Infall - Far
Chronique CD album (41:07)

- Style
Hardcore chaotique varié - Label(s)
Flames Don't Judge, Itawak Records, Controcanti Produzioni, Mothership Records, Tomb Tree Tapes, Fre - Date de sortie
14 novembre 2022 - Lieu d'enregistrement Vacuum Studio, Bologne
- écouter via bandcamp
« Hard Times, Hard Work, Hardcore »
Ce slogan, que l'on peut retrouver sur le merch d'Infall, est fort bien vu car il cadre presque à la perfection la musique que proposent les Piémontais sur leur premier album Far.
Les plus en veine d'entre vous ont peut-être eu la chance de les voir lors du Rising Dead Boys Fest en septembre ou au Molodoï de Strasbourg en juin.
Pour les autres, il a fallu attendre la mi-novembre avant la sortie de l'album, et malgré mon teasing éhonté sur ma chronique de Sxokondo, je suis quand même en retard pour la rédaction de cette chronique.
Alors commençons technique : après une longue période de composition, Far a été enregistré en 2021 à Bologne par Enrico Baraldi, mixé ensuite par Kurt Ballou (Converge, Cave In entre autres), puis master par Alan Douches.
Hard Work, donc.
On y trouve douze morceaux qui déploient la fureur cathartique du hardcore chaotique / mathcore, sans trop bien savoir où se situe la frontière entre les deux (s'il y en a une), avec une influence évidente de Converge sous plusieurs de ses aspects : dans le frontal sur l'ensemble, dans les ambiances plus posées sur « Man Down » (qui vient ralentir le rythme en presque fin d'album, et qui peut rappeler « Dusk in Us » ou « Wretched World », jusque dans sa position sur le disque).
Chose rare pour le style, Far a été enregistré live en studio, sans editing, ce qui accroît son côté direct et impactant. Et qui, comme on le disait au tout début, permet donc de se faire une très bonne idée de ce qu'Infall donnent sur scène.
Côté vocal, on est sur du hurlé, avec une voix proche de celle que l'on retrouve chez les voisins Suisses de Cortez, voire de Nostromo de temps à autres.
Puis quelques originalités : si les sonorités d'intro de « Check Pulse », au nom prophétique, me renvoient à chaque fois à un morceau de Julie Christmas (bon, c'est anecdotique sur ce disque, et c'est vite oublié dès l'entrée de la distorsion), on a aussi ici et là dans l'album des inclinaisons à la Cult Leader dans le riffing qui tire parfois vers le grind/hardcore.
Ni vraiment ceci, ni vraiment cela, Infall piochent un peu là où ils veulent dans le registre des musiques énervées pour un faire une mixture qui fonctionne très bien, un peu à la manière dont l'avaient très bien fait les Grecs de Kalpa il y a trois ans.
Hardcore, donc ! Et plutôt du bon cru.
Et puis Hard Times, donc, aussi, car Far, comme son nom l'indique, explore la distance, les distances, sous un peu tous les aspects qu'on peut lui imaginer, des relations qui se désagrègent à l'atomisation 'social-mediaesque', des isolements sociaux aux élucubrations religieuses.
Fidèles à la tradition du hardcore, les textes d'Infall ont un sens social. Et leur musique est là pour faire voler les choses en éclat. Alors ça ne réinvente pas la poudre à canon, mais la pochette qui rappellerait p't'être bien le schéma d'assemblage d'une partie de la camarade P38. Alors ce n'est probablement pas le cas, vu la forme d'ensemble, mais l'idée ne reste pas loin dans le fond.
En ce qui me concerne, Far est une très bonne surprise de fin d'année, au son excellent et à l'énergie certaine. Leur façon de ne pas se cantonner à un seul petit coin stylistique précis, je le trouve tout à fait convaincant : plutôt que de détricoter une pelote de laine pour voir jusqu'où elle irait, elle est balancée au vent pour revêtir un aspect plus protéiforme. Il aura de bonnes chances de finir dans quelques listes de fin d'années des adeptes de ce genre d'exercice. Ce qui risque d'être mon cas, puisque chaque écoute réserve son lot de petites surprises (ici un poil de d-beat, là un beat drum'n'bass qui a le bon goût d'être fait à la batterie, un vrai sens du groove et du chaos, des samples qui traînent, d'autres chose...) et parvient à éviter le sentiment de répétition, de redite, pour se faire une vraie petite place un peu en décalage d'autres formations.
Bref. J'arrête de faire la promo éhontée de cet album. Ecoutez-le et faites-la vous-mêmes.
Ça aussi c'est hardcore.
A écouter quand on se cherche des compagnons de misère pour faire face (de façon un poil désordonnée tout de même) aux mauvais jours.
3 COMMENTAIRES
Tookie le 08/12/2022 à 08:08:55
Je suis tombé dessus la semaine dernière en ayant le même sentiment : y'a rien de neuf mais y'a sans doute pas mal de bricoles à découvrir à chaque écoute. (Et j'aime beaucoup le son ! Je ne savais pas qui avait bossé dessus, ben c'est con mais tout de suite ça donne un truc quali...)
Pingouins le 09/12/2022 à 06:10:23
Pour moi c'était une vraie petite bonne surprise de cette fin d'année, avec les skeuds de Massa Nera, Throwing Bricks et Reigan-Do, ces derniers découverts ici même grâce à Nounours ! :)
pidji le 01/02/2023 à 21:03:11
Bon bah, je m'écoute enfin en entier ce disque, et il faut bien dire que ça défonce tout.
AJOUTER UN COMMENTAIRE