Glassing - Twin Dream

Chronique CD album (45:37)

chronique Glassing - Twin Dream

Bon, c'est pas tout ça les petits chats, mais la sortie effrénée de disques atteint une sorte de pic en ces jours, et tout ça ne va pas se chroniquer tout seul. Or comme je viens de changer de domaine d'activité (passé de chômeur assez heureux à devoir me lever ultra tôt pour aller au chagrin, c'est pas rien), j'ai un peu moins le temps de jeter une oreille sur toutes ces sorties, du moins pas autant qu'avant et que voulu, parce que les collègues ne sont – généralement – qu'assez peu réceptifs aux douceurs auditives souvent décrites en ces pages. J'imagine que vous voyez de quoi je parle (ou alors vous avez de chouettes conditions de travail, au moins de ce côté-là).

 

Et pourtant, parmi ces sorties se trouve celle de Glassing, dont j'avais adoré le précédent opus Spotted Horse, ce qui m'a poussé à trouver des anfractuosités temporelles depuis lesquelles parvenir à l'écouter. Cette fois, l'animal se nomme Twin Dream, et trois titres en avaient été proposés en écoute ces derniers mois en guise de promotion (« Burden », « Absolute Virtue » et le titre éponyme « Twin Dream »). On percevait sur ceux-ci la continuité d'avec leur précédent effort, dans le son comme dans le style, avec quelques originalités toutefois, et qui donc donnaient sacrément envie d'entendre l'ensemble du disque.

 

Glassing, si vous tombez dessus pour la première fois, c'est un groupe qui fait partie de ceux que l'on reconnaît immédiatement, au caractère assez unique et son et au style très particulier. Ils naviguent dans des eaux aux courants variés, qui viennent se rencontrer pour former une zone où se mêlent post-hardcore avec une pointe de screamo, black metal là encore tendance post, mais aussi des explorations ambient et shoegaze dans tout ça. Si on ressent en partie l'influence de Converge et qu'ils sont notamment potes avec Portrayal of Guilt ou encore Capra, c'est plutôt chez des groupes plus underground que je retrouve parfois un peu de leur son. Chez ['selvə] (qu'il faudra bien que je me décide à chroniquer un jour, à force d'en parler) qui ne sont pas si loin, Dying Sun dans le son parfois, et Blue Noise, bien que la qualité de production soit à des années-lumières de différence. On pourra aussi identifier un lorgnage du côté de chez les vieux Deafheaven sur « True North ».

 

Parce que oui, ce son que Glassing ont, un son de guitare lead cristallin, à la fois aérien et dissonant, dans la continuité de ce que l'on trouvait sur Spotted Horse, donne un résultat sonore reconnaissable à l'instant même où les premières ondes parviennent à nos tympans. Mis en contraste avec la distortion écrasante qui marque la plupart des pistes, les morceaux sont plein de textures et de reliefs.

 

Au moment de lancer l'album donc, on est un peu surpris par la teinte plus sludge/doom du morceau d'entrée « Spire », à laquelle on était moins habitués de la part du groupe, jusqu'à ce que la voix fasse son entrée sous la forme de hurlements plutôt haut placés et saturés, à mi-chemin entre ceux de Portrayal of Guilt, ceux des coreux de Knocked Loose également chroniqués récemment, et ceux de..., ah, ben de Deafheaven justement.

 

C'est sur la deuxième piste (voire allez, vaguement la fin de la première) « Burden » que l'on rentre de nouveau en plein dans la veine de ce que Glassing avaient fait sur Spotted Horse, et ce son si typique et particulier, pour une rythmique beaucoup, beaucoup plus emballée que sur les trois minutes précédentes, et du coup bien plus agressif. Je pense que ce morceau est assez représentatif de Twin Dream : les Texans y proposent une large palette d'ambiances, de façon assez progressive, des pauses ambient de respiration aux incartades in-your-face aux rythmiques syncopées, pour un résultat tout à fait réussi à mes yeux. Sa deuxième position sur l'album est donc optimale pour donner un avant-goût de ce qui nous attend sur le reste.

