Godswounds - Cheer Up Sunshine
Chronique CD album (46:08)

- Style
Experimental Nawak Rock - Label(s)
Sonichimaera - Date de sortie
24 February 2025 - écouter via bandcamp
Il serait extrêmement compliqué de rédiger une chronique de Cheer Up Sunshine à même de satisfaire les amateurs d'avis condensés en une cinquantaine de mots. Car la quantité d’informations à fournir pour traiter convenablement de ce second album est conséquente. Très conséquente, même. Rien de plus opposé, en somme, à l’écriture d’un papier sur un skeud de Grind ou de Punk. Alors si les critiques longues vous fatiguent autant que les tirades interminables de votre voisin retraité, rendez-vous directement en bas de page pour lire « La chronique, version courte » – vous pouvez également faire chauffer les data centers de ChatGPT en lui demandant un compte-rendu tenant en trois phrases.
Attaquons à présent ce gros morceau par un rappel : Godswounds est l’association d’Australiens – mais pas que – excentriques qui ont été autant impressionnés par Queen que par Mr. Bungle. Pour ce qui est de la bande à Freddie Mercury, Lachlan Kerr – le mastermind des blessures divines – avoue volontiers l’impact que celle-ci a eu sur ses accointances musicales. Il présente d’ailleurs « Tantamount Love » comme sa vision personnelle de ce qu’aurait pu être une « Mongolian Rhapsody ». Pour ce qui est de l'influence de la mafia d’Eureka, la chose s'avère non seulement palpable (des craquages pattonniens viennent régulièrement électriser la tracklist), mais elle est même structurelle : en effet, l’un des deux batteurs s’activant ici n’est autre que Danny Heifetz, ex-membre éminent de la Bungle family, qui a d’ailleurs donné son nom à la piste #18, « The Dee-Knee High-Fitz ».
En effet, vous avez bien lu : on parle ici de deux batteurs. Car un autre beat master, Samuel Howell, accompagne le fameux Danny. Il a, pour sa part, donné son nom aux deux premières pistes de l’album. Si cette gémellité rythmique ne saute pas aux oreilles de l’auditeur distrait, on finit par remarquer à quel point celle-ci dynamise ces vingt compos. Je vous disais par ailleurs que le groupe n’est pas qu’australien (‘z’avez déjà oublié ?), et ce n’était pas uniquement en pensant à Danny. Un autre bonhomme joue en effet un rôle important depuis les débuts de Godswounds : Toshi Kasai, ici en charge de la production, mais pas que. Vous aurez certainement croisé ce talentueux musicien japonais derrière les manettes d’albums de The Melvins, Tool, Helmet ou encore Jello Biafra... Bref, on ne parle pas ici du groupe de cousin Jordan et de ses potes de lycée, mais d'une belle bande de brillants bonhommes (... c'est qu'on aurait vite fait de tirer des conclusions hâtives d'éléments graphiques trompeurs).
Mais à dire vrai, vous saviez peut-être déjà tout cela. Notamment si vous vous souvenez à quel point votre interlocuteur avait adoré Death To The Babyboomers, le premier album du groupe, sorti il y a onze ans déjà. Son mélange improbable et joliment cintré de sonorités 8bits, de Metal et de trompette à la croisée de Pryapisme, PoiL et Chrome Hoof – ce résumé vaut ce qu’il vaut, j’en conviens – m'avait rendu fou amoureux de sa pochette, pourtant criarde. Eh bien vous savez quoi ? Bien que l’artwork nouveau ne témoigne pas d’une grosse mise à jour des canons esthétiques des lascars, j'ai fini par en devenir tout aussi fondu, mes tympans ayant été des ambassadeurs plus que convaincants dans cette mission évangélisatrice. Car le Godswounds 2.0 continue de naviguer en dehors des sentiers battus en arborant les mêmes armes – sonorités synthético-vintage, Math-Pop/Rock expérimentale, cuivres – tout en incurvant légèrement sa trajectoire vers plus de cohérence globale, plus de chant… et d’humour pince sans rire (Matez-moi ces titres de chansons, le 12e notamment). Ce qui l'amène aujourd’hui quelque-part entre Tub Ring, Tally Hall, And So I Watch You From Afar et "Faith No Bungle". On fait pire voisinage !
Le paragraphe qui débute ici est théoriquement celui où l’on plonge plus profondément dans la tracklist, bouteille d'oxygène sur le dos et appareil-photo étanche en bandoulière. Sauf que cette fois je n’ai pas envie de céder à la facilité du parcours trop balisé. D’autant que l’essentiel a déjà été dit. On se contentera donc de mentionner la durée relativement courte de la plupart des pistes – certaines d’entre elles n’étant guère plus que des interludes, du plus Nawak (cf. la pokémonerie ultrazookesque « The Simian Bathroom; or, Math Rock is for Thebans ») au plus inutilement minimaliste (cf. Enkidu). On mentionnera également la reprise du générique de Monkey Magic (cf. « Gandhara »), série médiévalo-japonaise déjà célébrée par Toehider sur Children of the Sun Part 2. On évoquera des morceaux plus typés que les autres, notamment l’excellent « Attrition Blues » (mi-robotique, mi-Rap Metal, et balançant des « There Goes Another One » rappelant le « Boom Boom Boom » d’Infectious Grooves), mais également « Together Again », superbe scène finale très typée « smooth Bungle », ainsi que « Black Bile », le candidat le plus probable à un carton en radio Rock Indé. Les autres compos qui impressionnent durablement s’appellent quant à elles « A Goat in the Wilderness », « Soulworm » et « Tantamount Love ».
Ah ça, ils peuvent être sacrément fiers d’eux, les zigotos ! Tout en restant peu ou prou dans le cadre multi-stylistique établi à l'époque de Death To The Babyboomers, et en conservant donc cette patte bien à eux, ils ont en effet réussi le pari de se renouveler tout en faisant monter d’un gros cran le mercure de notre thermomètre auriculaire. Bien joué, Messieurs : nul doute que ces stimulants trois quarts d’heure réussiront à remonter le moral de l’astre solaire (cf. le titre du biniou, ami(e) non-anglophone) !
La chronique, version courte : sur son second album, Godswounds continue de tenter d’extraire du concentré de jus d’inédit de sa solution mêlant Math-Pop/Rock débridé, cuivres pimpants, et sonorités synthétiques vintage. Et il y réussit, le bougre, ses expérimentations effectuées à la confluence des registres de Tub Ring, Tally Hall, And So I Watch You From Afar et Faith No Bungle produisant du séduisant, du dynamique et du joyeusement incongru !
2 COMMENTAIRES
Aldorus Berthier le 12/03/2025 à 06:23:40
En termes de rires incontrôlables à la simple lecture du titre d'une track, aucune n'égalera la légendaire Notion de chiralité de spin et d'oscillation de saveur des particules supersymétriques définissant un champs scalaire lors d'une transition de conifold en cosmologie branaire dans un modèle ekpyrotique de mes tout chéris Pryapisme. (Putain déjà six ans qu'ils sont en pause les sadiques...)
cglaume le 12/03/2025 à 08:52:56
C'est vrai qu'ils se font désirer...
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