Helms Alee - Sleepwalking Sailors

Chronique CD album (38:54)

chronique Helms Alee - Sleepwalking Sailors

Il fut un temps pas si lointain où Helms Alee représentait à mes yeux un des projets musicaux les plus prometteurs de son époque. Fort d’une discographie monstrueuse avec Harkonen, Ben Verellen s’était acoquiné avec deux musiciennes pour sortir en 2008 un Night Terror passionnant, touchant et foutrement bien écrit. Je regrettait à peine la disparition d’Harkonen tant j’y avais gagné au change.

 

Il fut un temps encore moins lointain où Helms Alee représentait à mes yeux une des plus grosses déception de son époque. Après ce merveilleux premier album, le trio sortait un Weatherhead qui m’a semblé insipide, fade et sans intérêt. Je fus incapable à l’époque de l’écouter plus d’une paire de fois et encore aujourd’hui, à l’heure où je dois enfin me pencher sur leur troisième effort, il m’est impossible de trouver la volonté de m’y replonger*.

 

Reste donc ce troisième disque qui me tombe dessus alors que je ne sais foutrement pas si ce groupe a encore quelque chose d’intéressant à me raconter. Bon point de départ néanmoins : là où l’artwork de leur second disque était à mon sens hideux, celui de Sleepwalking Sailors (quel titre déjà !) est non seulement magnifique mais semble déjà imprimer une ambiance au disque alors que je n’ai pas encore appuyé sur le bouton play… j’adore ça.

 

Et j’appuie donc sur play.

 

« Pleasure center », premier titre bien nommé commence à tranquillement s’écouler. Le premier riff du disque, très mélodique, commence à s’entortiller gentiment dans un lit fait de delay et de reverb, un chant profond surnage, on pense à l’ambiance des derniers Isis, le melon en moins… jusqu’à que le trio nous rappelle très vite de quel bois il se chauffe. On retrouve la voix écorchée de Verellen, sa grosse disto caractéristique (le gazier n’a pas sa propre marque d’ampli pour rien hein), une basse saturée à mort et même un petit tapis de double qui va bien. Mais attention, des grosses burnes, malgré la présence de deux représentantes du sexe féminin, il y en a mais Helms Alee n’est pas un groupe de hardcore post machin metal truc pour autant. Tout comme sur leur premier disque, il est avant tout question de songwriting… Le genre de truc qui passerait finalement bien avec une gratte sèche au coin du feu avec les copains qui chantent autour… Mais avec des grosses burnes donc.

 

Power trio et gros amplis oblige, les enceintes de vos chaines vont voir des gros paquets de décibels passer sur quasiment toutes les pistes, donnant une saveur très grungy aux compos du groupe (de Seattle au passage). Mais ces dernières n’en resteront pas moins aériennes, variées, fines et surtout touchantes. Sleepwalking Sailors est le genre de disque qu’on arrive pas à écouter en entier non pas parce qu’on se lasse mais parce qu’on arrête pas de revenir en arrière pour réécouter telle ou telle chanson, le genre de disque qui nous donne envie de faire un classement des 10 plus belles mélodies du rock, en y gardant bien entendu une place pour un des riffs de la galette sans forcément bien savoir lequel, le genre de disque où l’on tombe amoureux de la chanteuse juste parce qu’on kiffe ce qu’elle chante, le genre de disque dont on sait déjà qu’il va tourner sur la platine pendant un petit bout de temps, et plus clairement, le genre de disque que je ne m’étais pas pris pleine face depuis des mois voire des années.

 

A partir de là, je pourrais vous faire un track par track, énumérer tous les frissons que je me suis pris, analyser les titres un peu faibles (ce qui ne m’empêchera pas de coller la note maximale à la rondelle), détailler le son et la tessiture de chaque élément sonore du bordel, lister les probables influences du trio, ou même continuer à aligner les métaphores tordues pour décrire les chansons. Au lieu de ça, je me contenterai de vous dire qu’Helms Alee vient de retrouver sa petite place d’honneur dans mon petit cœur mélomane en livrant un album inspiré, inspirant, passionné, passionnant, sensible, varié, subtil, simple… Tout ce qu’un disque de rock devrait être à mes yeux.

 

*... Du coup, il serait p'tet temps...

photo de Swarm
le 10/03/2014

1 COMMENTAIRE

Deadheads

Deadheads le 10/03/2014 à 15:40:18

Excellente surprise pour ma part ! Aussitôt écouté aussitôt commandé... Si le frangin semble peu inspiré avec le moyen moyen Narrows, le cadet nous livre ici un album tout ce qu'il y a de plus captivant (que dis-je, bandant !), innovant et singulier. Chapeau Dude !

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