 

Sur la suite, au milieu de ce genre de personnalité, on aura des idées qui sortent un peu du commun du groupe et qui s'insèrent très bien dans leur formule : une sorte de tapping ronflant sur « Absolute Virtue », des sonorités quasiment synthwave/darkwave sur certains morceaux, « Twin Dream » notamment, une gestion de la dynamique des morceaux qui sait très bien faire ressortir les émotions (variées là encore).

 

Mais ce son de guitare, c'est vraiment ce qui fait beaucoup du « style Glassing », je trouve, et on le retrouve bien disséminé sur les morceaux. Parfois en couverture de blastbeat, parfois sur des tempos lents et des fonds shoegaze, il reste le fil directeur de leur musique.

 

Si « Faint » est une interlude plutôt ambient/shoegaze, « Twin Dream » ouvre encore une autre porte, des tempos plus lents (au moins sur ses deux premiers tiers) avec une basse qui vient remuer les tripes, « Godless Night » vient servir de pivot au disque on s'y laisse simplement porter par les ambiances. Les titres qui restent sont dans l'ensemble plus courts et peut-être un peu moins aventureux, mais il restent empreints de toutes ces influences dont on parlait plus haut, et assurent la cohérence d'ensemble, bien qu'ils soient peut-être un poil moins consistants que ceux de la première moitié des titres. Au final, peut-être que les morceaux dévoilés avant la sortie du disque sont parmi les meilleurs proposés ici.

 

Je ne veux pas spécialement faire une chronique « morceau par morceau », parce que Twin Dream est à découvrir, dans tous ses recoins, et que chacun, chacune pourra en retirer ce qui lui plaira le plus, le moins, etc. Par contre, je veux faire une chronique dont la lecture ferait conclure « ah il faut que j'écoute ce disque, ça a l'air intéressant ». Glassing, par ailleurs et pour rajouter un poil de contexte, c'était ma proposition pour être le groupe du mois de novembre ici sur CoreandCo.

Vous constaterez que ma proposition a été un lamentable échec, les collègues préférant les cheveux gras et les vêtements tâchés de bière thrash aux leggins noirs à gros amplis saturés sur ce coup. Tant pis. Je préfère tout de même celui-ci à celui des thrasheux.

 

Bref. Si Twin Dream avait conservé sur sa seconde moitié la solidité, la richesse d'écriture et d'émotions déployées que sur la première, il aurait probablement fait partie de mon top 3 de l'année. C'est que je suis réceptif à ces trucs-là, moi. Mais même si ça n'est pas le cas, et que je pense que Spotted Horse lui est supérieur, ça n'en reste pas moins un très bon disque, fluide et plein d'idées et de (bonnes) surprises. Je ne suis pas allé chercher d'infos sur la signification du côté un poil ésotérique de l'artwork, mais il y a probablement de nombreuses interprétations à en faire.

 

A écouter sans hésiter. Au pire, vous pourrez vous rabattre sur le thrash.

photo de Pingouins
le 11/11/2021

2 COMMENTAIRES

AdicTo

AdicTo le 11/11/2021 à 10:24:20

Je sais pas quoi penser de cet album. J’ai passé toutes mes écoutes gratuites sur bandcamp le WE dernier….D’habitude à ce stade j’ai craqué ou je suis passé à autre chose… Il y a vraiment des morceaux énormes mais comme tu dis, la fin, j’ai l’impression de passer à côté d’un truc…

En tout cas, le son de ce groupe est vraiment unique. Je vais tester le Spotted Horse, tout le monde en dit du bien et je suis passé à travers.

Merci pour la chro mais je me tâte toujours à raquer :-)

Pingouins

Pingouins le 11/11/2021 à 21:09:19

@AdicTo : Ben du coup j'ai un sentiment un poil bizarre du fait que les meilleurs morceaux (selon moi) aient été utilisés comme promo. Tu t'attends tellement à trouver un truc de ouf derrière qu'il y a presque un léger sentiment de déception de ne pas trouver autant de friandises que prévu.

Spotted Horse devrait te convaincre par contre !

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