Khalas - Arabic Rock Orchestra

Chronique CD album (32:43)

chronique Khalas - Arabic Rock Orchestra

Non non: pas « Khalas » comme dans « Maria Khalas » ou la « S-Khala de Milan ». Ne vous focalisez pas sur le « Orchestra » du titre. Là, c’est « Khalas », avec ce fameux Khhhhh qui ponce la gorge au papier de verre et – ce faisant – évoque médinas, dates, jasmin, et arabesques entortillonnées sur les murs d’imposants palais subméditerranéens. Parce que Khalas est un groupe basé en Palestine, pays dont l’actualité médiatique – vu d'ici – tendrait à faire penser que ses habitants ont d’autres chats à fouetter que de faire rugir des 6 cordes et brutaliser des fûts. De fait, de ce côté-ci de la TV nos enceintes déversent autant de Metôôl palestinien que de Grindcore jamaïcain ou de Black Metal du Vatican.

 

Du coup on se dit que pour réussir à sortir ce genre d’album et à faire parler de lui au-delà de ses frontières – qui plus est à une période où l'on entend rejaillir le terme « intifada »! – le groupe doit en vouloir, et avoir du lourd à proposer. Et tudieu: c’est sacrément le cas! Car brothers and sisters, habibs & habibis: après le départ de Yossi Sassi d’Orphaned Land, après le naufrage d’Arkan sur le récif Sofia, et devant le silence prolongé d’Acyl, le « Metal oriental » (... c’est quasiment devenu un sous-genre à part entière) voyait son trône devenir vacant. Sauf qu’avec Khalas, on tient un prétendant extrêmement sérieux au royal repose-fessier! C'est que, pour le dire en des termes issus d’un registre assez peu soutenu: bordel, il défonce la couscoussière cet Arabic Rock Orchestra!!!

 

Bon alors je mentirais si j’essayais de vous faire croire que j’en sais beaucoup plus que vous sur le groupe: le présent album n’a pas été envoyé à CoreAndCo via les habituels canaux promotionnels, et les infos glanées ci et là restent insuffisantes pour pouvoir vous brosser un beau tableau biographique avec anecdotes croustillantes, âge du capitaine et autres informations cruciales. Ce qui semble manifeste toutefois, c’est que cet album (le 1er semble-t-il) est essentiellement constitué de titres non pas originaux, mais influencés à des degrés plus ou moins importants par des « classiques » issus du répertoire populaire arabe – ceux-ci ayant bénéficié pour l'occasion d’un sérieux relooking électrique. Seul « Min El Share’ », le très bon premier morceau, semble entièrement original, tandis que le final « Mejwez » serait quant à lui élaboré à partir d’un air traditionnel. Il en résulte que la musique de Khalas n’est pas un Metal grossièrement épicé à l’harissa via l’inclusion de solos d’oud ou de crépitements de percussions introduits au chausse-pied entre 2 mosh parts. Non, ici ce sont les fondations-mêmes qui sont constituées de ces mélopées enivrantes et de ces déhanchés propres au Proche- et Moyen-Orient, celles-ci ayant été renforcées d'une merveilleuse cuirasse de Metal et de feu. L’opération aurait pu aboutir à un collage piteusement bancal… Sauf que nos 4 métalleux d’Outre-Méditerranée ont réussi à accoucher d'un superbe bolide alliant la puissance de la tempête de sable à la fougue du pur-sang, le tout en conservant la sensualité festive et la mélancolie langoureuse de ces terres où l'astre solaire darde des rayons méchamment chargés en brûlants UV.

 

Dans les faits, « Min Al Share’ » nous colle direct’ au galop dans les rues de Ramallah sur un Metal puissamment saccadé alliant harangues arabes insidieusement hip-hop, percus voletantes et klaxons aspirés. Un vrai tube! Puis les réussites se succèdent à fond de train, l'auditeur passant de l'allégresse langoureuse façon Orphaned Land (« Ala Remshe », « Gana El Hawa », « Amoona »…), à des titres où le chant (… dont de nombreux chœurs) et la rythmique tiennent une place prépondérante (« Hebbina »…), ainsi qu'à 1001 autres merveilles, dont un superbe final instrumental qui offre une décélération écrasante et un judicieux retour aux lourdes saccades de « Min El Share’ »... On aurait frotté la lampe d'Aladin et fait un vœu que ça n'aurait pas été mieux!

 

L’avocat du Diable – indispensable contributeur à toute chronique voulant éviter les excès euphoriques – essaiera bien de porter à l’attention du jury que « Alf Leila » a un côté indéniablement pâteux, ce long ébrouement progressif semblant mimer le réveil du dromadaire émergeant difficilement après un vidage d’auge garnie d’Arak. Il essaiera également de réduire les mérites du groupe en insistant lourdement sur le fait que la plupart de ces 9 titres ne sont pas des créations originales… Mais honnêtement, on s’en care le méchoui. Car Arabic Rock Orchestra est plus juteux qu’une gourde pleine de nectar de citron rehaussé d'un soupçon d'amande douce. Et extrêmement festif – je sais, je me répète un chouia –, la grosse artillerie Metal de Khalas faisant moins dans la mélancolie gothique et l’agressivité (… ni le revanchard – t’as qu’à voir: le groupe remercie Kobi Farhi d’Orphaned Land dans la Thanx list) que dans la grosse fiesta burnée. Bref, si vous êtes fans de la Terre Orpheline et d’Acyl, ce serait du pur masochisme que de ne pas écouter cette petite pépite du désert!

 

« Al Hamdou li Khalas!!! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Vous chérissez la discographie d’Orphaned Land, Hilal d’Arkan et Algebra d’Acyl? Ruez-vous sur Arabic Rock Orchestra, et ne revenez lire cette chronique qu'après avoir passé commande de cette merveilleuse rose des sables métallique!

photo de Cglaume
le 20/11/2015

4 COMMENTAIRES

mcmetal

mcmetal le 20/11/2015 à 11:23:33

génial, pour info le nouveau acyl c est janvier et fevrier

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/11/2015 à 14:03:50

Une chronique pile poil nickelle pour l'atmosphère puante actuelle.

cglaume

cglaume le 20/11/2015 à 14:05:06

Et l'itw devrait normalement suivre ;)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/11/2015 à 21:00:24

Cool.

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