Hah (hardcore Anal Hydrogen) - Chimaera Monstrosa

Chronique CD album (34:05)

chronique Hah (hardcore Anal Hydrogen) - Chimaera Monstrosa

Pour une fois il sera inutile de procéder à un vote pour déterminer la Pochette de l’année. Pas de contestation possible: il s’agit de celle de Chimaera Monstrosa. C'est qu'il fallait l'oser cette adaptation de l’univers de Stargate par un disciple de Corben où les pyramides sont remplacées par les temples d’une civilisation indo-asiatique indéterminée, et où des entités sataniques déployant la puissance de feu de Cobra remplacent les divinités de la mythologie égyptienne... Mais ça fonctionne grave! A titre personnel je regrette quand même qu’une pochette aussi typée n’affiche plus « Hardcore Anal Hydrogen », patronyme qui pour le coup était plus raccord avec le visuel en terme de whatthefuckitude (... je sais je sais: c’était déjà le cas à l'époque d'Hypercut). Et puis « HAH », ça fait un peu beaucoup penser à « A-HA »… Non? En même temps, si l'on considère cet acronyme comme le négatif du groupe norvégien, tout cela reste assez cohérent finalement.

 

Bon, on parle de HAH / Hardcore Anal Hydrogen, mais remettez-vous seulement le groupe? Mais si voyons: cette bande de joyeux geeks monégasques qui assouvit ses instincts scatophiles au sein de Joe La Mouk, prête son guitariste à Igorrr, et dont le dada consiste à pratiquer un mélange nawako-noisy de l’extrême, à cheval sur le barycentre du polygone [Melt-Banana, Igorrr (eh oui), Napalm Death, Pryapisme]! Ça y est vous l’avez?

 

Si par le passé vous avez déjà rempli votre poire à lavement de H2 (non, pas de « HM-2 ». Pas cette fois) dans le but de vous décongestionner le dedans des boyaux, vous aurez peut-être remarqué un petit air de famille entre la pochette de Chimaera Monstrosa et celle de The Talas of Satan. Il y a des chances que la chose ait été faite à dessein, étant donné que parmi les éléments notables de ce 5e album figure un retour plus marqué aux sonorités exotiques qui caractérisaient déjà le 3e opus. Car au cours de cette grosse demi-heure vous serez invités à une danse du ventre au milieu de « Quatre-quart au Thon », vous ferez un peu de kazatchok sur « Venera », vous visiterez une ferme du Rajastan à l’occasion de « Narakas », et vous danserez en pagne et peintures rituelles autour du chamane qui officie à la fin de « Failure in Progress ». A noter que ce dernier métissage est tout particulièrement juteux: il va falloir penser à explorer plus avant les possibilités offertes par ce joyeux mélange, Messieurs!

 

Autre caractéristique que ne manqueront pas de remarquer certains: HAH semble légèrement se gautierserriser. Pas seulement parce l’onomatopée Hah! pourrait renvoyer à Whourkr! ou à Igorrr!. Ni parce que les titres de certaines pistes font montre du même spiritus absurdus que celui manifesté par Mr Serre au moment de mettre des noms sur ses tracklists. Mais sur un « Sax Crusher » tout de Breakcore vêtu, sur « Akrikhr » où l’on a l’impression que Sacha a 3 R à ses corrrdes vocales (ce n’est pas la seule fois d’ailleurs), sur le début de « Quatre-quart au Thon » également, ou encore en découvrant les chœurs païens d’« Annuit Coeptis », on a l’impression de voir passer Patrick, la poule mélomane d'Igorrr. Peut-être parce que Martyn gratouille à présent pour son poto signé chez Metal Blade. Et aussi parce que de son côté, sur Spirituality and Distorsion ce dernier s’est ouvert aux parfums d’orient. M’enfin HAH reste quand même plus expérimental, moins « grand public ». Et puis ces similarités de ton ne sont pas pour nous déplaire…

 

Pour le reste HAH est resté Hardcore Anal Hydrogen. Toujours aussi déraisonnablement frénétique. Toujours prêt à s’accorder des pauses plus ambiantes, plus cinématographiques (tiens, sur « Annuit Coeptis », qui garde une santiag dans la poussière du Grand Ouest). Toujours aussi geek (cf. le clip de « Inbreed for Thalassa » orchestré cette fois encore par une IA, ainsi que les chiptuneries de « Venera »). Proposant toujours une piste hyper courte (« Akrikhr », 21 secondes), et empruntant toujours des voies détournées et des approches décalées, pour mener la musique toujours plus loin. En cela ses morceaux sont un peu à l’image du fameux clip ci-avant évoqué: sans cesse en mouvement, toujours entre deux états, déroutants mais pertinents. « Narakas » propose un bon exemple de cette écriture venue d’un autre monde, tout comme « Quatre-quart au Thon ». Mais la musique de HAH ne parle pas qu’à la tête: un certain nombre de mosh parts sans nulle pareille nous attrapent par la moelle épinière pour faire cracher des rots de plaisir au bébé varan qui sommeil en notre fort intérieur, tout au fond.

 

Merveilleusement monstrueux, radical mais nuancé, avant-gardiste mais séduisant, le HAH nouveau amène enfin un peu de compagnie à Igorrr au sein de l’espace artistique à part sur lequel celui-ci a réussi à braquer les spots avec ses derniers albums. Avis aux labels qui voudraient ne pas laisser Metal Blade moissonner seul ce prometteur champ des possibles!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: qualité, originalité, diversité, fébrilité, expérimentalité (ah non merde côté rime ça ne suit plus): le nouveau HAH – pour Hardcore Anal Hydrogen – continue sur la lancée des 4 précédents albums en remettant une bonne louche d’exotisme dans sa marmite et en assumant un peu plus ses connexions avec l’univers tout aussi décalé d’Igorrr.

 

 

 

photo de Cglaume
le 16/04/2021

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