Jack Face - Jack Face

Mars 2022, « après 18 ans d’une vie fougueuse et trépidante », le groupe Jack Face tel « une bête fatiguée et agonisante » annonce sa séparation… Mais, avant de tirer sa révérence, ce quartet établi dans la région parisi… nan j’déconne dans la région marseillaise tenait à « la sacrifier dignement et lui offrir une sépulture digne de ce nom », à savoir une « dernière offrande », une galette ultime, un album éponyme qui fait certainement écho à la demo elle-aussi éponyme sortie en 2005. La boucle est bouclée ou plutôt le cercle se referme… Le track naming ne laisse guère de doutes à ce sujet : "Ready to die", "The last released", "Tired of waking you up" ! Et que dire de l’excellent artwork, signé Rebecca D, qui orne la pochette ?! Il donne le ton de cette ode conclusive crépusculaire et vaut à lui seul de consacrer du temps, juste ce qu’il faut pour aborder ce Jack Face.

En creusant un chtit peu, on se rend compte rapidement que la PACA apporte (ou apportait selon les cas) indéniablement sa pierre à l’édifice de la scène Metal hexagonale (Dagoba, Agressor, Swarm, Heart Attack, Lecks Inc., Silver Gallery, etc.), même (surtout ?) quand on aborde sa frange la plus radicale (Gorgon, feu Svart Crown, A.c.o.D., Morguiliath, Hyrgal, Verfallen, Dawn of Nil et consorts). Et pour être tout à fait franc, en près de deux décennies d’existence, avec la fin de Jack Face, c’est un acteur non négligeable de l’écosystème musical local et régional qui effectue son pas-de-côté final. Lui qui a poncé moulte salles du Sud-Est de la France, lui qui a animé le collectif de musiciens qui donnent vie au studio d’enregistrement Double Bass Drum (spécialement Jules, son batteur) mais aussi l’asso Rising Dead Boys qui supporte depuis plus de dix ans les formations marseillaises, tout en gérant « sa » salle de La-Fare-des-Oliviers, l’Humus, de plus en plus indispensable, ouverte aux concerts, répét’ et enregistrements. Mais, là, la parenthèse ne se fermera pas ; en témoigne l’organisation à la rentrée 2022 d’un nouveau RDB FEST.

Cinq ans après son 2^e album Golden Cage, la bête agonise, rampe, titube disais-je, mais elle tenait avant de délivrer son tout dernier souffle de clore une histoire féconde par un baroud d’honneur composé de près de 45 minutes et 8 titres velus. Au menu du Thrash/Death blackisant (ou du Black/Death thrashisant peu importe) qui puise son inspiration dans la sainte et intemporelle trinité Pantera-Sepultura-Machine Head. De ces influences – assumées et revendiquées – Jack Face compte extraire l’essentiel ici, le nectar, à savoir tout à la fois le groove, la violence et la puissance. À défaut de l’originalité (mais sur ce point, j’crois bien que Jack Face s’en tapait…), l’efficacité est au rendez-vous. Aucune bise d’inquiétudes significatives ne se soulève ici, surtout quand on parcourt la première proposition "Venom", très dense, ou le catchy "Ready to die". En outre, quelques mid-tempos béhémothiens ("Hands", début de "The last released") ainsi que plusieurs allers-retours frénétiques très BM aux grattes ("Lower the lever", "Slamming boots") sont parsemés ici et là, donnant une part d’ombre plus que bienvenue à cette plaque testamentaire.

Je ne doute pas un instant que les membres de Jack Face, certes éreintés d’avoir tenté de « réveiller » leur territoire durant toutes ces années (la plupart d’entre eux depuis le lycée !!!) avec leur Metal si propice pour savater des joues dans le mosh pit, trouveront d’autres modalités, d’autres projets, d’autres lieux, d’autres moments pour satisfaire leur inextinguible soif de musiques extrêmes… Ils le mériteront bien et d’abord… pour eux-mêmes !

Seisachtheion

le 30/08/2022