album de maiden sorti après 2000 ... ). Donc oui je l'écouterais, mais pas en boucle comme d'autres album, et ca ne m’empêchera pas de sauter sur la tournée si ils passent en france

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 12/11/2014 à 10:44:11

Patrons du rock oh ohoo comme tu y vas :)
Très chouette chronique - te voilà booké pour les chroniques archives alors ^^

jurl

jurl le 12/11/2014 à 22:50:50

Jurl entièrement d'accord avec Judzk...!!! pas facile de chroniquer Dave Gros!!!

Jurl

Jurl le 12/11/2014 à 23:02:49

Et en même temps...je réécoute...et j'aime bien!!!

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