Gama Bomb - Bats
Chronique CD album (34:32)

- Style
Heavy/Thrash facétieux - Label(s)
Prosthetic Records - Date de sortie
10 novembre 2023 - écouter via bandcamp
« Le Croque-Monstres Show ** shoooooow ! **
C'est des vilains-pas-beaux ** beauuuuux ! **
Dans la vie ‘y a rien qui nous ressem-bleuh ! »
Ça ne vous dit rien, pas vrai ? À chaque fois j'oublie : vous êtes pour la plupart plus jeunes que moi, bande de blancs-becs ! Explications, donc : ce début de chronique est une piètre tentative de reproduire un extrait du générique du Croque-Monstres Show, dessin-animé diffusé dans ce que le jeune lapereau que j'étais alors, il y a environ 3000 ans, considérait comme la meilleure émission du monde : Récré A2. On y suivait les aventures d'une bande de potes un peu à la masse : Frankenstein, Dracula, la Momie et compagnie...
Pas sûr que ce soit ce souvenir issu d'une enfance heureuse du début des 80s qui ait motivé Gama Bomb à choisir le thème de son nouvel album. Très peu probable, même. Pourtant cela aurait pu, tant on y trouve le même cocktail de décontraction rigolarde et de monstres gothiques. Mais évidemment, non : ce côté un peu décalé, un peu absurde, et carrément kitsch, les Nord-Irlandais l'ont trouvé dans les productions de la célèbre boîte à nanards de la fin des 80s, la Hammer, qui a marqué toute une génération d'amateurs de films d'horreur. Les Sévices de Dracula, La Fille de Jack l'Éventreur, Les Vierges de Satan, Dr Jekyll et Sister Hyde... La Hammer c'était à la fois les frissons et les jupons, le baroque et les bas résilles, une esthétique très typée que le groupe a repris à son compte – sans toutefois insister sur la dimension « larges décolletés », ça passe moins bien dorénavant –, et ce d'autant plus naturellement que Graham Humphreys, qui en est à sa 4e pochette pour les loustics, a lui-même bossé pour cette mythique boîte de prod' (... entre autres faits d'armes, le Monsieur ayant également réalisé les affiches de Nightmare On Elm Street et des deux premiers Evil Dead).
Et vu que ce 7e album – en 21 ans, eh oui, il est loin « Gamin Bomb » – se veut la bande-son d’un kitchissime train-fantôme, on imagine que la formation va y avoir injecté un peu d’Horror Metal à la Notre Dame dans sa tambouille, pas vrai ?
Penses-tu ! Est-ce qu’ils s’étaient lancés dans une joint-venture avec Alestorm pour la sortie de leur pourtant très marin Sea Savage ? Non. Les éléments stylistiques perturbateurs ne sont pas les bienvenus dans leur mélange de Thrash rigolard, de Heavy fringant et de razzias Crossover, inutile d’insister ! Ou alors juste pour la déco’, à la marge, pour prolonger l’esprit « grosse déconne ». C’est pour cela que sur le croustillant « Egyptron » – leur « Powerslave » à eux – après un petit « Ding ! » annonçant que les conneries peuvent commencer, le groupe coupe les gaz afin de laisser la place à un saxo oriental sur lequel Rap-sès II – à moins que ce soit notre Akhenaton national – vient balancer un flow forcément décalé… Et ça le fait, mais si ! D’ailleurs c’est au même saxo que seront confiées les clés sur « Bats in Your Hair », afin de fermer l’album sur une grosse minute et demie cuivrée plus typée 80s que 60s – au temps pour la Hammer…
Mais à ces exceptions près, croyez-nous bien que non, les gugusses n’ont pas apporté de modifications notables à leur solide bastion Metal ! Il s’agit toujours de ce mélange entre les registres d’Anthrax, de Tankard, d’Iron Maiden et d’Accept, Joe McGuigan étant pour beaucoup dans les références ici listées tant son chant évoque tantôt Bruce Dickinson, tantôt Udo Dirkschneider, tantôt Scott Holderby (oui, je sais, là il s’agit de Mordred, mais ai-je vraiment l’obligation d’être parfaitement cohérent de bout en bout ?). Les fans des opus précédents pourront donc se délecter sans arrière-pensées de la foncerie Thrashcore « Living Dead in Beverly Hills », du plus rapide encore « Don't Get Your Hair Cut » qui donne dans le F1 Mélo-Thrash, ou d’un « Bats in Your Hair » vif et joyeusement accidenté – et qui se termine donc (on l'a évoqué plus haut) sur une jolie incongruité cuivrée.
Quelques refrains pas forcément folichons et autres morceaux plus tièdes (cf. « Materialize », « Speed Funeral ») empêcheront l’album d’aller briller dans le Top des meilleurs riffeurs de l'année. Mais rien qui devrait durablement vous tenir éloigné des shows souriants de ces bruyantes chauve-souris !
La chronique, version courte : le secret du bonheur ? Du Thrash – idéalement Crossover –, du Heavy, des bières, et de bonnes grosses tranches de rigolade entre potes. C’est depuis longtemps le crédo de Gama Bomb. Et pas de changement à ce niveau sur Bats, qui ne fait que relocaliser dans un décor horrifico-rétro de la Hammer son joyeux mélange Anthrax / Iron Maiden / Tankard / Accept. Adieu donc, les krakens et les sirènes de Sea Savage. Bonjour les bandelettes maléfiques de la Momie, les revenants livides avides de chair, et les chauve-souris maléfiques qui griffent et décoiffent. Toutefois, si la déco a changé, ce n'est pas le cas du ton. Ni de la musique. C'est que, quand après plus de 20 ans et 7 sorties longue durée on a trouvé sa voie, on s'y tient !
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