Haapoja - Mullan Keskeltä

Chronique CD album (36 mn)

chronique Haapoja - Mullan Keskeltä

Gratter quelques infos sur les origines du nom d’un groupe est parfois fort utile, avant de tenter d’approcher ses intentions et ses ambitions musicales. Dans le cas de la formation finlandaise Haapoja, active depuis 2007, cette genèse est … éclairante ! Et pour cause : le nom de leur groupe est une référence directe et assumée à l’un des plus grands tueurs en série de l’histoire du pays, Matti Haapoja (1845-1895), dont les meurtres, les multiples évasions et la fin funeste (voulant échapper à son procès, il a fini pendu dans sa cellule) lui ont garanti une médiatisation très importante à la fin du XIXe siècle.

 

Cette inspiration à première vue douteuse nous promet une seule chose : une expérience bien glauque, en tout cas tout à fait singulière !

 

L’écoute de Mullan Keskeltä, second album d’Haapoja, masterisé avec talent par Colin Marston (Dysrhythmia, Krallice, Gorguts), met constamment sous tension l’auditeur durant les quelque 35 minutes de ce 7 pistes. Une tension déstabilisatrice, mais au total addictive. On ne sait plus trop en fait – à vouloir à tout prix apposer des qualificatifs à la musique pratiquée ici - où on habite, surtout si on garde comme principal gradient l’identité musicale originelle du groupe, trempée dans le hardcore. Il faut bien admettre que les Finnois ont nettement épaissi et complexifié leurs compositions par rapport avec leur premier long format de 2013.

 

La forte teinte hardcore et sludge est toujours présente et parvient à faire groover ce Death Black abrasif ("Maailmanlopun Keskipiste"). Mais, cette fois-ci, le trio a construit un univers plus labyrinthique encore, bâti tout à la fois autour :

 

- d’une section rythmique bien tordue et pourtant 100% « Made In Finland », à la Oranssi Pazuzu (la gémellité ne fait guère de doute avec "Selkään Kaiverrettu", "Tunne Kylmä, Tunne Pelko" et surtout "Sokea Hullu") ;

 

- de riffs dissonants à la Deathspell Omega qui m’ont de suite rappelé le dernier et génial opus d’Ulcerate (écoutez donc pour vous en convaincre le titre éponyme, ainsi que "Kulmapoimu") ;

 

- de l’énergie éruptive semblable à celle déployée par MisÞyrming (seconde moitié de "Kulmapoimu") ;

 

- et d’une atmosphère gothique à la Tribulation.

 

Croisant sans cesse accélérations et décélérations, ce second album nous fait naviguer avec brio entre deux mondes : l’un est glacial, l’autre brûlant. Comme si – à l’image de l’artwork – on arpentait une forêt nordique ravagée par une nuée ardente et dont il ne resterait que des moignons encore fumants. Un paysage sombre, désolant, déchirant – nous sommes bien d’accord –, mais qui dégage une réelle puissance esthétique. Or, c’est justement cette insaisissable torsion froideur/incandescence qui qualifierait sans doute le mieux le dernier Haapoja.

 

Même si j’ai tardé à le chroniquer– faut dire que cela fait des semaines et des semaines qu’il tourne celui-là ! –, le retard est enfin réparé : impossible de passer à côté de ce Mullan Keskeltä, qui fait solidement partie des sorties marquantes proposées en 2020 par cette partie-là du continent. Au point de flirter avec mon TOP 10 annuel…

photo de Seisachtheion
le 15/07/2020

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/07/2020 à 18:20:49

Un jour les gars, faudra m'expliquer ce qui distingue le 8,47 du 8,5 et le 8,9 du 9...

Seisachtheion

Seisachtheion le 16/07/2020 à 22:48:12

Juste un biais bébé pour mettre un peu d'ordre dans un futur Top de l'année, déjà bien garni. 

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/07/2020 à 23:27:15

Moi j'ai mon truc, je baisse la note de certains trucs chroniqués en début d'année, en les réécoutant et hop, le tour est joué !

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