Hah ( Hardcore Anal Hydrogen ) - The Talas of Satan

Chronique CD album (22:10)

chronique Hah ( Hardcore Anal Hydrogen ) - The Talas of Satan

Puisque je suis dans la confidence et qu'on est entre gens de confiance, je peux vous le dire à vous: initialement, le 3e opus de Hardcore Anal Hydrogen devait s’appeler The Tarte à l’Ananas et Safran. Mais quand le boss d’Apathia Records – qui a récemment aménagé un petit coin de paille au sein de son étable, pour que la formation monégasque puisse se blottir contre ses nouveaux copains de Pryapisme – quand le boss, donc, a découvert le projet de pochette censé illustrer le concept, il a illico expliqué à nos amis qu’une caricature de Maïté en tenue d’Eve chevauchant Francky Vincent, c’était pousser l’avant-gardisme un peu loin pour le public metal. Après avoir envisagé, puis abandonné, d’autres angles d’approche (The Rectal Ass of Saddam – trop géo-popolitique, Off The Tatanes Salaces – trop foot fétichiste), Martyn et Sasha, les Heckel et Jeckel procto-musicologues de service, ont finalement opté pour une thématique plus World music, d’où l’imagerie « Secret Chiefs 3 en vacances à Scato-mandou » de l’artwork définitif. Ils ont quand même orné la chose de cornes et autres colifichets pentagramesques, ainsi que d'une spéciale dédicace au Grand Cornu au sein du titre de l’opus, parce que bon, sans la touche 0666-The-Mobile-Number-Of-The-Beast, ça n’aurait pas tout à fait eu le même goût.

 

« Bon, quand t’auras fini de tourner autour du pot… Alors: ils ont viré Indian Folk metal les Hardcore Anal Hydrogen, c’est ça? »

 

Mouarf, mais non eh! H.A.H. a toujours eu une personnalité bien trempée, et le papier-peint Nawakrishna qui décore ce nouvel opus ne l'a en rien altérée, même si quelques volutes d’encens se frayent parfois un chemin  au milieu des habituelles bourrasques d'épilepsie décibélique. Car le duo – désormais augmenté de Jonathan à la basse et de Damien à la batterie, parce qu’il faut bien concerts donner – pratique encore et toujours le metal noisy excessif et complètement barré qui avait enthousiasmé les fans de Melt-Banana et de Whourkr sur les 2 sorties précédentes. Comme ses 2 prédécesseurs, The Talas of Satan propose une flopée de morceaux courts, parfois à la limite du nawak électro-grind (cf. « KRR », dans la grande tradition des « Rah! » et autres « DoWhatTheFuckYouWant »), pleins d’une furie spasmodique hyper-saturée qui cependant côtoie des éléments complètement décalés – Rockabilly et musiques 8-bit, par exemple, sur « Rupack ».

Mais il est vrai que cette fois, le gros des digressions extra-métalliques nous emmènent sur les traces de Marco Polo, direction l’Orient extrême, loin au-delà de la ligne Maginot. Du coup « Dhamar » nous accueille au son de percus exotiques, avant de convoquer à la fête un fifrelin des plaines qui ira jusqu’à prendre le leadership en fin de morceau. Sur « Pentamère », on plonge dans un cocon synthétique et duveteux qui finit par s’ouvrir sur une féérie cartooneuse au pays de Mulan. L’interlude « 한오백년 » quant à lui (prononcez « Han O Beck Nyeon ») nous laisse entendre la triste complainte Igorrresquement nawak d’une jeune coréenne constipée (… enfin disons qu'elle a l'air contrariée quoi). Vous voyez le genre. Ou pas. Mais ce n’est pas tout. Car en début d’album, nos compères s’offrent également de fréquents écarts « hip hop », l’exercice confinant au fabuleux sur un « Release The Crackhead » combinant un black metal froidement furieux avec la nonchalance agressive d’un flow noise-rap, pour un résultat excellemment oxymoresque que n’aurait pas renié Mr Gautier Serre.

 

Trimballé entre décharges épileptiques de metal mécanisé, délices asiatiques, hargne cyberpunk et gros pieds-de-nez complètement impromptus, l’auditeur se régale. Et pas seulement l’olibrius amateur d’excentricités auditives, non non, détrompez-vous. Pas besoin de se mettre la tête à l’envers pour entrer dans le trip (... même si ça peut aider!). Car le groupe réussit encore un peu plus que par le passé à construire un ensemble parfaitement cohérent et extrêmement solide, que même qu’on se demande comment ils arrivent à un tel résultat. Sans doute les mystères de l’Orient Millénaire. Ou leurs culs (vendus au Diable en même temps que leurs âmes) sont-ils bordés de nouilles à l’hydrogène…

A moins que ça ne soit ce qu’on appelle le talent?

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: équivalent sonore d'un séjour dans une filiale thaïlandaise de la Fistinière, The Talas of Satan nous emmène écouter le mélange nawak/cyberpunk/metal noisy de Hardcore Anal Hydrogen dans les décors luxuriants des confins asiatiques. Si. On avait rarement consulté Guide du Routard aussi furieusement – et vicieusement – jouissif!

 

photo de Cglaume
le 27/03/2014

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