Hesus Attor - Pardon

Chronique CD album (38:14)

chronique Hesus Attor - Pardon

Non, les croates de Hesus Attor n’ont pas placé leur 3e album sous le signe du Repentir, malgré un titre sentant fort les regrets et l'autoflagellation. D’ailleurs ne le disent-ils pas eux-mêmes: Yézous a tort, ma! Dès lors, si le fiston du grand Barbu se plante de la sorte, pourquoi donc lui demander l’absolution de nos péchés? Non non, ce titre – comme l’indique par ailleurs le collage Big Ben / Tour Eiffel de la pochette – devrait se lire Par-don, autrement dit comme le résultat du jumelage copulatoire entre 2 capitales s’enfonçant mutuellement l’Eurostar au sein de l’orifice sous la Manche. Dans le même esprit, ils auraient tout aussi bien pu intituler l’opus Baise (Bayonne / Venise) ou Nichon (Nice / Arcachon). Bon, vous avez compris je pense, passons donc à des considérations moins gratuitement grivoises (même si j’aime tout particulièrement l’exercice…).

 

Alors, Hesus Attor: pourquoi, comment, est-ce-bien-raisonnable? Réponse: parce que, n'importe comment, non. Car cette formation de Rijeka nous apprend que dans les replis est-européens du nord de la Méditerranée également, on a beaucoup écouté Mr Bungle. Et que ça a manifestement fait des gouzis dans les flux synaptiques locaux. D’où ce metal badaboumesque, cartooneux, bondissant, foufou… Et pas toujours facile à suivre, à moins d'avoir les 2 doigts coincés dans la prise!

 

Les flots nawak qui portent la barque de nos amis sont sensiblement les mêmes que ceux sur lesquels voguent les Vladimir Bozar – même exubérance vocale, mêmes mélanges foutraques, même énergie débordante. S’il fallait quand même pointer du doigt quelques différences entre les 2 formations, on insisterait sur le fait que chez les croates, la guitare s’en va bien plus souvent sur les terres accidentées de Meshuggah, que « El Cathedralico » – leur chanteur – en fait vraiment des caisses, et que dans l’ensemble ces 12 morceaux sont quand même moins focalisés, moins finement ciselés que ceux des niçois. D’où une accroche un peu moins évidente  « Fahrenheit S.O.S. » étant le meilleur exemple de cette vérité qui n’engage que moi.

Là, ça c’était pour la partie « Expression des réserves », et pour justifier la note affichée à gauche – pas mauvaise, mais pas phénoménale non plus.

 

Maintenant il est évident que Pardon a tout ce qu’il faut où il faut pour émoustiller les nawakophiles. A commencer par les cornemuses de « Elementaler », la funk touch Tormesque de « Introduction song », ou le final « Petrosimul Part 2 » qui réussit (... cette fois) à installer une ambiance prenante et pérenne à base de tension palpable et d’inclusions électro réussies. Mais le plus-mieux-du-best-of de l’album, c’est avant tout la fraîcheur et la justesse d’« Apocalipsis Alternativa », ses dentelles guitaristiques délicates et sa trompette poignante. On croirait entendre du Stanley Kubi au sommet de son art, en plus émo-métallique toutefois. A noter également 2 « interludes » franchement bien gaulés: le rampant, « lounge-ment » velouté et psycho-saxophoné « Next Year Apocalypse », ainsi que « Program Interrupt » et son impatience retro-électro 8bits.

 

On savait déjà les scènes australienne, française et américaine riches en nawakeries de 1er plan. On savait également que la mappemonde du youpla metal était toute mouchetée au niveau de l’Europe du nord et de l’ouest. Il faudra dorénavant ajouter à ces joyeux gisements le filon est-européen qui, en plus des Russkaja, Kontrust, Kultur Shock et autre Dirty Shirt, se voit enrichi de Hesus Attor. D’ailleurs promis: on vous reparle du groupe dans pas trop longtemps, pour s'en aller explorer un peu leur passé discographique.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: stylistiquement parlant, Hesus Attor est un peu le petit frère croate de Vladimir Bozar. Bunglien en diable, complètement foutraque (à la limite de la perte de contrôle parfois), un poil Meshugguien également, Pardon – leur 3e album – est une bonne petite galette de nawak metal dans la plus pure tradition.

photo de Cglaume
le 17/09/2014

2 COMMENTAIRES

Severine G.

Severine G. le 24/09/2014 à 22:05:08

On voit du Richard Gotainer, du black Sabbath et une pointe de Rage contre la machine dans "Bezvezel".

cglaume

cglaume le 25/09/2014 à 06:37:30

... Et du "evil Bob Marley" aussi, pour le côté rasta-fumette. C'est ça le nawak: ça se déguste et se décrit comme le bon vin :D

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