Jon Spencer - Spencer Sings The Hits!

Chronique CD album (32:52)

chronique Jon Spencer - Spencer Sings The Hits!

Il y a quelque chose de doux-amer à suivre sur la durée les musiques qui nous ont marqués. Ainsi, les groupes qui m'ont le plus influencé, The Jon Spencer Blues Explosion, Devin Townsend, les Melvins (au cas-où vous ne sauriez pas déjà...) et... Jimi Hendrix, suivent pour la plupart un parcours qui appelle le respect (sauf pour Jimi, mort dans son vomi c'est pas très classe, ça) même si, il ne faut pas rêver, l'intensité des premières œuvres de jeunesse s'est forcément (?) estompée pour être remplacée par une certaine expérience (ah-ha!, foutez-moi un coup de pied au cul ! Merci !), une longévité à l'épreuve des balles (cela dit, R.E.P. Blues Explosion, si j'ai bien compris) et surtout l'engagement et l'exigence de ne pas refaire sans cesse les mêmes morceaux, les mêmes disques, sur le même schéma.

Plastic Fang est loin de Damage qui est loin de Now I Got Worry qui n'est sans doute pas le même du tout que Freedom Tower ou Meat And Bone (chronique double avec Now I Got Worry ici),  lui-même bien distant de Extra Width qui ne sonne pas vraiment comme son direct successeur Orange. Hé, sans dèc'...

 

Mais voilà, ça ne crame plus la gueule direct à l'acide comme dans Now I Got Worry et son ''Skunk'' ou son ''Chicken Dog''...

Et il faut bien dire une chose : les artistes qu'on aime vieillissent, comme tout le monde (oui, même Jon Spencer vieillit, la vie est une pute), comme leurs auditeurs, comme nous. Comme moi.

« Hé peut-être aussi que c'est ta propre pompe à adrénaline qui bande mou... P't'être tu n't'emballes plus pareil que quand t'avais 17 piges, hein ? » Remarque, c'est pas plus mal car on est tellement dans l'émotion, la tête dans le guidon du nombril, à cet âge-là, qu'on peut devenir sacrément con. Mais bon, Infinity, City et Ocean Machine, qu'on ait pris de l'âge ou pas, c'était plus fou que tout ce que Devin a fait depuis. Euh... non ? Ahbon.

Chacunsontruc.

 

Ouaip pourtant, même ici sur ce premier vrai disque solo du Jon, il y a toujours ces « Come On ! », ces « Baby ! », ces « Yeach ! » et ces « Huh ! » désuets et délicieusement Rock'n'ROLL. Spécialement le ROLL, comme dans ses éternelles proto walking bass jouées à la gratte désaccordée plus bas ou passée dans l'octaver, reconnaissables entre mille, ce déhanché vocal et guitaristique caractéristique de Spencer, depuis toujours et pour toujours.

Ici aussi c'est sec comme un coup de trique, avec de la fuzz et des riffs qui tuent.

Mais c'est tranquille. Posé. Avec une vraie classe, une élégance, une décontraction sans pareille. Ça te dit ça : « le temps passe, et alors ? »

 

''Fake'', décontracté ça l'est, aéré de légèreté tant c'est épuré. Avec une formation guitare/moog/batterie, on pourrait croire qu'il y aurait des blips-blops cosmiques partout, mais non, c'est encore plus à poil que ne pouvait l'être, par exemple, le Blues Explosion, tiens... Et puis, le défonce-tout Russell Simins et le génial Judah Bauer manquent à l'appel. Ce n'est pas le même groupe qu'on écoute, là : scoop !

Attention, ça se tend quand-même par moments, de quoi grincer des dents avec ''Time 2 Be Bad'' ou ''Alien Humidity''. Mais voilà, c'est à poil et ça file droit.

On aurait aimé un peu plus de moog, peut-être ?

Ah pis ''I Got The Hits'', non merci ! Ce morceau est nase, on dirait un truc générique et plan-plan d'un Iggy Pop en roue libre qui cherche à payer ses impôts. Ironique ou pas, ça passe pas chez moi. Mais bon, c'est bien le seul truc qui me gêne sur ce disque...

 

Le temps passe, et alors ? Qu'est-ce que ça peut foutre ?

Ce disque, il est bon, ou il est pas bon ?

Il est bon.

Bon. Ben le reste, on s'en fout. Si tu veux te cramer la gueule, Now I Got Worry, Controversial Negro ou Jukebox Explosion existent toujours, tu peux toujours te les passer et te les repasser, ils sont là, disponibles !, à quoi bon tenter de revomir le passé ?

Allahlouyah, Dieu est Grand paraît-il.

C'est quoi ce délire de mettre les artistes en compétition avec eux-mêmes ?!? Encore un truc faisandé qui vient du capitalisme ! Encore une difformité dont s'affublent volontairement tous les « fans », les commentateurs, les humeurs de testostérone, les ceux-qui-savent.

Chronique de disque, exercice inepte.

Pourquoi continuer à écrire ces billevesées dans ce cas ? Peut-être parce que je suis un écrivain raté, sans histoire à raconter. Alors que j'ai besoin d'écrire. Pour rester vivant. C'est comme continuer à faire des concerts et des disques quoiqu'en pensent les autres, envers et contre tout, continuer à créer, accomplir ce qu'on se propose de faire, parce qu'on en a besoin pour baiser la mort.

Jon Spencer et ses amis, ici, continuent à baiser la mort tranquillement, et avec classe.

photo de El Gep
le 23/03/2019

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